DR

Huit ans après Le Limier, le comédien revient enfin au théâtre avec Le Prénom, une comédie de deux jeunes auteurs, Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, dans une mise en scène de Bernard Murat.Propos recueillis par M.-C. NivièreEn trente ans de carrière, pourquoi si peu de théâtre ?Il est vrai que si on juxtapose les films, une quarantaine, et les pièces, quatre, cela fait un bel écart. En fait, c’est une histoire d’opportunités. La chanson n’a pas empêché le cinéma, mais a mis un frein au théâtre. Pourtant, à chaque fois, c’est parti d’un vrai désir. La véritable question est : pourquoi tant de temps après Le Limier ? A l’époque, j’avais connu un tel plaisir que je m’étais dit que je jouerai une pièce par an. Ce ne sont pas les propositions qui ont manqué, mais le temps. C’est aussi une question de coup de cœur. Et là, j’en ai eu un très gros. J’ai lu le texte du Prénom, il y a deux ans, et finalement on y arrive maintenant.Pourtant après le succès de la pièce de Maria Pacôme, On m’appelle Emilie, la voix du théâtre était toute tracée…Déjà avec la première pièce, Charimari (en 1981), en compagnie de Micheline Boudet et Pierre Tornade. Le rôle était extraordinaire, il n’y avait pas une phrase, pas une sortie de scène qui n’ait été suivie d’éclats de rire et d’applaudissements. Pour débuter, il n’y avait pas mieux. C’est vrai qu’avec Emilie Maria m’a offert un rôle magnifique, sa pièce était très poétique et drôle. Et puis, elle me permettait de chanter sur scène. Entre 1985 et 2002, j’ai vécu des choses qui ont placé le théâtre au second plan. Mais j’y allais tout le temps.Quel spectateur êtes-vous ?J’adore aller au théâtre, passant du privé au subventionné sans me poser de questions. Ça va du théâtre Edouard VII à l’Athénée, où j’ai applaudi dernièrement Guillaume Gallienne, dans son spectacle Les Garçons et Guillaume à table. Cet été, j’ai vu à Avignon dans la cour d’honneur, le Richard II mis en scène par Sastre avec Denis Podalydès qui est remarquable comme toujours. Je vois aussi des créations dans le Off. Je vais également à la Comédie-Française. Il y a aussi la danse contemporaine, dont je suis grand amateur.C’est donc ce projet, Le Prénom, qui vous a poussé à revenir au théâtre…Après Le Limier, j’ai lu beaucoup de textes et fait pas mal de lectures devant des directeurs de théâtre et des producteurs. Je ne dis jamais non à un projet qui me séduit. Après, cela ne colle pas avec mon emploi du temps et je dois abandonner. Bernard Murat me fait lire ce texte, puis me demande ce que j’en pense. « J’adore, mais on fait une lecture. » Cela l’a fait marrer… « Oh non, pas encore une lecture ! C’est oui ou c’est non. ». Cela a été « Oui ! » La pièce est drôle et caustique. C’est une belle étude sur les rapports humains, la famille, les amis… Les auteurs, Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, ont beaucoup de talent. C’est très agréable de travailler avec Murat. Je découvre un metteur en scène qui a une très bonne oreille « actorale » comme d’autres ont l’oreille musicale. Il entend la justesse de la situation, du ton.Le prénom choisi par les parents et qui nous colle à la peau toute la vie, est un sujet original pour une comédie.C’est le formidable point de départ d’une histoire qui se termine mal. J’aime beaucoup cette idée que cela se termine mal. C’est un règlement de comptes au cours duquel trente ans d’amitiés et les liens familiaux sont remis en question. Chacun donne son opinion sur le choix du prénom de l’enfant que mon personnage va avoir. Mais c’est un prétexte pour se dire des choses que l’on n’a pas su se dire avant.C’est une pièce collégiale, vos partenaires sont de sacrés comédiens…Cela faisait très longtemps que j’avais envie de travailler avec Jean-Michel Dupuis. C’est un comédien remarquable. Il est mon beau-frère et mon meilleur ami dans la pièce. Un personnage au ton doctoral, très « casse-pieds ». Valérie Benguigui interprète ma sœur. On ne s’était jamais rencontrés avant, voilà qui est fait. Judith El Zein qui joue ma femme, était avec moi sur le Arcady (Comme les cinq doigts de la main). Quant à Guillaume de Tonquédec, je l’ai croisé sur la série Fais pas ci, fais pas ça. Je me suis amusé à jouer le rôle de mon sosie dans un épisode. On forme une bonne équipe et ça, c’est primordial au théâtre.>> En savoir plus sur Le Prénom au Théâtre Edouard VII