Second rôle génial dans le brillant We Nee To Talk About Kevin, John C. Reilly parle de parentalité, de comédies et de Cox !Dans l'éblouissant We Need To Talk About Kevin, John C. Reilly incarne un père de famille dépassé par la dérive de son fils et la progressive perdition de sa femme (merveilleuse Tilda Swinton). Comique branleur (et surdoué) dans les comédies de Will Ferrell, génie dramatique intense (chez PT Anderson ou prochainement Roman Polanski), Reilly trimballe sa grande carcasse nonchalante et ses frisettes avec une aisance redoutable. Rencontre avec un génie de l'acting.Par Gaël GolhenJohn, après Cyrus, dans We Need to talk about Kevin, tu incarnes de nouveau un père manipulé par son môme… Ca te parle à ce point ?T’es pas la première personne à faire le lien entre le film de Lynne Ramsay et Cyrus. Je n’y avais pas pensé parce que ce sont des films très différents, même s’ils traitent de la parentalité. Kevin est quand même plus sombre et plus radical. Mais de toute façon je ne raisonne pas comme ça… Je prends ce qu’on me propose et j’essaie de trouver des réalisateurs inspirés, qui veulent faire du bon boulot. Mais tu sembles quand même entretenir un rapport particulier à l’enfance…C’est les cinéastes qui veulent parler de ça ! J’imagine que ma personnalité et mon physique déterminent ce qu’on m’offre. Comme la manière dont les gens me perçoivent. Mais je ne suis pas la bonne personne pour répondre à ta question : j’ai du mal à savoir qui je suis. C’est sans doute pour ça que je suis un acteur, d’ailleurs. Comment décrire We Need To Talk About Kevin ? C’est compliqué ! Pour résumer le film simplement, je dirai que c’est une méditation sur la parentalité. Ou plutôt sur certaines idées qu’on se fait de la parentalité. Beaucoup de gens pensent que, juste parce que c’est ton môme, tu vas avoir une connection spéciale et automatique avec lui... La vérité c’est que, comme dans n’importe quelle relation, même s’il s’agit de ta propre chair, la relation parents-enfants évolue et tu dois la travailler, la nourrir... Tu n’as qu’un second rôle, mais d’une certaine manière tu es le pivot du film... Parce que tout est raconté du point de vue de la mère. J'offre un contrepoint. C’est la beauté du film d’ailleurs. Se glisser dans la peau du personnage de Tilda pour faire ressentir le trouble et l'ambivalence de la situation... J'incarne le type qui essaie d’être optimiste pendant toute la durée de l’histoire. Et le moment où il comprend qu’il ne pourra pas changer son gamin est le truc le plus triste, le plus déchirant que j’ai jamais eu jouer. En sortant de cette scène, je me suis effondré et je me suis mis à chialer... Ce fut vraiment un tournage difficile émotionnellement. Parlons carrière. Au début tu étais un acteur du cinéma indépendant, puis tu t’es métamorphosé en king de la comédie. Maintenant on a l’impression que tu parviens à gérer les deux en même temps…Peut-être que certains acteurs choisissent un chemin avec des objectifs tracés dès le début. Mais la vérité, c’est que dans ce boulot, les opportunités tombent et tu les saisis. J’ai eu la chance de faire des comédies, puis de faire des drames. J’ai fait 50 films, dont peut-être 5 sont des comédies. Alors, OK, elles sont cultes et font un peu d’ombre au reste de ma carrière, mais faut quand même relativiser...Ca t’as joué des tours à Hollywood d’avoir privilégié la comédie ? Ma mission, c’est de défier les attentes. Si on me dit que je dois être un acteur dramatique, alors je ferai des comédies. Si on me reproche de ne faire que des comédies, alors je fais un drame. A mon avis, ce qui définit une carrière fructueuse, c’est la surprise ! Dès que les gens te typecastent, là t’as un problème.Rassure moi : ça ne veut pas dire que tu vas arrêter la comédie ? Non ! J’essaie juste de bosser avec des mecs talentueux, tous genres confondus. Will est un génie et si je peux retravailler avec lui, je le ferai...Ca ne résout pas mon problème : comment on passe d’un Will Ferrell au nouveau Polanski. Ou plutôt comment on peut être aussi à l’aise que toi dans ces univers aussi différents ? Tu connais Tim&Eric ? Tu sais, le show TV le plus débile des Etats-Unis ? Je venais de finir le Polanski, qui, en terme de cinéma, est quand même le top. J’ai pris l’avion pour les US. A peine sorti, je me suis engouffré dans une bagnole pour aller sur ce show ridicule ! A ce moment-là, je me suis dit qu’il devrait y avoir un prix pour les acteurs qui font ce genre de trucs. Mais au fond, c’est comme un jeu ! Si tu ne te prends pas au sérieux, c’est super facile de changer de registre ! D'ailleurs, c’est la seule règle que je me suis fixée : "ne les laisse pas te coincer. Bouge toujours, esquive et ne te laisse pas coincer"J'ai une question Dewey Cox (personnage de rocker, héros d'une de ses comédies NDLR)… Tu avais fait une chanson de NoelYeahhhh : « Pour Noel, everybody wants Cox »Est-ce que tu aurais pu imaginer une chanson pour Cannes où était présenté We Need To Talk About Kevin ?Pourquoi pas. Mais faudrait le ressusciterTu y penses ? Ca dépend. Ca dépend à quel point les gens veulent vraiment du Cox ? If they really love Cox, he can come back (jeu de mot intraduisible sur Cox et cocks - bite NDLR)Combien de temps tu vas pouvoir faire ces blagues ? C’est sans fin. C’est une source qui ne se tarira jamais ! An endless fountain...
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- John C. Reilly : "je n'ai qu'une seule règle : ne pas me faire coincer"
John C. Reilly : "je n'ai qu'une seule règle : ne pas me faire coincer"
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