C’est sa vraie signature. Dès son premier film, Sorrentino a compris qu’il fallait soigner l’incipit, lieu de contact entre ses désirs de cinoche et les attentes du spectateur. Chacun de ses films s’ouvre donc sur des moments musicaux sortis de nulle part qui captent immédiatement l’audience. En apesanteur, ces mini morceaux de cinéma ne ressemblent à rien de connu et fonctionnent de manière autonome. C’est un générique finchérien qui (sur Toop Toop de Cassius), déflagration de violence qui empile les massacres de la Cosa Nostra (Il Divo). C’est une tête de nonne dont on comprend grâce à un dézoom dément qu’elle est ensevelie dans le sable (monstruosité et sensualité mélangée de L’Ami de la famille). C’est une errance dans les jardins du janicule, avec une soprano qu’on entend chanter. Après de longues minutes d'une divagation ironique sur le syndrôme de Stendhal et l’étouffante beauté de la civilisation italienne, Sorrentino cut et enchaine sur la vulgarité d’une soirée d’anniversaire qui s’abîme au son de Bob Sinclar (La Grande Bellezza)...Ses séquences d’intro sont des déclarations d’intention. Graphiques, sensuelles, hyper excitantes, en quelques minutes, ces scènes hyper calibrées permettent à Sorrentino de dire clairement où l'on débarque. Chez un formaliste surdoué qui n'a peur de rien et mêle imagerie clippesque chromée, nostalgie romantique, violence millimétrée ou ironie mordante. Le début de Youth est dans le genre un nouveau chef d'oeuvre, mais on ne vous en dira pas plus...>> La laideur chez Sorrentino">>>> La laideur chez SorrentinoPaolo Sorrentino : “J’adore ça. J’aime établir avec le spectateur un lien direct. Un rapport où je dis clairement qu’il vient assister à mon spectacle. La première scène d’un film doit être spectaculaire. C’est comme un statement. On doit montrer au spectateur ce dont on est capable. J’aime les cinéastes qui m’embarquent dès la première image. Au contraire, les films où on rentre progressivement, tout doucement m’ennuient.Ce sont généralement des idées que j’ai avant de faire le film. Une bonne musique toujours, une idée visuelle ou un mot... Là encore, ca me fait penser à la littérature. J’aime les livres qui ont un début très fort, un incipit qui t’oblige à continuer la lecture…. Enfant, j’avais un livre qui était une anthologie des débuts les plus marquants de la littérature. C’était mon livre fétiche. Il n'y a pas de mystères...”Youth de Paolo Sorrentino avec Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz, Paul Dano sort le 9 septembre dans les salles.
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Les Obsessions de Sorrentino : les ouvertures musicales
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