Guillaume Canet à la conférence de Blood Ties à Cannes : « Je voulais retrouver l’énergie du New York des années 1970 »

Adepte des castings « all star », Guillaume Canet était encore en bonne compagnie à la conférence de presse cannoise de Blood Ties, avec à ses côtés, outre les superstars Clive Owen, Marion Cotillard et James Caan, des acteurs tels que Billy Crudup, Noah Emmerich et Zoe Saldana. Cette dernière, vue dans Star Trek Into Darkness, a rendu hommage au français, qui « sent les choses, comprend les acteurs car c’en est un lui même. » Même son de cloche chez l’actrice fétiche et compagne du réalisateur, Marion Cotillard, qui a rendu hommage à la sensibilité de Canet : « la façon dont Guillaume va chercher les silences, l’absence de mots, est assez magique pour un acteur. » Sous le charme également, Clive Owen a loué « son énergie, sa passion, son enthousiasme ». Quant à James Caan, ravi de tourner un film d’époque seventies, il a confié qu’il n’avait « jamais vu un réalisateur aussi respectueux des acteurs ». Et le légendaire interprète de Sonny Corleone dans Le Parrain de résumer à sa façon : « on n’avait jamais l’impression d’essayer de guérir un cancer ! ». Flatté, Canet a renvoyé la politesse à Caan et l’ensemble du casting : « ils m’ont fait confiance, même Jimmy The Dream (surnom de James Caan, ndlr). Il n’y avait pas besoin de faire de répétitions, avec lui. »Canet a mis 4 ans à monter Blood Ties, remake des Liens du Sang, un polar de Jacques Maillot sorti en 2008 dans lequel il jouait aux côtés de François Cluzet. Pourquoi aller le refaire dans la Grosse Pomme ? « Je voulais retrouver l’énergie du New York des années 1970. Je me suis beaucoup documenté, avec des centaines de photos de cette époque. J’ai découvert une ville très différente d’aujourd’hui, très crade, avec des déchets partout et une atmosphère particulière, notamment à Brooklyn. » Né en 1973, le réalisateur n’a pas connu cette époque qu’il tente ici de reconstituer. « Je voulais retrouver le cinéma fort des 1970, celui de Cassavetes, Mean Streets de Scorsese, Sidney Lumet et Jerry Schatzberg. Je ne voulais pas de couleurs vives pour la lumière, la peinture, les voitures, mais quelque chose de délavé comme dans Panique à Needle Park, une grande inspiration pour moi. Du coup pour la reconstitution d’époque, j’ai eu quelques problèmes avec les collectionneurs de voitures, qui ne voulaient pas qu’on les abîme ! » James Gray a également participé à ce travail de reconstitution. Séduit par Ne Le dis à personne, le réalisateur de Two Lovers a lui-même proposé à Canet de co-écrire Blood Ties. Après quelques mois d’échanges « instructifs, surtout pour la structure du film », leur collaboration s’est achevée car le new-yorkais devait bosser sur son propre long-métrage (The Immigrant, projeté à Cannes vendredi), laissant Canet finir le travail en solitaire.L’expérience américaine n’a pas été sans difficultés pour le français. « J’ai travaillé pendant de nombreuses années avec la même équipe sur mes précédents films, j’ai des liens forts avec eux, mais je n’ai pas pu emmener tout le monde aux Etats-unis. Du coup j’ai dû m’adapter à New York, où les techniciens sont habitués à bosser seulement 2 ou 3 jours avant de passer sur un autre plateau de tournage. Il n’y a pas les mêmes libertés qu’en France, les règles sont différentes notamment pour les autorisations. On n’a pas le droit de parler aux figurants par exemple, c’est le premier assistant réalisateur qui doit le faire ! C’est un peu étrange… Mais le manque de complicité avec l’équipe technique s’est peu à peu amélioré. L’un des techniciens aimait toucher les projecteurs, c’était interdit mais on a fini par le laisser faire. » L’expérience du film d’époque a plu au cinéaste français,  « même si c’est compliqué, plein de contraintes. » Après avoir capté ce New York vintage, Guillaume Canet aimerait bien tourner un film dans un Paris ancien. « On a tendance à l’oublier en regardant toujours nos pompes, mais c’est une très belle ville ».Eric Vernay Voir aussi :Les plus belles photos de l'équipe à Cannes