Pour cette seconde journée de compétition, l’Alpe d’Huez a joué hier la carte de la dramédie avec deux films plus tendres que véritablement drôles : Tout nous sourit et La Daronne.
Depuis quelques années déjà, les programmateurs de l’Alpe d’Huez cherchent à dénicher des petites pépites loin des comédies bon enfant qui ont fait la réputation du festival afin de constituer un habile cocktail de comédies pures et de film plus touchants. Cette année, le second jour de compétition a donc vu projeter deux longs-métrages qui correspondent par bien des aspects à cette nouvelle politique éditoriale.
Le postulat de départ Tout nous sourit pourrait être celui d’un vaudeville classique : Audrey et Jérôme (Elsa Zylberstein et Stéphane De Groodt) sont en couple et ont la même idée d’organiser un week-end avec leur amant / maîtresse respectifs dans la maison de campagne familiale où les parents d’Audrey décident eux aussi de débarquer. En réalité, ce premier film signé Melissa Drigeard joue plus sur la corde sensible que sur l’humour de situation. S’ensuit un film tendre sur un couple qui s’étiole mais s’aime plus que tout avec en filigrane une réflexion sur la fin de vie portée par un Guy Marchant plus touchant que jamais en père pas dupe de la situation mais qui fait semblant de rien, trop content de voir sa famille réunie une dernière fois. Heureusement, l’humour (porté en grande partie par Emilie Caen, très en forme) n’est pas absent de Tout nous sourit, même s’il n’est pas forcément le moteur principal du film.
Alpe D’Huez 2020 : la compétition commence "Forte"Il en est de même pour La Daronne, projeté jeudi soir, qui a fait l’événement avec la venue au festival d’Isabelle Huppert (qui a d’ores et déjà annoncé lors de la soirée qu’elle resterait jusqu’à samedi pour pouvoir skier !). Le film de Jean-Paul Salomé est lui aussi plus une dramédie qu’une comédie pure, alors que son pitch ouvrait un boulevard au comique de situations et aux quiproquos.
Patience Portefeux (Isabelle Huppert), interprète judiciaire franco-arabe spécialisée dans les écoutes téléphoniques pour la brigade des Stups, découvre un jour que l'un des trafiquants n'est autre que le fils de l'infirmière dévouée qui s’occupe de sa mère en fin de vie (très touchante Liliane Rovère). Elle décide alors de le couvrir et se retrouve à la tête d'un immense trafic et surnommée par ses collègues policiers "La Daronne".
Avec ses faux airs de polar, le film est surtout un beau portrait de femme qui s’ennuie dans sa vie et décide de partir à la quête de ses racines criminelles paternelles, confrontée à la douleur de voir sa mère s’éteindre peu à peu. Avec le talent qu’on lui connait, Isabelle Huppert arrive à rendre crédible un personnage qui sur le papier l’était difficilement, et à lui donner une épaisseur et une fragilité assez touchante. Qu’on se rassure, l’humour est tout de même présent dans La Daronne, mais distillé avec parcimonie. On notera une scène de dispersion de cendres mémorable et un chien renifleur assez efficace…
Bref, si l’on a moins ri que d’habitude à l’Alpe d’Huez, on a assurément été plus qu’ému.
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