Ken Loach présentait en compétition ce soir son 32eme film, Sorry we missed you, un drame social sur les effets de l’ubérisation. Nécéssaire et émouvant.
Le cinéaste aux deux Palmes d’or (en 2006 pour Le vent se lève et en 2016 pour Moi, Daniel Blake) n’a pas son pareil pour filmer ses contemporains. Avec Sorry we missed you, Ken Loach nous propose un nouveau drame social centré sur une famille de Newcastle. Ricky et Abby travaillent dur. Elle s’occupe des personnes âgées. Il enchaîne les boulots de merde. Ils font beaucoup d’heures pour peu d’argent. Leur seul espoir est que leurs enfants s’en sortent mieux qu’eux. Ils désirent que leur fils de 16 ans aille à l’université et que leur fille aie des opportunités à la hauteur de ses très bons résultats scolaires. Dans ce marasme qui touche les classes moyennes de tous les pays, la révolution numérique va leur donner un espoir de s’en sortir. Et si Ricky devenait son propre patron ? Il y en a qui deviennent chauffeur Uber, lui décide de devenir livreur. Il va vite se rendre compte que ce n’est pas lui qui fixe les règles de ce boulot, mais la franchise à laquelle il s’est affilié.
Une époque misérable
Petit cousin de Moi, Daniel Blake, situé dans la même ville, ce film est un concentré de ce que Ken Loach fait de mieux : s’approcher au plus près des tragédies individuelles noyées dans le rouleau compresseur de la société d’aujourd’hui. Les comédiens sont parfaits de justesse. Une majorité d’entre eux sont des non professionnels comme ce chef d’équipe joué par un ancien policier, d’abord gentiment répressif avant de devenir clairement effrayant.
Le scénario aborde par petites touches le quotidien de cette famille: l’épouse qui refuse les conflits, l’ado qui refuse l’engrenage, le mari qui accepte les petites humiliations. Le cinéaste fait preuve d’une observation impitoyable du monde dans lequel on vit. Son authenticité nous touche au coeur. Sa famille, ça pourrait être la nôtre. Sorry we missed you : un Grand Ken Loach pour une époque misérable qui pousse les gens à bout.
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