Alors qu’il vient présenter La Grande Bellezza cette année au festival de Cannes, Toni Servillo, l’égérie du cinéma stylé de Paolo Sorrentino, se souvient de ses précédents passages sur la croisette et notamment d’une rencontre avec un monstre sacré, Michel Piccoli.« Je me souviens surtout de la première fois où nous étions venus présenter Les Conséquences de l’amour avec Paolo Sorrentino. On dérivait sur la croisette, totalement inconnus, engloutis par la foule. C’était surréaliste et j’ai aimé la superficialité de l’endroit, son côté vain où ce qui compte c’est d’abord l’apparence. Et paradoxalement, mon vrai beau souvenir de Cannes, c’est une rencontre. Quelques années plus tard, j’étais venu présenter un autre film de Paolo, Il Divo. Et lors d’une soirée, je me suis retrouvé face à une de mes idoles, un acteur que j’admire et qui reste l’une de mes références, Michel Piccoli. C’était un dîner, très mondain, où il n’était question que de strass et de paillettes, mais j’ai réussi à m’isoler avec Monsieur Piccoli. Pendant quinze minutes, nous avons parlé de Tchekov, de la Cerisaie plus particulièrement, de Molière et Shakespeare. C’était formidable ! Rencontrer ce vieux sage, qui a côtoyé Bunuel et Ferreri, qui a joué sous la direction de Brooke, là au milieu des dorures, c’était complètement… inapproprié »Propos recueillis par Gaël Golhen