Du jour au lendemain, Antoine plaque son métier de musicien. Il trouve quelque temps plus tard une place de concierge dans un immeuble parisien. Il y fait notamment la connaissance de Mathilde, retraitée impliquée dans la vie de la copropriété, qui semble perdre la tête au grand dam de son mari. L’un des ressorts de la comédie, c’est l’opposition de caractères que Pierre Salvadori maîtrise comme personne en France. Son nouveau film débute selon un schéma connu : il est dépressif (comme José Garcia dans Après vous...), elle est fantasque (comme Audrey Tautou dans Hors de prix ou Marie Trintignant dans ...Comme elle respire ). La frontalité de leur rencontre donne évidemment naissance à ce comique de situation si typique du cinéaste, porté par des acteurs qui sous-jouent le malaise et débitent leurs dialogues avec une tonalité assez neutre mais néanmoins mélodique. Pour le coup, la « musique » de Deneuve – qui part du ventre – se marie idéalement avec celle de Kervern – qui vient du nez. Dans la cour exploite parfaitement ce duo contre-nature avant que les éléments dramatiques, annoncés par l’addiction à la drogue d’Antoine et par les délires kafkaïens de Mathilde (qui perd pied suite à une fissure dans son mur), donnent une autre amplitude à cette « comédie des contraires ». Tout en maintenant un semblant de burlesque à travers des personnages secondaires archétypaux (le voisin râleur, l’autre branleur, le squatter mystique, l’activiste de quartier...), Salvadori se plaît à filmer des scènes complexes où l’apparente légèreté est sans cesse contredite par le mal-être, réel, des deux personnages principaux. En résulte l’impression troublante de se noyer le sourire aux lèvres.Christophe NarbonneDans la cour de Pierre Salvadori, avec Catherine Deneuve, Gustave Kervern, Féodor Atkine, sort en salles le 23 avril Voir aussi Des Apprentis à Dans la cour : la carrière épatante de Pierre Salvadori
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