La jeune comédienne crève l’écran pour sa toute première apparition sur grand écran devant la caméra de Robert Guédiguian. Rencontre.
Hier
Alice da Luz est une précoce. C’est en effet à 8 ans qu’elle est montée pour la première fois sur scène ! Pour l’autant, l’idée d’en faire un jour un métier ne lui traverse alors jamais l’esprit. « J’ai eu cette chance grâce à des associations de jeunes intermittents qui mettaient en scène chaque année des spectacles dans la ville de banlieue où j’ai grandi. Je ne les en remercierai jamais assez ! » Et là voilà donc encore en CM1 à tenir le premier rôle d’une comédie musicale qui propose une mise en abyme d’Oliver Twist. « Je me suis éclatée et c’est là qu’est née l’idée de prendre des cours. J’étais nulle en sport donc j’avais trouvé mon activité extra- scolaire » se souvient- elle en riant. Elle s’inscrit alors à la section ados du cours Florent avant de vivre quelques années plus tard une aventure inattendue outre- Atlantique. « J’ai passé une année en échange scolaire dans une petite ville de l’Illinois… où a débarqué une troupe de théâtre new- yorkaise qui est venue choisir dans l’école où je me trouvais des élèves pour jouer dans un spectacle de fin d’année. » Et Alice Da Cruz décroche la timbale : un rôle de fée qui va lui ouvrir le champ des possibles. « Avoir été choisie pour jouer dans une autre langue au sein d’une troupe étrangère m’a clairement ouvert une voie. Ce métier inaccessible devient un objectif possible à condition de s’en donner les moyens. Et en rentrant à Paris, l’année de mon bac, je prends désormais 16 heures de cours de théâtre par jour. » C’est à ce moment- là que le destin va se charger d’accélérer encore un peu plus les choses. Grâce à Gigi Akoka, la directrice de casting de Twist à Bamako de Robert Guédiguian. « Elle a repéré mon visage dans un annuaire d’anciens élèves de cours que j’ai fréquentés. Et elle a réussi à trouver mon téléphone pour me contacter. » Twist à Bamako sera la première audition d’Alice Da Luz. Un coup d’essai façon coup de maître. Car au bout de trois tours, elle est engagée pour incarner une jeune Malienne qui, dans les années 60, décide de fuir sa famille pour échapper à un mariage forcé. « J’avais eu la chance de pouvoir lire le scénario avant la deuxième session d’essais. C’est le premier que je lisais et je l’ai dévoré comme un roman. En le refermant, je voulais absolument ce rôle tout en me demandant évidemment si je serais à la hauteur. »
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La découverte de Twist à Bamako réduit ces doutes et cette inquiétude à néant. Alice Da Luz crève l’écran dans ce personnage qui va peu à peu s’ouvrir au monde en voyant son cœur s’emballer pour un jeune militant socialiste idéaliste dont les utopies vont, elles, se fracasser sur la dure réalité des choses dans ce Mali tout juste devenu indépendant. Une cinégénie hors et une aisance renversante de naturelle dans tous les registres, fruit d’un travail dont on ne voit aucune des stigmates à l’écran. « Robert m’a donné le coffret de ses films avant le tournage. Ils ont constitué ma base de travail. On a aussi énormément échangé car je n’étais pas quelqu’un de très politisée avant ce film et Robert a été un guide incroyable. J’ai également regardé des longs métrages africains de l’époque et beaucoup observé ma mère et ma grand- mère qui, elles sont nées en Afrique, au Cap- Vert. Puis, évidemment j’ai pris des cours de danse à haute dose, élément essentiel du récit. » Une préparation savamment orchestrée qui l’a aidé à entrer dans cette toute première aventure cinématographique. « Je pense que j’avais tellement peur que mon cerveau m’a fait oublier la caméra. Et tout au long du tournage, le plaisir l’a emporté sur tout le reste. Au point qu’au retour à Paris, j’ai vécu une mini- déprime. Mais je sais que désormais je n’ai qu’une envie : passer le reste de ma vie sur des plateaux de cinéma ».
Demain
Que cette envie- là soit exaucée ne fait guère de doute. Inscrite en fac de droit, Alice da Luz continue à prendre des cours de théâtre à haute dose tout en passant quelques auditions. Mais tout cela devrait forcément s’accélérer dans la foulée de la sortie de Twist à Bamako. Sans perdre de vue l’essentiel : « je tiens à garder le plus longtemps possible cet émerveillement que j’ai vécu sur Twist à Bamako. »
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