Le choix de Premiere : Under The Skin de Jonathan Glazer avec Scarlett JohanssonSynopsis : Une extraterrestre arrive sur Terre pour séduire des hommes avant de les faire disparaître.Adapté du roman de Michel Faber.L'avis de Premiere : À propos de ce troisième long métrage du rare Jonathan Glazer (trois films en treize ans), l’appellation tant galvaudée d’ovni est justifiée par la nature extraterrestre du personnage féminin principal, dont le spectateur est invité à partager le point de vue à défaut de se mettre dans sa peau. L’effet est obtenu par le recours à une variété de styles a priori incompatibles mais qui s’assemblent en une miraculeuse alchimie, entre psychédélisme et réalisme documentaire. Le début, qui suggère l’arrivée de l’alien sur Terre, est filmé comme l’approche de Jupiter dans 2001 – L’Odyssée de l’espace, tandis que les séquences décrivant la prédatrice en chasse sont tournées avec des caméras GoPro discrètes pour enregistrer les réactions de passagers qui ne savent pas qu’ils sont filmés. Loin d’être répétitif, le dispositif se fait complètement oublier et les images réalistes de l’Écosse contemporaine amplifient le sentiment d’aliénation vis-à-vis d’une humanité qui se caractérise par sa libido, sa compassion parfois, et souvent sa solitude. Au contact de ses proies, la chasseresse évolue, révélant des failles, multipliant les erreurs. Son comportement erratique est ouvert à l’interprétation, mais on la sent intriguée par la nature humaine au point de vouloir l’explorer par la seule voie qu’elle connaisse : le sexe. C’est un piège dont elle se sert et qui finit par se retourner contre elle. On peut y voir une métaphore de la condition féminine et de son ambivalence.Lire la suite de la critique iciBande-annonce : Choix n°2 :  Le conte de la princesse Kaguya d'Isao TakahataSynopsis : Une minuscule princesse, Kaguya, «la princesse lumineuse», est découverte dans la tige d'un bambou. Élevée par un vieux coupeur de bambou et son épouse, elle devient une séduisante jeune femme. De la campagne lointaine jusqu'à la grande capitale, sa beauté suscite l'engouement auprès de tous ceux qui la rencontrent et fascine en particulier cinq nobles prétendants, qui vont devoir relever d'impossibles défis dans l'espoir d'obtenir sa main... Le temps venu, elle devra finalement affronter son destin...Le film est choisi pour ouvrir le festival d'Annecy.L'avis de Premiere : Depuis le début, Isao Takahata est l’outsider de Ghibli : cofondateur du studio avec Hayao Miyazaki, il est longtemps resté sous-estimé, malgré son magnifique Tombeau des lucioles, en raison de la rareté de sa production et, sans doute aussi, de son style insaisissable qui oscille entre le comic (s)trip, l’animé old school et le manga... L’ADN Ghibli infuse ses plans (plaisir absolu de l’imaginaire en fusion, génie du gag, puissance unique du récit) et pourtant, ses graphismes naïfs et ses crayonnés proches du croquis semblent à chaque fois s’offrir comme une alternative à la précision et à la finesse du trait de Miyazaki. Le Conte de la princesse Kaguya, c’est précisément ça. De loin, l’histoire ressemble un peu à celle de Ponyo sur la falaise : une princesse venue d’un autre monde doit composer avec les humains. Mais là où Ponyo... basculait vers la fable écolo mignonne, Takahata développe un discours de combattant écolo plus sombre et plus radical. Le film se déroule autour des thèmes de l’apparence, du déguisement et explore l’antagonisme entre la civilisation – sa violence et ses rites absurdes – et la nature prolifique. C’est dans le retour aux racines, au sens propre, que prend forme une idée du merveilleux comme champ de force et d’énergie pure. La vie cristalline saisie avec une délicatesse de fleur, les personnages vifs, vivants et attachants et les éclats de réalisme quasi documentaire (la fabrication des bols, séquence sublime) écrasent les plus beaux efforts des grands cinéastes. Surtout, comme dans Pompoko, ... Kaguya laisse sourdre une profonde mélancolie : sous la rage du propos, perce l’idée poétique qui fonde tout son rapport à l’environnement, celle d’une vie antérieure, oubliée, où l’homme était en contact avec la nature. C’est d’une rare beauté.Bande-annonce :   Choix n°3 : Transcendance de Wally Pfister avec Johnny Depp, Rebecca HallSynopsis : Dans un futur proche, un groupe de scientifiques tente de concevoir le premier ordinateur doté d’une conscience et capable de réfléchir de manière autonome. Ils doivent faire face aux attaques de terroristes anti-technologies qui voient dans ce projet une menace pour l’espèce humaine. Lorsque le scientifique à la tête du projet (Johnny Depp) est assassiné, sa femme se sert de l’avancée de ses travaux pour « transcender » l’esprit de son mari dans le premier super ordinateur de l’histoire. Pouvant désormais contrôler tous les réseaux liés à internet, il devient ainsi quasi omnipotent. Mais comment l’arrêter s’il perdait ce qui lui reste d’humanité ?L'avis de Premiere : Chef op attitré de Christopher Nolan, Wally Pfister tente le grand saut avec ce techno-thriller où l’influence du réalisateur de Memento est omniprésente. Nolan avait d’ailleurs envisagé de le mettre en scène avant de se contenter d’un crédit de producteur exécutif. Malgré les forces en présence, on est malheureusement plus proche de la déception que d’Inception... La faute à un scénario boiteux qui, au-delà d’être un remake déguisé du (déjà pas fameux) Cobaye, dans lequel Pierce Brosnan transformait un neuneu en génie diabolique grâce à l’informatique, cesse très vite d’intriguer pour sombrer dans le ridicule. Désincarné dans tous les sens du terme, Johnny Depp a l’air de savoir qu’il est en train de se fourvoyer dans un film à l’intelligence... très artificielle.Bande-annonce :