Le pitch : Mahmoud est l'un des «cavaliers de la place Tahrir» qui, le 2 février 2011, manipulés par les services du régime de Moubarak, chargent les jeunes révolutionnaires.Tabassé, humilié, sans travail, ostracisé dans son quartier qui jouxte les Pyramides, Mahmoud et sa famille perdent pied... Mais une jeune publicitaire hip mais très engagée va changer leur vie. Ca vaut quoi ? Cannes s’ouvre donc sur un film politique. Histoire de ne pas se couper du réel et prouver que le cinéma c'est pas que de la rigolade. Que le 7ème art sait aussi prendre le pouls des convulsions du monde. A chaud. En live. OK. Sur le fond rien à dire : le film de Nasrallah ausculte le printemps arabe. Multiplie les allers-retour entre la fiction (une love story impossible) et le réel (les vidéos Youtube au coeur du dispositif), expose son point de vue inattaquable et bien (et très) pensant de manière didactique et un brin bavarde. On dirait presque du Guédiguian oriental.Mais sur le plan du cinéma ? Le film souffre de sa genèse improvisée, et son aspect organique (des bouts d'intrigue qui ne se recolle jamais, des creux narratifs) est une force, mais aussi sa principale faiblesse. L'habileté majeure du cinéaste est d'avoir su cadrer ses acteurs. La sensualité libre de Mena Shalaby ou la force à vif, explosive de Bassem Samra éclabousse l'écran. Mais mieux, en synthétisant le film politique rosselinien et le soap égyptien (bariolé, vivant, lacrymal) Nasrallah réussit un OVNI, déconcertant, parfois lessivant, et qui malgré la confusion du propos laisse quelques traces indélébiles. C'est déjà beaucoup... La scène : la sublime scène finale, qui rappelle les grands symbolistes d’Europe Orientale (Kawalerowicz notamment).Gaël GolhenSuivez Gaël Golhen sur Twitter
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