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Le pitch : Francis est patron d’un vidéoclub qui doit son succès aux films de Ti-Kong, star de kung-fu. Complexé par sa bite, il n’arrive pas à avouer ses sentiments à Sonia, son employée…Qu’est-ce ce ça vaut ? Programmé au sein des courts métrages de la Semaine de la Critique, La Bifle était un des projets français les plus intrigants du Festival de Cannes 2012. Présenté par son réalisateur - le trentenaire Jean-Baptiste Saurel - comme « une comédie d’action sur le lien qui existe entre un mec et sa bite », le film surprend par son audace et son jusqu’au-boutisme, qui le placent à des années-lumière de la simple blague potache. Débutant par des images de désert qui évoquent les westerns de Sergio Leone, La Bifle investit rapidement le décor d’un vidéoclub où un cousin français des héros de Clerks doit affronter les étranges désirs de l’élue de son cœur, qui souhaite se faire bifler (littéralement « se prendre une gifle par un pénis ») devant une caméra par un combattant d’arts martiaux au sexe démesuré. A l’appui de dialogues qui emploient le mot « bite » une bonne cinquantaine de fois en 25 minutes, le cinéaste prend un soin particulier à décrire les incompréhensions entre un mâle contemporain (Franc Bruneau), complexé par son manque de virilité, et la femme qu’il aime (Vanessa Guide) qui cherche de son côté à vivre des sensations nouvelles. La Bifle arbore donc un vrai sujet, sur lequel il n’hésite pas à greffer un humour noir, des références issues du cinéma asiatique et des audaces visuelles tout bonnement ahurissantes. Lorsque la tant attendue séance de bifle advient finalement, les plans enfantés par l’équipe technique font passer le film de l’univers d’un Judd Apatow frenchie à une sorte de remake pornographique de Kill Bill. Bien que La Bifle évite consciencieusement toute scène de sexe explicite, les amateurs de pénis géants et autres décolletés plongeants trouveront leur compte dans cette réécriture salée et survoltée des meilleures comédies sentimentales hollywoodiennes.La scène : Le moment où le dénommé Ti-Kong, champion d’arts martiaux gâté par la nature, débarque face à trois créatures féminines pour asséner des coups de bifle. L’incroyable cadrage sur un pénis en forme de bélier assommant a ainsi plongé le public de l’Espace Miramar (qui accueille la Semaine de la Critique) dans la stupeur et provoqué quelques rires nerveux. Mais la séquence possède une fonction bien précise, qui consiste à générer du chaos pour mieux faire grandir Francis, le vrai héros du film.Damien LeblancSuivez toute l'actu cannoise sur notre dossier spécial avec Orange Cinéday