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Ce qu’il faut voir ou pas en salles cette semaine.

L’ÉVÉNEMENT

ROCK’N’ROLL ★★★☆☆
De Guillaume Canet

L’essentiel
Un ego-trip corrosif et très drôle, comme effrayé par sa propre noirceur.

Difficile de parler de Rock’n’Roll sans déflorer les surprises de la deuxième partie, vraiment folle. On tentera donc une approche plus mesurée que le film. L’histoire, d’abord. Guillaume Canet, acteur en pleine crise existentielle, en a marre de sa vie pépère. Son couple avec Marion Cotillard va bien mais, bousculé par une jeune actrice et une petite journaliste, il décide de se prouver qu’il est encore un peu sauvage. Le problème quand on va voir ailleurs, c’est qu’on n’y rencontre souvent que soi-même. Et qu’on risque vite d’en avoir marre de voir sa gueule… Une autofiction type Grosse Fatigue ou Platane ? Il y a de ça dans Rock’n’Roll.
Gaël Golhen

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PREMIÈRE A AIMÉ

A CURE FOR LIFE ★★★★☆
De Gore Verbinski

Il y a un certain temps, Gore Verbinski était le roi du monde : réalisateur des trois premiers Pirates des Caraïbes, il se planta dans les grandes largeurs avec Lone Ranger - peut-être son chef d'oeuvre, un blockbuster punk et rageur aussi spectaculaire que violent. C'était il y a quatre ans. Après un flop en salles aux dimensions de Lone Ranger, Verbinski (qui n'avait pas prévu de film immédiatement après par sécurité) aurait dû donc revenir aux affaires par la petite porte, par un projet sûr, routinier. C'est mal connaître le bonhomme. A Cure for Life ne joue à aucun moment la sécurité. Hallucinant et audacieux, ce film d'horreur sanglant, violent et cauchemardesque, ne joue la familiarité que par la référence à la veine classique du cinéma gothique qui passerait par Murnau, James Whale, ou encore Terence Fisher.
Sylvestre Picard

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DANS LA FORÊT ★★★★☆
De Gilles Marchand

Deux enfants, Ben et Tom, rejoignent leur père en Suède pour les vacances. Sauf que leur papa est un peu bizarre et décide du jour au lendemain de les emmener au cœur de la forêt se cacher dans une maison perdue. Arrêtons-nous au seuil de ce résumé pour ne pas gâcher les surprises du scénario de Dans la forêt. Sachez qu'il s'agit d'une histoire de fantastique, où l'on flirte avec le surnaturel, et que certains passages sont réellement flippants en convoquant les terreurs nées de la surpuissance de l'imaginaire enfantin -quand un bout de bois devient une silhouette menaçante, ou quand un bruit de branches dans la nuit devient le bruit de pas d'une créature malfaisante.
Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A PLUTÔT AIMÉ

DAVID LYNCH – THE ART OF LIFE ★★★☆☆
De Jon nguyen, Rick barnes et Olivia Neergaard-Holm

Aucune révélation sur la saison 3 de Twin Peaks n’est au menu de ce documentaire, néanmoins indispensable à tout fan de David Lynch qui se respecte. Depuis sa maison-atelier des hauteurs de Hollywood, sa superbe crinière blanche émergeant de la fumée des clopes qu’il fume à la chaîne, le réalisateur de Blue Velvet et Lost Highway se confie ici comme rarement, revenant sur ses années de formation, de son enfance idyllique dans l'Amérique de l'après-guerre au tournage d’Eraserhead. Ou comment un gamin de la middle-class décida, contre toute logique, de se consacrer à la « art life », la vie d’artiste – « fumer, boire du café et peindre », comme il le dit lui-même. Dans la bouche de Lynch, énoncé de sa voix nasillarde de gentil boy-scout un peu perché, n’importe quel souvenir, même le plus anecdotique, prend des teintes angoissantes et cauchemardesques, et ouvre sans crier gare sur des gouffres existentiels sans fond. Une femme nue qui surgit en pleine nuit dans une zone pavillonnaire, son père lui conseillant de ne jamais avoir d'enfant... Le cinéaste raconte dans le détail comment il a dû s’accrocher pour pouvoir s’adonner pleinement à sa passion, et ce récit initiatique prend la forme d’un road-trip américain, s’originant dans la pastorale du Midwest des fifties, passant par des années de vache maigre dans une Philadelphie ravagée par la paranoïa urbaine, pour aboutir à Los Angeles, enfin, où le soleil finira par « aspirer la peur ». Cerné par les ombres de la dépression et de la folie, ponctué d’images d’un Lynch apaisé (?) et cool peignant aujourd'hui avec sa petite fille, un document précieux, idéal pour attendre sagement le come-back de l’agent spécial Dale Cooper.
Frédéric Foubert

L’INDOMPTÉE ★★★☆☆
De Caroline Deruas

Axèle, photographe, et Camille, écrivain, partent pour un an en résidence à la Villa Médicis, à Rome. Les deux femmes se lient d'amitié, mais Axèle se révèle bien plus mystérieuse que prévu… Après la série Les Revenants, Clotilde Hesme et l'excellente Jenna Thiam se retrouvent pour cet intrigant drame sur l'inspiration artistique, la puissance des rêves et la confiance en soi. Quelque chose de profondément poétique se dégage de L'Indomptée, avec un formidable travail sur la photographie, qui insuffle ou reprend la vie aux statues qui entourent la Villa. Un film mystérieux dans le sens noble du terme.
François Léger

SAC LA MORT ★★★☆☆
D’Emmanuel Parraud

Expulsé de sa maison par un ami et encore sous le choc de la mort brutale de son frère, Patrice cherche à ne pas sombrer totalement dans la folie. Sac la mort est une exploration intime de l'esprit d'un homme dépouillé de tout, sur fond de sorcellerie et d'une île de La Réunion qui ne se débarrassera jamais vraiment du spectre du colonialisme. Patrice Plamesse y dévore l'attention, entièrement habité par ce type aux prémices de la démence, piégé dans le présent, privé d'un quelconque futur. La mise en scène répond intelligemment à ses démons intérieurs à travers la galerie de personnages que Patrice croise, et cette nature aussi inquiétante que superbe.
François Léger


PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

LOVING ★★☆☆☆
De Jeff Nichols

Michael Shannon, l’acteur fétiche de Jeff Nichols, ne joue que cinq minutes dans Loving. Mais il se débrouille quand même pour hériter de la plus belle scène, dans le rôle d’un photographe de Life venu immortaliser Richard et Mildred Loving dans leur petite bicoque de Virginie. Dans les années 60, ce couple était devenu l’un des emblèmes de la lutte pour les droits civiques, en décidant de se marier alors que les lois de leur État interdisaient les unions « interraciales », puis en portant leur cause devant la Cour suprême, qui finit par changer la Constitution.
Frédéric Foubert

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FUKUSHIMA MON AMOUR ★★☆☆☆
De Doris Dörrie

Marie, une jeune Allemande au passé trouble, débarque au Japon, à Fukushima, pour redonner un sens à leur vie à des populations sinistrées par le fameux accident nucléaire. Sur place, elle rencontre Satomi, une vieille geisha hantée par des fantômes, auprès de qui elle choisit de vivre, dans une vieille bicoque abandonnée. Filmé dans un impeccable noir et blanc, Fukushima mon amour (la référence au classique d’Alain Resnais n’est évidemment pas fortuit) raconte l’improbable amitié entre deux femmes que tout sépare, la langue, l’âge, les manières, les croyances, la culpabilité. Ce double portrait, tantôt cocasse, tantôt dramatique, fonctionne plutôt bien (malgré des incursions de fantastique maladroites) jusqu’à ce qu’on en sache plus sur Marie dont le passé finit par remonter à la surface. L’explication de son mal-être est tellement banale (comparée à la détresse existentielle et matérielle de Satomi) qu’elle relativise brutalement ce qu’on vient de voir.
Christophe Narbonne

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

ALIBI.COM ★☆☆☆☆
De Philippe Lacheau

Après les deux Babysitting, coréalisés avec Nicolas Benamou, Philippe Lacheau se lance en solo. Alibi.com est sans surprises ultra « pitché » : Greg a fondé une société spécialisée dans tout type d’alibi pour personnes indélicates. Le jour où il s’amourache de Flo, qui déteste les menteurs, il se retrouve dans une impasse d’autant que le père volage de la jeune femme fait partie de ses clients… Ça commence par des cameos vaguement amusants de Vincent Desagnat, Michèle Laroque et Joye Starr (en rappeur gay honteux, hum). Ça continue avec les gags régressifs habituels (une paire de testicules bouffée par un chat, mouais). Ça finit par un twist attendu. On l’aura compris, Alibi.com n’est pas la comédie de l’année en dépit de l’énergie déployée par les cadres de La Bande à Fifi –Lacheau, Tarek Boudali, Julien Arruti.
Christophe Narbonne

DES AMOURS, DÉSAMOUR ☆☆☆☆☆
De Dominic Bachy

Un drôle d'objet opportuniste qui sort au lendemain de la Saint-Valentin. L'histoire de quatre couples parisiens qui se rencontrent pour la première fois, doutent de l'autre, se séparent ou tentent de raviver la flamme. Des Amours, désamour se rêve en Love Actually à la française mais ne dépasse jamais le stade de - mauvais - téléfilm de TF1. Casting en roue libre (Anthony Delon, Linda Hardy, Joy Esther…) et réalisation d'une pauvreté abyssale rendent cet essai sur l'amour totalement irregardable. Une horreur, dans laquelle surnage tout de même Denis Maréchal, qui fait ce qu'il peut avec des dialogues qui sonnent plus faux que Britney Spears sans playback.
François Léger

Et aussi

Quand les bulles éclatent de Hans Petter Moland
L’Empereur de Luc Jacquet
Roues libres d’Attila Till
Underworld : Blood Wars d’Anna Foerster
L’histoire d’une mère de Sandrine Veysset
Belle de nuit – Grisélidis Réal, autoportraits de Marie-Eve de Grave

Reprises

Le gouffre aux chimères de Billy Wilder
Vivre sa vie de Jean-Luc Godard
Pandora d’Albert Lewin