Un court-métrage impressionnant qui n'a rien à envier aux deux longs, et projeté en première mondiale au Festival du film d'animation d'Annecy.
En marge du succès d'Across The Spider-Verse au cinéma et alors que sa suite Beyond The Spider-Verse n'est attendue que l'année prochaine, Sony Animation relance le monde de l'Araignée à travers The Spider Within : A Spider-Verse Story. Un court-métrage signé Jarelle Dampier, réalisé dans le cadre du programme de mentorat LENS (« Leading and Empowering New Storytellers »), ayant pour objectif de mettre en avant les créateurs issus de groupes sous-représentés dans l'industrie.
Présenté en première mondiale au Festival du film d'animation d'Annecy, The Spider Within semble se situer entre le premier et le deuxième film, et prend la forme d'un film d'horreur. Idée passionnante et formidablement exécutée sur près de sept minutes : Miles Morales rentre chez lui pour découvrir son père posé devant la télé, prêt à regarder avec lui trois films d'horreur qu'il vient de louer. Miles refuse poliment et va dans s'enfermer chambre. Des images de Gwen et des moments les plus stressants de ses aventures saturent son esprit, et le jeune homme tente de s'allonger pour calmer ce début de crise d'angoisse. Peine perdue. Sans qu'on s'en soit rendu compte, Miles s'est endormi et fait de la paralysie du sommeil : une silhouette similaire à la sienne se découpe dans l'obscurité et se rapproche de son lit...
Panique à bord, l'ombre aux yeux jaunes touche son torse et le héros est propulsé dans le sous-sol jusqu'à tomber dans le métro. La silhouette (une projection de tout ce qui trouble Miles, donc) se transforme en araignée géante et l'attaque. Rien à faire. Quand Miles se réveille, paniqué, il décide enfin d'aller discuter avec son père de ses problèmes d'adolescent qui lui bouffent la vie.
« Post-pandémie, on a tous des traumatismes sur lesquels on doit travailler », expliquait devant une salle comble Jarelle Dampier. « L'anxiété en fait partie. C'est devenu dur de se sentir bien avec autant de monde autour de soi, alors qu'on a vécu en autarcie pendant si longtemps. Quand on m'a proposé ce projet, j'ai fait la crise d'angoisse aiguë la plus sévère de toute ma vie. J'ai passé la nuit à l'hôpital. J'avais besoin de mettre le sujet de la santé mentale sur le tapis. Je voulais ausculter le mal de Miles de l'intérieur. » Un sujet amené par une gestion exemplaire des transitions entre les plans et un éclairage subtil qui raconte les tourments intérieurs du personnage. Côté animation, rien à envier à Into et Across. Peut-être même que la simplicité avec laquelle The Spider Within envisage son style visuel ne rend le court-métrage que plus fort.
« Pourvoir travailler sur le Spider-Verse est surexcitant mais aussi terrifiant », racontait la scénariste Khaila Amazan. « Il y a tellement de possibilités... On commence par où ? Jarelle voulait qu'on observe Miles chez lui, mais ça pouvait donner lieu à n'importe quel genre. On a pensé à une comédie romantique, à un film de fête dans son appartement... Mais ce qui revenait le plus souvent était le thriller. Et pourquoi pas ? C'est un genre qui permet d'étudier la psychologie des personnages. Naturellement, on a tiré vers l'horreur, qui est un genre cousin. Et si Miles parler de ses problèmes avec son père à la fin, c'est que je trouve qu'on ne voit pas assez à l'écran de discussions entre hommes sur la santé mentale. »
Pour le moment, on ne sait pas où sera diffusé The Spider Within : A Spider-Verse Story. Espérons tout de même que Sony Animation aura la bonne idée de le mettre sur le Blu-ray d'Across The Spider-Verse.
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