C’est le ramdam du jour : suite à des plaintes, la campagne d’affichage des Infidèles va être retirée de la circulation. Victoire du politiquement correct ? Ironie mal comprise ? Ou gros n’importe quoi ?Vous n’avez pas pu les rater : depuis lundi, les colonnes Morris de Paris et des principales villes de France montrent Jean Dujardin et Gilles Lellouche dans des postures suggestives pour la promotion de leur film à sketches, Les Infidèles, qui sortira le 29 février. À en croire certains médias aujourd’hui, la campagne serait un sommet de misogynie crasse dégradant l’image de la femme. Amusant de voir les bien-pensants sortir soudainement du bois alors que les affiches en question circulaient sur internet depuis plusieurs semaines et avaient au mieux été taxées de « beauf » par quelques commentateurs à l’indignation automatique. Qui n’avaient surtout rien compris à l’ironie du message…Dujardin faisant une grimace de beau gosse à deux balles en pleine partie de jambes en l’air alors qu’est écrit au dessus de sa tête « je rentre en réunion » ? Si l’on y voit autre chose qu’une manière humoristique de déglinguer les dérives de la libido mâle, c’est qu’on a forcément une croisade à mener. Si ces images doivent choquer quelqu’un, c’est justement le genre de goujats trouvant ça cool de tromper leur femme, dont la campagne se moque ouvertement. Ceux qui ont vu Les Infidèles savent que le film ne glorifie jamais l’adultère. Au contraire : il en mesure avec une lucidité tranchante les conséquences souvent douloureuses, au point où Dujardin se demande d’ailleurs dans le dernier numéro de Première s’ils n’ont pas été « presque trop moralistes ».Proposition indécenteToujours est-il que le sort des posters incriminés est réglé. Ils cesseront dès demain d’agresser les regards, marquant une victoire significative du politiquement correct dans un pays qu’on pensait suffisamment intelligent pour éviter ce genre de censure trahissant un inquiétant manque de recul. L’ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité), qui a reçu quatre plaintes, vient de publier un communiqué déclarant que les affiches « sont contraires aux Recommandations de l’ARPP, en particulier les dispositions relatives au respect de la décence et de l’image de la personne humaine en publicité, tant bien même elles se rapportent au sujet du film, à savoir une comédie sur l’adultère. »JC Decaux, la société gérant la location des colonnes Morris, retirera les objets du délit dans la nuit. Si elle n’est pas obligée de soumettre les visuels qu’elle va afficher à l’ARPP, la compagnie le fait généralement lorsque leur contenu présente un « risque » potentiel afin d’éviter ce genre de situation. Dans le cas des Infidèles, elle avait demandé au distributeur Mars Films d’apporter quelques modifications aux affiches avant de les juger aptes à apparaître dans les rues, sans attendre l’aval de l’ARPP. Maintenant que la sanction est tombée, JC Decaux reconnaît dans Le Parisien qu’elles « ne sont pas de bon goût, c’est vrai. Nous avons déjà refusé d’autres visuels pour ce film, qui ne nous paraissaient pas publiables. Nous avons accepté ceux-là car ils sont humoristiques et que c’est le sujet du film. » On pourra reprocher à la société une certaine hypocrisie opportuniste en évoquant le « mauvais goût » des affiches, mais la fin de l’argument - elles sont humoristiques et représentent le sujet du film – aurait dû être le point final de tout débat suscité par la campagne des Infidèles.Mathieu CarratierBande-annonce du film, qui sort le 29 février :
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