40 ans après, The Song Remains The Same reste un nanar inégalé - et adoré - du rock.
Robert Plant, le chanteur de Led Zeppelin à la crinière de lion, fête aujourd’hui son 70ème anniversaire. Si la rock-star se bonifie avec le temps, tout comme la musique de Led Zeppelin, peut-on en dire autant de leur film, The Song Remains The Same ? Ce drôle de projet, qui constitue l’unique et chaotique tentative cinématographique du légendaire groupe anglais, est un étrange mélange de concert filmé, de documentaire et de fiction.
Led Zeppelin est au sommet en 1973 : il vend des disques par centaines de milliers et remplit les plus grandes salles de concert. Comme tout groupe à succès qui se respecte, il se décide à faire un film. Elvis Presley (Jailhouse Rock, King Creole), les Beatles (A Hard Day’s Night, Help, The Magical Mystery Tour), les Stones (One + One) et les Who (Tommy) s’étaient déjà prêtés au jeu. The Song Remains The Same aurait pu être un simple concert filmé. C’était sans compter sur les désirs fantaisistes des membres du groupe.
Les concerts donnés par Led Zep au Madison Square Garden de New York en 1973 sont filmés dans le but d’être intégré au projet de film. Le renvoi du réalisateur, Joe Massot, par le manager capricieux du groupe marque le début d’une série d’ennuis pour le film. Le monteur se casse la tête pour effectuer les raccords entre les deux soirées de concerts, le guitariste Jimmy Page et le bassiste John Paul Jones ayant changé de tenue après le premier soir. Et ce n’est qu’un début !
Quand Led Zeppelin dynamite les bandes-annonces : Millenium, X-Men, Mission : Impossible...Peter Clifton, qui prend les commandes du projet, se rend compte que les bandes des concerts filmés à New York sont incomplètes … L’équipe du film n’a pas le choix : il faut filmer à nouveau le concert. La production ne pouvant se permettre de refaire un concert à New York pour les seuls besoins du film, on décide de faire rejouer au groupe le concert. Les membres de Led Zeppelin se retrouvent donc à mimer le concert donné un an auparavant. John Paul Jones, qui venait juste de passer chez le coiffeur, est même obligé de porter une perruque pour que être raccord avec les images précédemment tournées !
Non content d’avoir dû rejouer l’intégralité du concert, le groupe souhaite intégrer des scènes de fiction dans le film. Chaque membre ayant droit à sa scène, chacun y va de sa patte. Film d’horreur gothique, fantasy, gangster … tout y passe ! John Grant, le manager du groupe, joue les gangsters pendant la prohibition ; Robert Plant se prend pour un chevalier et Jimmy Page pour un mage. John Bonham, le batteur, se contente de jouer son propre rôle lors d’une course de voiture. Le résultat est, il faut le reconnaître, assez indigeste.
Baz Luhrmann va réaliser un biopic sur Elvis PresleyMalgré son statut de "film culte", Jimmy Page n’a visiblement jamais été convaincu par The Song Remains The Same. Déjà en 1976, à sa sortie, il déclarait dans une interview accordée au New Musical Express : "The Song Remains The Same n’est pas un film génial, mais ça ne sert à rien de trouver des excuses. Le film témoigne de manière plutôt honnête de la situation dans laquelle nous nous trouvions à l’époque. J’ai beaucoup de mal à le regarder pour l’instant, mais j’aimerais le revoir dans quelques années pour voir comment il évolue." John Paul Jones, le bassiste de Lez Zeppelin, a reconnu depuis que le film était "un énorme compromis", tandis que Robert Plant l’a qualifié de "tissu de conneries", comme le rapportait le magazine Mojo en 2007.
Alors, The Song Remains The Same : film culte ou nanar rock ? À vous de voir. Le film reste en tout cas, et ce quarante ans après sa sortie, un véritable OVNI dans le paysage cinématographique.
Commentaires