Oscar Isaac a lu la lettre caustique écrite par Alec Guinness depuis le tournage d’Un Nouvel Espoir.
Alec Guinness n’a jamais été un grand fan de Star Wars, ce n’est pas un scoop. S’il a fait le job dans le rôle d’Obi-Wan Kenobi, le tournage du premier film de la saga n’a pas été pour lui une partie de plaisir. Dans une lettre adressée à son amie Anna Kaufman en 1976, et lue en public le week-end dernier par Oscar Isaac (qui incarne Poe Dameron dans Le Réveil de la Force), l’acteur anglais ne masquait pas son incompréhension face à l’univers conçu par George Lucas et ses "dialogues pourris". Il n’avait pas non plus l’air impressionné par ses camarades de jeu, à commencer par Harrison Ford dont il écorche le nom sans vergogne.
Pour ceux qui ne connaitraient pas encore ce document, voici ce que disait précisément Sir Alec Guinness dans sa lettre à propos d’Un Nouvel Espoir :
"Je suis revenu à Londres ce soir pour tourner au studio jusqu’à la fin de la semaine. Je ne peux pas dire que j’apprécie le film, on m’apporte régulièrement de nouveaux dialogues pourris sur des bouts de papier rose – et aucun d’eux ne clarifie mon personnage ni le rend supportable. Je me console en pensant au pain délicieux qui m’aidera à tenir jusqu’à la fin avril, même si Yahoo (une pièce de théâtre de 1976 dans laquelle jouait Alec Guinness) se termine dans une semaine (…)"
"Je dois retourner au studio et travailler avec un nain (il est adorable, - et il doit se laver dans un bidet) et ton compatriote Mark Hamill, ainsi que Tennyson (ça ne peut pas être ça) Ford – Ellison ( ? – Non !*) – bon, un jeune homme filiforme et languissant qui est probablement intelligent et drôle. Mais, mon Dieu, mon Dieu, ils me donnent l’impression d’avoir 90 ans – et me traitent comme si j’en avais 106.
*Harrison Ford – tu as déjà entendu parler de lui ?"
Cette lettre pourrait simplement refléter une humeur passagère, or il n’en est rien. Alec Guinness n’a jamais vraiment changé d’avis sur Star Wars, et s’il a moins souffert en visionnant le film qu’en le tournant, la "critique" qu’il écrira dans son journal intime est plutôt mitigée. "C’est un film assez stupéfiant en tant que spectacle, et brillant techniquement. Excitant, très bruyant, et chaleureux. Les scènes de bataille à la fin durent cinq minutes de trop, je trouve, et certains dialogues sont pénibles et souvent couverts par le bruit, mais ça reste une expérience vibrante."
Guinness n’a jamais caché son manque d’enthousiasme pour Star Wars, tout en étant reconnaissant au film de lui avoir assuré une retraite dorée. On raconte aussi qu’il était agacé par le fait que le jeune public ne le connaisse que pour ce rôle (alors qu’il avait joué dans des chefs-d’œuvre comme Le Pont de la rivière Kwaï , Lawrence d’Arabie, Le Docteur Jivago ou La Chute de l'Empire romain, et qu’il jetait directement les courriers que lui écrivaient les fans de le la saga.
Tout cela ne l’a pas empêché d’incarner impeccablement Obi-Wan Kenobi, preuve qu’Alec Guinness restait en toutes circonstances un grand professionnel, même entouré d’acteurs inconnus, d’un nain qui se lave dans un bidet, et avec des répliques aussi improbables que "le Chique-tabac là est le co-pilote d’un appareil qui pourrait nous convenir".
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