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Découverte face à Hugh Grant dans Le Come- back en 2007, celle qui a aussi tourné pour Araki, Dante ou Fuqua brille dans le premier long métrage de Carlo Mirabella- Davis. Son plus beau rôle à ce jour.

Dans Swallow, vous interprétez une jeune femme qui, sous une apparence de vie parfaite, développe le Pica – un trouble compulsif du comportement alimentaire la conduisant à ingérer tous les objets qui lui passent sous la main – alors qu’elle tombe enceinte. Comment vous êtes-vous retrouvée à incarner ce personnage si singulier ?

Haley Bennett : Je le dois à un de mes amis que je ne remercierai jamais assez. Il était présent quand Carlo Mirabella- Davis présentait son projet pour trouver des financements, pendant le Sundance Lab. Et cet ami avait remarqué que mon nom était cité comme le « casting idéal » pour ce personnage d’Hunter. Il est donc allé leur parler pour leur expliquer qu’il pouvait me transmettre leur scénario

Qu’avez-vous ressenti lors de cette première lecture ?

J’ai d’emblée accroché au concept de Swallow : cette femme en apparence si heureuse qui va peu à peu se craqueler de l’intérieur. Dès les premières pages, j’avais une foule de questions en tête sur le pourquoi du comment de ce qui lui arrive. Mais au fur et à mesure de ma lecture, le récit imaginé par Carlo m’apportait toutes les réponses. Honnêtement, cela fait des années que je n’avais pas lu un scénario aussi puissant. Mais j’ai toujours des doutes sur mon propre avis. Est-ce que je ne m’emballais pas trop ? Alors je l’ai fait lire à mon compagnon Joe Wright (Reviens- moi) et son enthousiasme immédiat n’a fait que conforter mon envie de faire ce film et de rencontrer Carlo. Car il y a toujours un risque à se lancer dans un premier film. Allait- il être capable de traduire à l’écran ce qu’il avait si brillamment écrit ? J’ai choisi de prendre ce risque et en découvrant le film terminé, j’en suis vraiment heureuse. La singularité de son récit se retrouve traduit dans ses parti pris de mise en scène, dans cette ambiance très colorée qui contraste merveilleusement avec la noirceur qui gangrène le personnage.

Non contente de tenir le rôle principal de Swallow, on vous retrouve aussi à la production exécutive de ce film tout comme Joe Wright. Une première pour vous. Pourquoi cette envie ?

Quand vous vous retrouvez avec un tel rôle, vous avez envie de ne rien laisser au hasard. Dès nos premières discussions, Carlo a accepté avec enthousiasme notre aide pour l’aider à accoucher de ce projet. Notre but n’était pas de l’emmener ailleurs mais de renforcer ce qu’il avait déjà couché sur le papier. C’est la première fois depuis que je fais ce métier que j’ai eu la sensation que ma voix comptait autant. Et je peux vous assurer que c’est vraiment très agréable

Ce personnage d’Hunter a été inspiré à Carlo Mirabella- Davis par sa propre grand- mère, une femme au foyer des années 40, qui, malheureuse en mariage, a commencé à développer une série de TOC. Est-ce qu’il vous en parlé pour vous aider à construire Hunter à l’écran ?

C’est l’une des premières choses dont il m’a parlé quand nous nous sommes rencontrés. Puis il n’y a plus jamais fait allusion et je n’y ai moi- même plus repensé durant tout le processus. Sans doute parce que l’ambition de Carlo est de partir d’un cas particulier aux troubles vraiment singuliers pour développer une histoire universelle. Celle d’une femme qui va peu à peu prendre le contrôle de sa vie. Et, quand je vois les réactions du public lors des débats qu’on a pu faire pour présenter le film, il est clair que Carlo a atteint son but. Chacun y projette ses propres peurs, ses propres hontes, ses propres malaises. Et cela, on le doit au côté imprévisible du scénario. Mon travail de comédienne a notamment consisté à garder ce mystère intact.

Est-ce que vous vous êtes inspirée d’autres héroïnes de cinéma pour camper Hunter ?

Oui. Du travail incroyable de Catherine Deneuve dans Répulsion de Roman Polanski. De la manière dont elle joue de manière aussi fascinante le basculement dans la folie que son chemin vers la rédemption. Evidemment, ces deux films ne sont pas comparables mais leurs deux héroïnes ont de nombreux points en commun.

Swallow a été tourné en seulement 18 jours. Est-ce un atout ou un handicap quand on a un rôle aussi complexe à jouer ?

Evidemment, on a le trac quand on se lance. Mais cette peur que j’ai pu avoir s’est très vite effacé devant l’opportunité qui m’a été ici offerte de pouvoir m’exprimer aussi pleinement dans un rôle. J’attendais un film comme Swallow depuis des années sans savoir s’il arriverait un jour. Je le vis comme un aboutissement de toutes ces années de travail qui ont précédé et un tremplin vers d’autres aventures.