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SPOILERS - 22 Jump Street : le triomphe du meta ?

22 Jump Street multiplie les clins d'oeil

Vu de loin, 22 Jump Street n'est a priori pas le long-métrage le plus fin de l'année. Cette suite poursuit le chemin commencé avec 21 Jump Street, comédie policière plutôt très régressive. Sauf qu'il ne faudrait pas oublier que derrière la caméra se trouvent toujours Phil Lord et Chris Miller, le même duo qui a entre temps signé La Grande Aventure Lego. Les cinéastes ont apparemment fait le choix d'appliquer leur formule à leur nouveau film, à savoir : clins d??il partout, sérieux nulle part. C'est la suite d'un succès inattendu lui-même projet improbable d'adaptation ciné d'une série has-been ? Autant l'assumer de A à Z. Voyez par vous-même.Et évidemment : ATTENTION SPOILERS.<strong>Yérim Sar (@YerimSar)</strong>

Suite et mise en abyme

C'est en grande partie le personnage du commissaire Hardy (Nick Offerman) qui plante le décor. Commençant par rappeler que « n'importe qui avec une moitié de cerveau » pensait à la base que le reboot de l'opération (sic) serait un échec, il complimente les héros sur leur 1er succès qu'il attribue à de la chance. Avant d'affirmer son pessimisme quant à la réédition d'une telle réussite. Cela renvoie bien sûr au succès surprise du 1er film, et du côté improbable de la chose.Cela ne s'arrête pas là : Dickson (Ice Cube) tout comme Hardy exhortent les héros à faire exactement la même chose que précédemment, rappelant le plus souvent possible que personne ne leur demande de faire mieux, juste de se maintenir au même niveau. Ça ressemble assez au discours d'un producteur cynique.Ghost (Peter Stormare), énervé par les pitreries des deux infiltrés, affirment « les années 90 me manquent, c'était des pros, maintenant c'est des rigolos », ce qui rappelle le décalage énorme entre la série diffusée fin 80 début 90, et le ton débridé des films.Voyant un terrain en construction avec une inscription « bientôt ici au 23 Jump Street » Jenko lâche « on sera sûrement là la fois prochaine » même si Schmidt lui conseille de ne pas trop s'emballer.

Autoréférences

White House Down : devant le manque d'enthousiasme du commissaire Hardy, Jenko (Channing Tatum) redouble d'imagination et propose de se voir confier une nouvelle mission."On pourrait devenir garde du corps du président et protéger la maison blanche" déclare-t-il au grand désarroi de son interlocuteur. C'est précisément ce que l'acteur a fait dans le film <em>White House Down</em>.Ice Cube : quand les héros découvrent les nouveaux locaux de leur équipe, très high tech, ils lâchent en voyant le nouveau bureau de leur patron, le capitaine Dickson interprété par Ice Cube : "on dirait un cube de glace géant".Au moment de revenir dans leurs anciens locaux, le tandem remarque que l'église coréenne a été rachetée, mais qu'une autre église asiatique se trouve de l'autre côté de la rue. C'est évidemment une incohérence puisqu'elle n'existait pas dans le 1er film, et ils déclarent « c'est super pratique qu'elle ait été là tout ce temps sans qu'on la remarque jamais ».

Parodies

Lorsque les deux héros s'amusent à prendre des poses au début du film en exhibant leurs armes, plusieurs plans font énormément penser à une caricature assumée de certaines séquences de Bad Boys et surtout Bad Boys 2. Une référence clairement revendiquée, bien qu'ironique, comme les deux acteurs l'ont confirmé dans leur <strong>interview pour Première</strong>.Devant les acrobaties de Jenko qu'il est incapable de reproduire, Schmidt s'écrie "mais quand est-ce que tu t'es transformé en Spider-Man ?" Évidemment, juste après, son collègue prend une pose similaire à celle du superhéros.A la toute fin, constatant à quel point le Spring Break est éloigné de ce qu'ils avaient en tête, Jenko et Schmidt déclarent, philosophes, qu'ils sont "trop vieux pour ces conneries" ("too old for this shit"). Cela renvoie bien sûr à la réplique culte de la saga L'Arme Fatale.Plus subtil et assez classe : durant la course-poursuite en voiture sur le campus les voitures traversent la « Benjamin J. Hill School For Cinema Studies ». Benjamin J. Hill renvoie à Benny Hill, et ce passage de la course-poursuite est filmée à la façon des vieilles séquences des sketches du comique.

Guests

Richard Grieco : le personnage de Dennis Booker, présent dans la série d'origine 21 Jump Street, apparaît lui aussi à la toute fin, toujours dans ce même rôle, apparemment très respecté par Jenko et Schmidt.DJ Diplo, qui a participé à la bande originale, interprète le DJ du Spring Break présent dans une séquence du long-métrage.Queen Latifah : également ancienne rappeuse, c'est elle qui joue la femme de Dickson, et elle était déjà présente dans Barbershop 2 aux côtés d'Ice Cube. Mais surtout, cela débouche sur une réplique lorsqu'elle explique qu'elle vient "tout droit de Compton", en vo "straight outta Compton"... qui se trouve être le titre du 1er album du groupe NWA dont faisait partie Ice Cube.

Le budget

Plusieurs allusions à l'argent dépensé pour l'avancée de l'enquête parsèment les dialogues du film. Comme on pouvait s'y attendre, à chaque fois, c'est directement le budget du long-métrage qui est évoqué.Ainsi en pleine course-poursuite, les héros s'inquiètent des dégâts et veulent limiter la casse au maximum car ils sont déjà au-delà de leur budget.Le capitaine Dickson évoque également le fait que les investigations ne donnent rien, et que l'argent doit être rentabilisé, mais donne un exemple étonnant : "j'ai des pompes hors de prix, et vous ne pouvez même pas les voir", ce qui renvoie directement au film, où tous les plans dans son bureau ne permettent pas de voir ses chaussures.Lors de sa tirade, le commissaire Hardy explique que "la hiérarchie" a décidé de doubler le budget de l'opération "comme si injecter plus d'argent garantissait un meilleur résultat". Les héros s'amusent ensuite de cette logique qu'ils trouvent stupide. C'est exactement ce qu'il s'est passé pour <em>22 Jump Street</em>.

La Bromance à son paroxysme

Dans le registre de film policier parodié, il y a souvent un côté buddy movie ; dans les comédies actuelles qui reposent sur des héros proches mais souvent gaffeurs et idiots, il y a souvent ce qu'on appelle de la bromance. Si une comédie comme Very Bad Cops se moquait déjà de cet aspect, 22 Jump Street prend un malin plaisir à repousser les limites en transformant la relation des deux flics en rapports quasi-amoureux au niveau des dialogues durant l'intégralité du film. Mention spéciale à la scène de « thérapie de couple ».

Générique de fin

Durant tout le début du générique de fin, on assiste à un enchaînement de fausses bande-annonces qui présentent des suites inexistantes avec des guests habitués des comédies (Seth Rogen, Anna Faris, Bill Hader). Vous pouvez retrouver la <strong>liste complète ici</strong>.On peut aussi noter que le film joue sur les codes en vigueur en ce moment, que ce soit dans les films de superhéros ou d'autres sagas a priori considérées comme "sérieuses" (au hasard : Fast and furious). En effet, on a droit à la traditionnelle scène post-générique en bonus, sauf que c'est un énième gag sur des personnages secondaires.

Vu de loin, 22 Jump Street n'est a priori pas le long-métrage le plus fin de l'année. Cette suite poursuit le chemin commencé avec 21 Jump Street, comédie policière plutôt très régressive. Sauf qu'il ne faudrait pas oublier que derrière la caméra se trouvent toujours Phil Lord et Chris Miller, le même duo qui a entre temps signé La Grande Aventure Lego. Les cinéastes ont apparemment fait le choix d'appliquer leur formule à leur nouveau film, à savoir : clins d’œil partout, sérieux nulle part. C'est la suite d'un succès inattendu lui-même projet improbable d'adaptation ciné d'une série has-been ? Autant l'assumer de A à Z. Voyez par vous-même.Et évidemment : ATTENTION SPOILERS.Yérim Sar (@YerimSar)