De Trainspotting à Moulin Rouge, en passant par Big Fish et Star Wars.
Alors qu’il s’apprête à reprendre le rôle d’Obi-Wan Kenobi pour une série Disney Plus, dont le casting a été dévoilé hier, Ewan McGregor souffle aujourd’hui ses 50 bougies. L’occasion pour la rédaction de revenir sur les performances les plus marquantes de l’acteur britannique révélé par Danny Boyle.
Alex Law dans Petits Meurtres entre Amis (Danny Boyle, 1994)
Après quelques passages télévisuels sans intérêts et une apparition au second plan au cinéma dans Les Mille et une vies d'Hector, Ewan McGregor vient tout juste de passer la vingtaine, lorsqu'il décroche une place au casting du tout premier film de son compatriote Danny Boyle. Du côté d'Edinburgh, à quelques kilomètres de sa ville de naissance, il incarne là son premier vrai rôle et crève déjà l'écran dans ce thriller délicieusement macabre, dans lequel il vit une colocation mortelle avec Christopher Eccleston et Kerry Fox. Une performance qui lui vaudra sa toute première récompense, un Empire Award du meilleur acteur britannique.
Mark « Rent Boy » Renton dans Trainspotting (Danny Boyle, 1996)
« Choose life, choose a job, choose a career ». Converse aux pieds, peau sur les os, héroïne dans les veines et Lust for life dans les oreilles : après l’apéritif Petits meurtres entre amis, McGregor explose définitivement aux yeux du monde en donnant un visage au Rent Boy du bouquin d’Irvine Welsh. L’acteur devient une icône 90’s, qui va déborder le strict cadre ciné pour s’afficher sur la photo de classe de la brit pop, aux côtés de Damon Albarn et des frères Gallagher. Exactement comme le Michael Caine d’Alfie à l’époque du Swinging London. Après ça, comme dans toute bonne destinée rock, il y aura la gueule de bois (la décevante escapade US Une vie moins ordinaire), le split avec le frère ennemi (Danny Boyle), puis la tournée de reformation, vingt ans après (T2 Trainspotting).
Andy Barrow dans Les Virtuoses (Mark Herman, 1996)
Quelques mois après avoir bluffé son monde en drogué déjanté, le tout jeune Ewan change de registre et se met aux cuivres ! Joueur de Cor alto dans un brass band du Nord de l'Angleterre, il donne du souffle et de la vie à ce jeune ouvrier amoureux, dans un village condamné par la fermeture prochaine de la mine dans laquelle travaillent tous les gars du coin. Une comédie sociale que ne renierait pas Ken Loach, qui a trouvé sa place dans le Royaume de sa majesté aux côtés d'un Full Monty, pour raconter le chômage et la souffrance des petites gens. Une galerie humaine pleine d'espoir, sacrée chez nous du César du Meilleur film étranger.
Obi-Wan Kenobi dans Star Wars Episode I : La Menace fantôme (George Lucas, 1999)
Il faut revoir, dans le making of de l'Episode I, la joie d'Ewan en train de choisir son sabre laser ou de se battre avec un bonheur sincère et absolue (il faisait même les bruits de sabre laser avec sa bouche en combattant). C'est vraiment l'une des idées de génie de la prélogie : engager Ewan McGregor pour incarner le jeune Obi-Wan. Selon George Lucas, la prélogie est l'histoire d'Anakin, mais on n'est surtout pas obligé de le croire. C'est aussi l'histoire d'Obi-Wan, du jeune apprenti Jedi qui devient chevalier, puis maître ; qui voit son meilleur ami se tourner vers les ténèbres et l'affronter au cours d'un final apocalyptique et déchirant. En trois films et six ans, on verra Ewan vieillir. Le jeune écossais foufou et affamé surgi de Trainspotting (La Menace fantôme) deviendra un sensei débonnaire (L'Attaque des clones) puis un quadra rendu à moitié fou par la perte de son meilleur pote (La Revanche des Sith) sans jamais tenter le mimétisme avec Sir Alec Guinness. Non, vraiment, la prélogie, c'est l'histoire de Ben Kenobi. Tant pis pour les puristes. Tant pis pour Lucas. Tant mieux pour Disney, qui a fait rempiler McGregor pour une série télé Obi-Wan...
Christian dans Moulin Rouge ! (Baz Luhrmann, 2001)
En pleine gloire, Ewan signe pour un genre dans lequel on ne l'attendait pas : la comédie musicale. Qu'on aime ou non le style exubérant du réalisateur australien Baz Luhrman, difficile de résister au charme de McGregor, absolument craquant en jeune poète candide qui tombe fou amoureux de Satine, une prostituée du Moulin Rouge jouée, elle aussi avec brio, par Nicole Kidman. Avec ses yeux tristes et son sourire charmeur, il brille au milieu de ce brouhaha de medleys rock et de couleurs pétaradantes et s'avère au passage particulièrement doué pour le chant : son interprétation de ''Your Song'', d'Elton John, est inoubliable.
Edward Bloom dans Big Fish (Tim Burton, 2003)
Peu après Moulin Rouge !, Ewan McGregor joue à nouveau un grand amoureux dans Big Fish. Yeux écarquillés, sourire ravageur et imagination débordante : son personnage de rêveur, qui irrite son fils à force de réinventer sans cesse sa propre histoire, est très touchant. Surtout quand on sait que Tim Burton venait de perdre ses parents quand il a signé pour ce projet initialement prévu pour être porté par Jack Nicholson. Ewan incarne finalement la version jeune d'Albert Finney dans ce film très personnel, qui permet au réalisateur de regrouper toutes ses obsessions (le cirque, les "freaks", le rêveur mal adapté à la vie sociale...) tout en offrant quelques très belles scènes, comme celle où le temps s'arrête littéralement le jour où le héros a un coup de foudre pour la femme de sa vie, puis lui échappe en défilant à toute allure.
Phillip Morris dans I love you Phillip Morris (Glenn Ficarra et John Requa, 2009)
En ce 12 mai 2009, la Croisette est en ébullition et la salle de la Quinzaine des Réalisateurs pleine à craquer pour découvrir le duo inédit Ewan McGregor-Jim Carrey dans cette histoire (vraie) d'un amour fou homosexuel dont Luc Besson a été le sauveur comme producteur délégué tant les investisseurs furent frileux outre-Atlantique. Après plusieurs films en Grande- Bretagne, Ewan McGregor enchaîne cette année-là quatre films hollywoodiens, Anges et démons, Les Chèvres du Pentagone, Amelia et donc ce I love you Philipp Morris qui constitue le sommet de cette campagne américaine. Il y incarne le rôle- titre, celui pour qui Steve Russell, policier et père de famille a quitté femme et enfants avant que sa propension à multiplier les arnaques à l'assurance pour assurer leur train de vie financier ne le conduisent derrière les barreaux. Entre comédie, romance et mélo, I love you Philipp Morris permet un de ces shows dont Jim Carrey a le secret mais il n'aurait jamais été aussi hilarant, tendre et virevoltant sans ce sparring-partner de luxe qu'est McGregor et qu'il a lui-même souhaité avoir à ses côtés.
Michael dans Perfect sense (David Mackenzie, 2011)
C'était il y a 10 ans quand l'expression "pandémie mondiale" rimait encore avec science- fiction. Ewan McGregor retrouve son réalisateur de Young Adam et incarne un cuisinier qui, sur notre bonne vieille planète ravagée par un étrange virus faisant perdre peu à peu aux gens leurs perceptions sensorielles, tombe amoureux d'une scientifique que le hasard a mis sur son chemin. Une romance sur fond d'Apocalypse, aussi poétique que politique où son duo avec Eva Green (qu'il aurait déjà dû croiser trois ans plus tôt dans Dark world, si une fracture du pied ne l'en avait pas empêché) illumine l'écran par sa sensualité étincelante. Une fable futuriste paranoïaque co- produite par celui qui fut le fidèle partenaire de Bernardo Bertolucci, Jeremy Thomas et Lars Von Trier.
Henry dans The Impossible (J.A. Bayona, 2012)
La vraie « star » de The Impossible, ce n’est pas certainement pas Ewan McGregor. Plutôt Naomi Watts, ou alors le petit Tom Holland, ou encore le tsunami lui-même, que Juan Antonio Bayona filme comme un monstre marin surgi des profondeurs. McGregor incarne un père de famille lambda, jamais héroïque, un homme parmi d’autres, des milliers d'autres, pétrifié par un événement qui le dépasse. Monsieur Tout-le-monde, vous et moi. Dans les années 90, plein de gens rêvaient de ressembler à Ewan McGregor. Dans The Impossible, il a choisi de nous ressembler.
Emmit et Ray Stussy dans Fargo saison 3 (Noah Hawley, 2017)
Récemment, Ewan McGregor a pris un malin plaisir à incarner deux jumeaux que tout oppose dans Fargo, la série de Noah Hawley (Legion) librement inspirée du polar éponyme des frères Coen (1996). Leur rivalité et leur mépris l'un envers l'autre est au cœur de la saison 3, mais malgré la double implication du comédien, un autre personnage lui vole rapidement la vedette : V. M. Vargas, joué par l'excellent David Thewlis, est un criminel retors et terrifiant, qui s'insinue dans le quotidien d'Emmit Stussy et le transforme en véritable cauchemar. Très maligne dans sa façon de recycler le meilleur du cinéma des frères Coen (notamment de The Big Lebowski, cité à de multiples reprises), cette saison de Fargo marque la première incursion -réussie, donc- de la star à la télévision (s'il était déjà apparu dans quelques séries, c'est la première fois qu'il porte ainsi une saison entière sur ses épaules... en attendant Obi-Wan sur Disney +). Elle représente aussi un renouveau sur le plan personnel pour l'acteur, qui, après 22 ans de mariage, est tombé amoureux sur le plateau de sa partenaire Mary Elizabeth Winstead : elle y joue Nikki, la fiancée de son personnage de ''frère raté'', une jeune femme séduisante et arnaqueuse, qui gagne en importance au fil de l'intrigue.
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