Avec La princesse et la grenouille, Disney est donc revenu aux fondamentaux : une bonne histoire, des dessins sublimes, un conte fédérateur et la 2D. A quelques mois de la sortie du film, nous avions rencontré Ron Clements et John Musker, les deux artisans de ce succès old school dans les studios Disney. Par Gaël Golhen Ron, John, comment est né le projet ? Ron Clements : Cela fait des années que Disney veut adapter le conte de Grimm, La Princesse et la grenouille ; depuis La Belle et la bête, je crois. Il y a eu plusieurs scripts lancés, plusieurs équipes ont bossé sur l'adaptation. Récemment encore, Disney a acheté les droits d'un livre de E.D. Baker, un conte pour enfants avec un twist : la princesse embrassait une grenouille et au lieu que la grenouille devienne prince, c'était la princesse qui se changeait en grenouille ; les deux héros vivaient ensuite tout un tas d'aventures... Ca n'a pas beaucoup de ressemblance avec notre film, à part le principe de base. Bref, Disney travaillait sur ce projet avec tout un tas de scénaristes, jusqu'à ce qu'on arrive. John Musker : Et parallèlement, Pixar a cherché à faire une version CG ["computer generated", animation par informatique, NDLR] de La Princesse et la grenouille. Au début ça devait se passer dans le Chicago des années 30, mais Lasseter suggéra La Nouvelle-Orléans. C'est l'une de ses villes préférées... Ils ont ébauché un scénario, mais ça n'a jamais marché. Ron Clements : Ce n'était pas un conte à proprement parler. Il y avait beaucoup de vaudou... Bref, quand Lasseter est devenu le responsable du studio, on avait quitté Disney depuis six mois. Il nous a demandé de plancher sur le sujet... et voilà ! Question design, quel était l'esprit que vous vouliez insuffler au dessin animé? Ron Clements : On voulait retrouver le look des classiques Disney. C'était ce qu'il fallait pour cette histoire de princesse. John Musker : Ron avait une idée très claire du look. Il voulait revenir à des dessins plus ronds, qu'on puisse voir bouger dans toutes les dimensions. Aujourd'hui, tout ce que propose la télé est très plat et surstylisé. Il fallait retrouver l'énergie tri-dimensionnelle, l'élasticité et la plasticité des vieux cartoons. Ca ne se fait plus : c'est amusant de constater que ce qui est vieux est aujourd'hui très neuf. Ron Clements : Et puis, on avait deux références essentielles : Bambi et La belle et le clochard. La belle et le clochard, c'était évident parce que le film se situe à la Nouvelle-Orléans et qu'il y a un travail incroyable sur l'architecture, le design de la cité. Bambi, c'était pour tout ce qui a trait à la nature, le bayou, le marais... Sur Bambi, les animateurs ont fait un travail de composition, de rythme dans l'image qui reste inégalé. Ce fut une vraie source d'inspiration, notamment sur la gestion des premiers plans. L'une des grandes forces du film, c'est le méchant... John Musker : C'était rigolo à faire. La plupart de nos méchants furent rigolos à créer, d'ailleurs. Ce qui nous a aussi beaucoup aidé, c'est de l'appeler dans les premières versions Shadow Man. On a imaginé tout ce théâtre d'ombres maléfiques qui traînent avec lui; ce sont ses sidekicks, en quelque sorte, et ça a beaucoup contribué à densifier son personnage. Ron Clements : Ce qui le définit, c'est l'avidité. On voulait aussi l'ancrer dans la réalité de La Nouvelle-Orléans, et lui donner des pouvoirs magiques. Mais sa magie est limitée, ce qui l'oblige à relever certains défis. La dynamique du personnage était vraiment fun, vraiment intéressante. Et puis il a une espèce de théâtralité. C'est un showman, il danse, chante et fait un numéro dès qu'il apparaît. Est-ce que vous avez senti une pression particulière en faisant ce film en 2D ? Vous aviez une obligation de succès ? Ron Clements : C'est toujours mieux ! C'est vrai que c'était stressant pour plein de raisons et quand tu travailles sur un film, tu veux évidemment qu'il marche ! Mais là on avait un stress particulier: c'est une industrie, et si La Princesse et la grenouille fonctionne, alors, il y aura d'autres films 2D à venir...La princesse et la grenouille : les secrets du nouveau DisneyPHOTOS - Les princesses DisneyBox-office : La Princesse et la Grenouille détrône AvatarBox-office : La Princesse et la grenouille font des étincellesLa Princesse et la Grenouille : succès record aux USAPHOTOS - La Princesse et la grenouille : les animateurs parlentDisney : après La princesse et la grenouille, La reine des neiges sera le prochain dessin animé fait main
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