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Sortez les mouchoirs : le blockbuster avec Paul Walker reviendra ce soir sur TMC.

A l'occasion de la sortie au cinéma de Fast & Furious 10, le petit écran remet en avant les épisodes précédents, mais dans le désordre ! Et sur des chaînes différentes... Après le n°8 mardi soir sur C8, place au plus émouvant de toute la franchise, son prédécesseur Fast & Furious 7, sur TMC. Un blockbuster marqué par la disparition de l'un de ses acteurs principaux, Paul Walker, décédé dans un accident de voiture en 2013.

En toute logique, le film sera suivi de... Fast & Furious 6, à 23h55.

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On ne cherchera pas à vous mener en bagnole. A vous faire croire que Fast & Furious 7 est autre chose qu’un produit de (très) grande consommation, on ne cherchera pas à théoriser sur la symbolique du levier de vitesse et la place de la voiture dans les rapports de classe. FF7, c’est du porno industriel, une succession de scènes de poursuites voraces en caisse entrecoupées de minces intrigues plaquées là, parfois embarrassantes comme celle de l'amnésie de Michelle Rodriguez. Dans son optique de destruction massive, FF7 n’atteint que rarement des extrêmes : soit les sommets de délire façon Torque de Joseph Kahn ou La Course à la mort de l’an 2000, soit le réalisme terre-à-terre et violent des films de caisse old school à la Point limite zéro. FF7 est semblable, ô surprise, à FF5 et FF6.

Sous le capot de Fast and Furious

Fast Food & Furious
Tout est à sa place, on en a pour son pognon (et que je te parachute des bagnoles, et que je te ravage Los Angeles à coups de drone Predator) même si on pourra toujours chipoter sur des tics crispants : une gestion de l’espace complètement WTF, et les scènes de corps à corps, forcément PG13, sont surdécoupées et ne rendent pas hommage aux talents martiaux des invités Ronda Rousey et Tony Jaa. On perdra aussi son temps à chercher la personnalité de réalisateur de James Wan, se mettant complètement au service d’une production poids lourd dominée par le cascadeur et réalisateur deuxième équipe Spiro Razatos (Captain America : Le Soldat de l'hiver). Les éternels plans de fesses féminines dans des bikinis avec du gros rap en fond sonore sont là ; les dialogues fortune cookie de Vin Diesel aussi ("On a l’éternité dans cet instant", "je n’ai pas d’amis, j’ai une famille", et caetera), les mimiques de Dwayne Johnson itou (la scène dite du plâtre est déjà culte), Jason Statham est un gros méchant comme on aime (la scène d’intro de l’hôpital pourrait surgir d’un Haute tension 2.5). Du même niveau que ses prédécesseurs, on le répète, Fast & Furious 7 agit dans un espace fantasmé, autoparodique, où la violence n’a pas de conséquences (trois taches de sang en 120 minutes). Ce n’est pas du grand cinoche pop, c’est du cinéma Fast Food & Furious : on est habitués depuis toujours à ce genre de produit violemment carné, qu’on dévore en groupe pour mieux se répartir la culpabilité.

Paul Walker bat un nouveau record sur YouTube

Mémoire de Walker
Une donnée vient dérégler la machine. La mort de Paul Walker en novembre 2013. Il faut vouloir chercher les tours de passe-passe pour se rendre compte de son absence dans certaines scènes. Et c’est là que le film trouve, de façon un peu morbide, sa raison d’être. Ce moment rare où l’on dit adieu à un acteur via l’écran, où le cinéma se connecte au réel et retrouve ainsi l’une de ses plus anciennes et puissantes magies dans une dialectique totale avec son public : si vous avez aimé un tant soit peu Paul (il y a de quoi : Bleu d’enfer, Une virée en enfer, La Peur au ventre…), l’épilogue du film en forme d’adieu à Walker risque -comme ça nous est arrivé- de vous faire verser des larmes à la vision, forcément maladroite, forcement mélo, de l’ultime regard bleu acier de l’acteur. A ce moment Fast & Furious 7 commet le bel exploit de l’empathie totale avec la salle. Ce qui nous rappelle que la vraie star du film, au fond, c’est son public.

Sylvestre Picard (@sylvestrepicard)