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Ce qu'il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

LA PLANÈTE DES SINGES - SUPRÉMATIE ★★★★☆
De Matt Reeves

L’essentiel
Un film de guerre sec, froid et brutal, doublé d'un triomphe technique.

Relecture de l'Exode biblique version SF, le troisième volet de la nouvelle série La Planète des singes est un film de guerre sec, froid et brutal, doublé d'un triomphe technique -les singes sont encore plus hallucinants de réalisme que dans les deux films précédents. Le talent du réalisateur Matt Reeves est pourtant de procéder par soustraction plutôt que par surenchère, en choisissant de vider l'espace pour donner à l'ultime combat des singes et des hommes toute son ampleur apocalyptique.
Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A AIMÉ

HOSTAGES ★★★★☆
De Rezo Gigineishvili

Une fresque historique sur trois jours, c’est possible ? Un « Il était une fois en Géorgie » de poche, du Cimino à petite échelle ? Ça tient à peu de chose, en réalité : un casting de petites gueules sublimes, une scène de mariage sensationnelle, un « paysage » d’URSS 1983 parfaitement restitué (papier peint terne, femmes en collants, KGB qui traîne) sans oublier le parfum romanesque de la fuite guerre froide, un truc qui marche à chaque fois. Ils ont vingt ans, font partie de l’élite de Tbilissi, certains sont célèbres, certains sont en couple, il y a une cousine, des potes, et ils décident de passer à l’Ouest. L’occasion : le mariage de deux d’entre eux. L’avion pour la lune de miel qui décolle le lendemain semble rendre le coup possible. « Inspiré » par une histoire réelle de détournement aérien qui tourne mal, Hostages est le récit d’un fiasco terrible. Ses gamins pirates sont des privilégiés qui écoutent les Beatles et fument des cigarettes US chopées au marché noir, persuadés que le monde les attend et que la liberté se choisit. Entre inconscience et responsabilité, entre courage et caprice, entre jeunesse et immaturité, Rezo Gigineishvili n’a pas besoin de trancher. Il ne magnifie rien, ne maquille ni l’échec en héroïsme, ni les coupables en victimes. Il raconte, dur, factuel mais jamais neutre, attaché à créer une mise en scène qui capte les regards de ses personnages. Ceux qui brûlent de désir de vivre, ceux qui perdent leur sang froid et ceux qui semblent s’interroger, hébétés, sur le moment où la situation leur a échappé.
Guillaume Bonnet

 

PREMIÈRE A PLUTÔT AIMÉ

CARS 3 ★★★☆☆
De Brian Fee

Il aura fallu six ans à Pixar pour se remettre de Cars 2, une suite en dent de scie au développement pour le moins compliqué. Pour Cars 3, le grand manitou du studio, John Lasseter, a décidé de prendre la place du mort et d’offrir les clés de son joujou à Brian Fee, storyboarder des deux premiers opus. Les péripéties alambiquée sur fond d’espionnage sont oubliées et laissent place à un scénario bien plus balisé, qui évite les sorties de route involontaires mais prend le temps d’aller questionner le numéro 95 sur ce qui le fait encore vibrer, onze ans après le début de ses aventures.
François Léger

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LES FILLES D’AVRIL ★★★☆☆
De Michel Franco

Ceux qui connaissent Michel Franco (Después de Lucia, Chronic) sont coutumiers de ses films insoutenables qui, derrière un vernis faussement policé, décrivent des agissements parfaitement ignobles qui incitent à l’indignation ou au dégoût. On aime ou on déteste se faire manipuler par le cinéaste mexicain, adepte d’un cinéma frontal et bulldozer. Avec Les filles d’avril, Franco s’assagirait-il ? Il y dépeint une famille a priori “normale” constituée de Valeria, ado enceinte à 17 ans, de Clara, sa sœur aînée trentenaire, et d’Avril, leur mère prof de yoga. À la naissance de l’enfant, tout le monde consent des efforts pour faire vivre la famille élargie –il y a aussi le père, Mateo, rejeté par ses parents. Jusqu’au jour où Avril part en vrille… Il n’y a pas, contrairement à d’habitude, de grande scène terrifiante de sadisme dans Les filles d’avril, du genre de celles qui vous poussent à quitter la salle. C’est un film plus insidieux, qui instille petit à petit son poison à travers un personnage extrêmement dérangeant de femme-vampire prête à tout pour conserver son ascendant invisible sur les autres et une forme de jeunesse éternelle. La vérité qui éclate progressivement éclaire sous un jour nouveau les scènes inaugurales et certains comportements a priori “normaux”. Glaçant.
Christophe Narbonne

OUT ★★★☆☆
De Gyorgy Kristof

Premier film slovaque sélectionné au festival de Cannes, Out suit Agoston, un quinqua fraîchement licencié qui tente sa chance en Lettonie. Il laisse en Slovaquie sa femme aimante et sa fille en train de quitter le cocon familial pour travailler sur un chantier naval. C’est la première fois qu’il va voir la mer, et il rêve d’y pêcher un gros poisson.
Sándor Terhes, qui était également sur la Croisette pour un second rôle dans Jupiter’s Moon, apporte charisme et douceur à cet ouvrier attachant. Lors de son périple, il croisera tour à tour des gens sympathiques ou antipathiques, voire carrément violents. Si le réalisateur aborde plusieurs thèmes forts (communiquer dans une langue étrangère, s’intégrer, vivre loin de ses proches…), l’ensemble manque d’originalité pour être vraiment frappant. Gorgy Kristof, qui signe là sa première mise en scène, filme tout de même quelques situations gentiment absurdes, qui rappellent parfois le cinéma d'Aki Kaurismaki : un patron de bar offrant une bière à tous ses clients qui se mettront à poil, le gérant d’un hôtel éclairant son cactus à heure fixe à l’aide d’une lampe mexicaine, une femme promenant son lièvre empaillé dépourvu d’oreilles…On aurait aimé davantage de folie de ce type pour dynamiser cette dramédie sociale, qui sonne juste, mais reste trop classique.
Elodie Bardinet

 

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