Dès le début de son nouveau film, Matteo Garrone annonce la couleur : Reality est une comédie grinçante sur les faux-semblants et le gouffre au chimère que représente la gloire instantanée. Le héros du film est un brave type que ses rêves de célébrité (en l'occurrence à travers un casting de Big Brother italien) vont faire basculer dans une folie autodestructrice. Après Gomorra, Garrone signe moins une critique de la téléréalité qu'une satire acide sur la foi, l'illusion et le mensonge de notre société de consommation. Mais Reality est surtout un objet de cinéma passionnant qui se plait à citer les classiques du cinéma transalpin et convoque certains chefs-d'oeuvre américain. De quoi soumettre le cinéaste à un Blind Test éclair.1/ Bellissima de Luchino ViscontiUne mère romaine remue ciel et terre pour que sa gamine devienne une vedette de cinéma. Impossible de ne pas voir les liens qui unissent Reality et Bellissima, chef d'oeuvre du néo-réalisme un peu épuisant à revoir (les cris, l'hystérie de la mère, les pleurnicheries de l'enfant...) 2/ Le Cheik Blanc de Federico FelliniOu comment un personnage de fiumetti contamine la réalité d'une jeune femme. Portrait d'une obsession, floutage entre l'art “cheap" et la réalité, empathie pour les personnages : ce Fellini première période semble être le modèle principal de Reality. 3/ Requiem for a dream de Darren AronofskyImpossible de parler d'addiction (drogue, télé) sans mentionner le chef d'oeuvre 2001 d'Aronofsky, grand peintre du malheur post-moderne. Un sommet d'esthétisation qui ne laisse jamais tomber ses personnages. Comme Reality ?4/ Videodrome de David CronenbergEncore un film sur la télé. Mais qui fonctionne plus sur l'idée de la contamination est d'une certaine manière au coeur du film de Garrone.5/ La Valse des pantins de Martin ScorseseOn pensait que Garrone serait un peintre de la mafia à jamais. Il s'attaque ici à la télé, au barnum médiatique et raconte le basculement progressif dans la folie d'un personnage happé par le désir de gloire et le petit écran. Une trajectoire qui rappelle le Scorsese de La Valse des Pantins
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- Matteo Garrone : "les gens étaient énervés que Reality ne porte pas de jugement"
Matteo Garrone : "les gens étaient énervés que Reality ne porte pas de jugement"
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