Ce qu’il faut voir cette semaine.
L’ÉVÉNEMENT
HORS NORMES ★★★★☆
D’Éric Toledano et Olivier Nakache
L’essentiel
Une incroyable réussite qui, en s’emparant d’un sujet grave (l’autisme), impose un peu plus le cinéma de Toledano-Nakache.
Ils ne sont jamais là où on les attend. On avait quitté le duo des surdoués de la comédie française en plein mariage dans Le Sens de la fête, on les imaginait prêts à tourner un nouveau film choral dopé aux répliques choc dont ils ont le secret. C’était bien mal les connaître. Éric Toledano et Olivier Nakache ont choisi de traiter d’un sujet grave : l’inclusion des autistes dans notre société. Et ça commence fort. Dans les rues, Malik course une jeune femme devenue incontrôlable sous le regard inquiet des passants. Dans le métro, Bruno vient au secours d’un jeune homme qui a tiré le signal d’alarme et que des agents RATP réprimandent. Le décor est planté.
Sophie Benamon
Lire la critique en intégralitéPREMIÈRE A ADORÉ
SORRY WE MISSED YOU ★★★★☆
De Ken Loach
Quand le temps, qui détruit tout mais permet parfois d’adoucir certaines humeurs, aura fait son œuvre, on reverra les films de Ken Loach et on sera surpris d’y retrouver intactes les traces brutales du présent. On appelle ça être synchrone. Peu le sont. Ken l’est. Ken l’éternel conquérant avait annoncé sa retraite. Et puis non. Un vrai humaniste, ça ne s’arrête pas en si bon chemin (cinquante ans de carrière, deux Palmes d’or). L’objectif de sa caméra en alerte continue de scruter les inégalités, elle déterre les salauds, met les héros du quotidien sur un piédestal. Un inlassable credo qui ne lasse que les paresseux et les cyniques.
Thomas Baurez
Lire la critique en intégralitéPREMIÈRE A AIMÉ
TERMINATOR : DARK FATE ★★★☆☆
De Tim Miller
Sur le tournage de Terminator 6 -qui ne s’appelait encore Dark Fate- l’été 2018, Tim Miller avait promis aux journalistes de passage tout sauf un film chiant. De ce point de vue-là, c’est une promesse tenue. On ne s’ennuie guère devant Dark Fate. Quasiment dénué de temps morts, le film est truffé de jolies scènes d’action, avec de bonnes trouvailles. C’est en tous cas l’envie de cinéma qui anime le réalisateur de Deadpool.
Sylvestre Picard
Lire la critique en intégralitéSERENDIPITY ★★★☆☆
De Prune Nourry
Voilà un film dont on sort profondément bouleversé. Sa protagoniste, Prune Nourry, touchée à 30 ans par un cancer du sein, nous invite à suivre son parcours... Et derrière son apparence de journal filmé impudique, Serendipity se révèle un véritable manifeste artistique qui offre à voir le parcours et le discours de la plasticienne Prune Nourry. L’artiste mêle son histoire – à la fois personnelle et universelle – à sa réflexion sur le statut de la femme. Le film montre comment ses projets sur le genre et la maladie inhérents à son œuvre vont progressivement s’entrelacer jusqu’à la création en 2016 d’une gigantesque Amazone (photo). Voilà pourquoi, sans fuir l’émotion (le bonheur de revoir Agnès Varda dans une scène où elle lui coupe les cheveux...), Serendipity est d’abord et avant tout un chant à la création, aux femmes et à l’espoir.
Sophie Benamon
5 EST LE NUMÉRO PARFAIT ★★★☆☆
De Igort
Peppi Lo Cicero, un ancien tueur à gages à la retraite, passe ses journées à prendre soin de son fils Nino, qui lui a succédé au sein de la mafia. Quand Nino est assassiné, le monde de Peppi s’écroule ; il exhume ses armes et repart en guerre. Adaptant lui-même son propre roman graphique, le bédéaste Igort signe un exercice de style au scalpel et à la beauté envoûtante. L’intrigue est volontairement simple et prétexte à des déflagrations visuelles et esthétiques étourdissantes. Mais plus qu’un beau livre d’images, le film devient une déclaration d’amour au 7e art. Et ce polar maniériste ne vire jamais à l’abstraction, parce qu’il est innervé par une telle passion du cinéma de genre (de tous les genres) et porté par une interprétation tellement charnelle de Toni Servillo, qu’il vibre constamment.
Gaël Golhen
Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première GoPREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ
AU BOUT DU MONDE ★★☆☆☆
De Kiyoshi Kurosawa
Habitué d’un cinéma de science-fiction (Invasion, Avant que nous disparaissions…) qu’il parvient régulièrement à transcender par une déchirante mélancolie, Kiyoshi Kurosawa change ici de registre en plongeant au cœur de l’Ouzbékistan dans les pas d’une journaliste télé japonaise dépêchée sur place pour une série de reportages. Entre Rendez-vous en terre inconnue et Lost in Translation, Au bout du monde raconte l’expérimentation complexe d’une culture étrangère. L’héroïne ne finira par la comprendre qu’en s’égarant petit à petit jusqu’à se perdre tout à fait pour renaître différente. Une morale un brin pataude que l’on voit venir de loin tout au long de ces deux heures d’une longueur et d’une langueur poseuses, qui abîment les évidentes qualités d’interprétation et de réalisation du film.
Thierry Chèze
BRAQUER POITIERS ★★☆☆☆
De Claude Schmitz
Le temps d’un été, deux copains aussi tatoués que paumés séquestrent
Wilfrid, le proprio d’une station de lavage de voitures, pour pirater ses recettes. Mais le vieux garçon fantasque et sentencieux se prend d’amitié pour ses ravisseurs, et le kidnapping traîne, traîne... À l’origine, Braquer Poitiers durait une heure et ressemblait à un épisode de Strip-tease à peine fictionnel (acteurs non professionnels, longues discussions absurdes autour de la picole...), sorte de film de braquage immobile, « beckettien » et prolo, porté par une équipe de bras cassés hilarants. Mais voilà, après avoir fait le tour des festivals, le réalisateur a décidé de rajouter un épilogue hivernal de trente minutes où les acteurs reviennent sur les lieux de tournage en abandonnant leurs personnages. Et ce n’est plus drôle du tout : les masques sont tombés, il ne reste que l’aigreur. Pourquoi ? Mystère.
Sylvestre Picard
LES CHARBONS ARDENTS ★★☆☆☆
De Hélène Milano
Des jeunes âgés de 16 à 19 ans. Ils vivent dans les Ardennes, en région parisienne ou dans le sud-est de la France. Leur point commun : ils sont en lycée professionnel et se destinent à entrer tôt dans le monde du travail. Hélène Milano recueille leurs témoignages face caméra. Ces garçons apparaissent fatalistes et inquiets. Ils s’interrogent sur la place que la société leur réserve, eux qui se sentent victimes d’ostracisme en tant que futurs manutentionnaires ou autres mécaniciens. Leurs angoisses sont les nôtres. Un documentaire intéressant, à défaut de passionnant, la mise en scène restant sagement dans les clous d’un format par trop télévisuel.
Christophe Narbonne
Et aussi
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L’âcre parfum des immortelles, de Jean-Pierre Thorn
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Reprises
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