A priori, l’idée d’un énième Godzilla par les Américains ne suscitait qu’un sentiment de lassitude : Godzilla a connu environ 30 suites, alors une de plus ou de moins (surtout en ce moment où Hollywod reboote tout et n'importe quoi). La lassitude a fait place à de l’intérêt lorsqu’on a appris que c’était Gareth Edwards, auteur du superbe Monsters (road movie éthéré à très petit budget dans un Mexique ravagé par des aliens), qui allait réaliser le nouveau Godzilla. Après avoir vu les deux trailers déments, l’intérêt s’est transformé en excitation. Et les premiers extraits du film dévoilés hier par la Warner, achèvent de faire monter le niveau dans le rouge.(Attention : SPOILERS en approche, de la taille d’un immeuble)Un air de familleLa première scène dévoilée nous emmène au Japon, et fait partie du prologue du film. Joe Brody (Bryan Cranston) est un ingénieur américain qui travaille dans une centrale nucléaire avec sa femme Sandra (Juliette Binoche), également ingénieur. Ce jour-là, c’est l’accident. Joe est obligé d’enfermer sa femme dans la centrale pour empêcher la radioactivité de se répandre et de tuer tout le personnel. Une scène qui porte en elle toute la promesse du film : après un moment de tension dingue, où les radiations se répandent comme une entité monstrueuse, le moment où Joe dit adieu à sa femme à travers le hublot d’une porte blindée est terrassant. Sandra demande à Joe de prendre soin de leur fils, Ford. L’alliance de cinéma pur entre le grand spectacle et l’intimiste. Evidemment, une telle intro ressemble un peu à un disaster movie façon Roland Emmerich, mais en beaucoup plus dégraissé, moins dispersé, et réduit à des éléments essentiels. La filiation est aussi faite avec les blockbusters de Spielberg -dont le cinéma est hanté par l’absence du père, ici ce sera l’absence de la mère. Voilà pour l’intro. Et Godzilla, il est où ? En fait, il sera aussi discret dans ces extraits que dans les trailers. Un air d’Impossible15 ans plus tard. Ford (incarné par Aaron Taylor-Johnson) est devenu militaire, et assiste son père dans sa quête de la vérité autour de l’incident nucléaire qui a ravagé la ville proche de la centrale, la laissant à l’abandon. En parallèle, on suit l’enquête de Daisuke (Ken Watanabe), un scientifique japonais à la recherche de la cause de la catastrophe. Evidemment, il s’agit d’un lézard haut de 100 mètres, déjà réveillé en 1954 et qui était plongé depuis dans un profond sommeil. Après une courte scène où le soldat Ford, en patrouille, écuppae à un train en flammes, voilà enfin Godzilla qui émerge et s’apprête à ravager une ville. La scène est tout bonnement stupéfiante, d’une ampleur assez dingue. Godzilla -dont on ne voit que la crête dorsale- passe sous un pont en nageant, provoquant un raz-de-marée qui submerge la ville. Pas besoin de montrer Godzilla pour en prendre plein la gueule : il suffit de voir en contre-plongée, de très haut, les eaux déchaînées et tourbillonnantes qui ont envahi la ville pour faire immédiatement la connection avec les images du très réel tsunami de 2004, façon The Impossible. Après Fukushima, le tsunami : au vu de ces images, le Godzilla de 2014 cherche donc à connecter la franchise avec des peurs très réelles et contemporaines. Garder Godzilla dans l’ombre (la séquence de la ville a lieu de nuit) semble répondre à une double intention : garder le mystère le plus longtemps possible afin que la moindre de ses apparitions fasse l’effet d’une claque, et insister sur le fait que le monstre est après tout moins important que ses conséquences. Un air d’apocalypseLe dévoilement de l’intro a constitué le seul véritable spoiler du film : on sait depuis les bande-annonces que le film raconte que les essais nucléaires américains dans le Pacifique visaient à tuer Godzilla en 1954. Ou son papa, puisqu’on voit Ken Watanabe explorer une grotte où se trouvent des ossements monstrueux… Et d’où part une traînée de destruction à travers le Japon. En plus, Godzilla n’est définitivement pas seul dans le film : au détour d’un plan (le reste de la présentation reprenait le dernier trailer), on a notamment aperçu une espèce d’araignée géante. Malgré tout cela, Godzilla version 2014 n’est jamais apparu dans ces extraits comme un nanar : pas d’effets numériques hyper visibles (y compris de caméra : les mouvements d’appareil restent en quasi permanence à hauteur d’homme), pas de SFX fluos. Warner/Legendary veut livrer un blockbuster intimiste, réaliste et prenant son sujet avec sérieux. Godzilla Begins ? On verra ça en salles le 14 mai.Bande-annonce de Godzilla :
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