Le maitre de l'horreur est revenu sur son procès contre Europacorp et sur ses projets futurs lors d'une interview fleuve pour THR.
Il a inventé le Slasher (Halloween), invoqué les Grands Anciens (l'Antre de la folie), dévoilé la menace extra-terrestre dissimulée dans la société de consommation (They Live !) et transformé Manhattan en immense pénitencier (New York 1997). Pourtant, John Carpenter est un petit rentier, fauché et tranquille, en tout cas, il aime se présenter comme tel aux journalistes de THR.
Dernièrement pourtant, le maitre de l'horreur a touché 80 000 euros de la part d'Europacorp, lors d'un procès contre Luc Besson. En cause ? Le film Lock Out sorti en 2012 et produit par Europacorp qui a plagié son grand classique New York 1997. Il faut dire que le décor est sensiblement le même : une immense prison peuplée de grand malade ; et que les enjeux narratifs sont jumeaux (voire siamois) : un mec badass doit sauver une personnalité politique perdue au milieu des truands. En fait, il ne manque au héros de Luc Besson que le mulet et le cache-oeil de Kurt Russell.. Mais si la justice a tranché en faveur de John Carpenter, la frontière entre hommage, inspiration et vol pouvait prêter à débat : (voir l'article Luc Besson a-t-il réellement plagié John Carpenter ?)
Régler le compte de Luc Besson ?
Dans une longue interview accordée à THR, le père de Michael Myers est revenu avec humour sur ce fâcheux contentieux : "Ils ne m'ont pas donné tant d'argent." révèle John Carpenter. "Canal + est la compagnie qui, avec moi, détient les droits de New York 1997. Ils sont venus me voir et m'ont dit : 'Luc Besson vous a plagié sur Lockout.'.. Ou Lockdown, peu importe ce que c'était. Ils m'ont envoyé le film, et oui, il m'avait bien plagié. C'est la même histoire (rires). Ce n'est pas possible de faire ça, n'est ce pas ? Même en changeant quelques détails. Son héros protège la fille du président ? Allons bon ! Donc je l'ai emmené devant le tribunal français."
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En fait, John Carpenter aurait servi d'intermédiaire pour régler des comptes entre Canal + et Luc Besson. "Le meilleur dans tout ça c'est que je n'ai rien eu à faire, vraiment. C'est le genre de job que j'ai toujours voulu avoir, vous n'avez même pas besoin de vous montrer et quelque chose arrive. Et nous avons gagné ! Mais mes rêves de retraite dorée se sont évanouis parce qu'ils ne m'ont pas donné autant d'argent que Canal+ le souhaitait. Ils voulaient juste se payer Luc Besson. Ils ne l'aimaient pas." (Canal + a demandé plus de 3 millions lors du projet.) Canal + voulait aussi attaquer le jeu vidéo Metal Gear Solid, qui est aussi une sorte de rip-off de New York 1997, mais je leur ai dit de ne pas le faire. Je sais que le créateur de ces jeux est un gars sympa, en tout cas il est gentil avec moi.
Pour John Carpenter, cette affaire n'a rien de personnelle, en fait il n'a même jamais entendu parler de Luc Besson :"Oh, diable non ! Je n'ai rien entendu sur lui de la part de personne. Vous ne m'écoutez donc pas ! Personne ne me dit jamais rien à moi."
Un rentier déshérité ?
John Carpenter profite d'ailleurs de cette interview pour rappeler qu'il n'a jamais eu l'occasion de profiter financièrement de son énorme influence sur les cinéastes et même sur la pop-culture (du succès de Halloween jusqu'au slogan Obey que l'artiste Shepard Fairey a piqué à They Live !). Au contraire, ce grand habitué des productions fauchées peine même à financer ses prochains projets après les échecs de Ghost of Mars et de The Ward. "Des gens s'inspirent de moi, mais personne ne me demande rien. Personne ne vient même me parler, c'est juste le silence. Forcément je ne vois pas l'ombre [d'un centime]" regrette le doyen de l'horreur indé qui s'est résolu à vivre très simplement : "J'ai gagné un peu d'argent avec mes films. Hell Yeah ! Je vais bien. Je vis une super vie, je regarde les matchs de basket du NBA et je joue à des jeux-vidéos. Il n'y a rien de quoi je puisse me plaindre !"
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Mais attention : que ceux qui veulent enfermer John Carpenter dans une maison de retraite de geeks reposent leurs trousseaux de clés tout de suite, le réalisateur a encore pas mal de projets en tête. "Je travaille sur plusieurs choses et j'ai un nouvel album qui va arriver l'année prochaine. Je vais donner une suite à Lost Themes." Rien de croustillant à se mettre sous la dent question 7e art cependant : "Non. Je ne vous dirai pas un mot sur mes prochains films ! Si nous réunissons l'argent et que tout se passe bien je vous tiendrais au courant." Pas de nouvelles non plus de son propre remake de New York 1997 depuis janvier.
D'ici là, John Carpenter pourra mettre un peu de beurre dans les épinards. Quand à Luc Besson et Europacorp, ils planchent actuellement sur Valérian, un space-opera Made in France qui devrait permettre au studio de se remettre de ce couteux épisode judiciaire.
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