Pour l'organisation à but non lucratif Culture and Media Institute, la masturbation masculine est plus choquante que la sexualité féminine. Ce groupe conservateur gardien de la bonne morale et promoteur des valeurs chrétiennes dans la culture et les médias américains vient de dresser une liste de films considérés comme "porno" sortis ou sur le point de sortir aux Etats-Unis.En haut de la liste donc, Don Jon, le premier film de Joseph Gordon-Levitt, une comédie romantique dans lequel il incarne un garçon accro au porno incapable d'avoir des relations stables et qui rencontre l'incurable romantique Scarlett Johansson. Présenté à Sundance où il a fait un carton, le film a néanmoins été délesté de ses quelques scènes les plus explicites pour pouvoir sortir R-rated, c'est-à-dire interdit aux moins de 17 ans non accompagnés d'un adulte, plutôt qu'interdit aux moins de 17 ans tout court, classification qu'a reçue La Vie d'Adèle outre-Atlantique. Il semblerait pourtant que l'acteur-réalisateur n'ait pas eu la main assez lourdes sur les coupes. Pour le groupe conservateur, la scène de trop montre Johansson tombant sur Gordon-Levitt en pleine masturbation - scène qui ne montre en fait rien d'autre que le garçon devant un écran, à l'image de l'ensemble du film qui est à peine plus cul que la moyenne de la romcom américaine.Ce qui ne passe pas dans le film de Kechiche, deuxième sur la liste, c'est bien sûr la longue scène de sexe entre Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, qui lui vaut une interdiction aux moins de 17 ans pour sa sortie en salles US. Outre sa nature pour le coup franchement explicite, cette scène relève carrément du "détournement de mineur" aux Etats-Unis, Adèle n'ayant que 15 ans quand elle rencontre Emma, comme le relève l'étude du centre citée par THR. Malgré ce double handicap cependant (pornographie+illégalité), La Vie d'Adèle est derrière Don Jon en termes de "pornographie" : pour ces chiens de garde conservateurs, une scène où l'on devine un homme en train de se masturber devant un film porno sans rien voir vraiment choque plus qu'une longue séquence de cul frontale entre deux filles.Le reste des films stigmatisés le sont surtout pour leur pitch. Perfect Mothers, le film d'Anne Fontaine dans lequel Robin Wright et Naomi Watts couchent chacune avec le fils de l'autre ; Thanks for Sharing, la comédie où Mark Ruffalo et Gwyneth Paltrow sont accros au sexe ; ou, encore mieux, Delivery Man, le remake américain de Starbuck où Vince Vaughn se retrouve père de 533 enfants suite à ses dons de sperme, sont tous blacklistés par le CMI."Il n'y aura pas grand chose pour les enfants dans les salles de cinéma cet automne note l'auteur du rapport. Ni pour les adultes qui ne trouvent pas divertissante la représentation graphique, vulgaire et dysfonctionnelle du sexe".Pour les autres (et les Français, surtout), La Vie d'Adèle sera dès le 9 octobre dans les salles, et Don Jon le 25 décembre. Bande annonce :
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