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Don Johnson est la grosse attraction – à égalité avec Sam Shepard – de Cold in July, petite série B mal fichue mais éminemment sympathique présentée à la Quinzaine des Réalisateurs. Il y aurait beaucoup à dire sur la « renaissance » du Don, Marlboro Man apaisé et buriné croisé récemment dans Django Unchained et la série Eastbound and Down. Seulement voilà : en quelques minutes sur un coin de table, les pieds dans le sable, on n’a pas pu s’empêcher de le cuisiner sur ses années pastel et la légende Miami ViceDon Johnson, c’est quoi votre meilleur souvenir de Cannes ?C’était sur une plage, une nuit, pas très loin de là où on est aujourd’hui. J’étais avec mon vieux copain Nick Nolte, on parlait de cinéma, de tout et de rien… A un moment, je me tourne vers lui et je lui dis : « C’est quand même incroyable que tu sois encore en vie. C’est qui ton docteur ? » Je voulais absolument rencontrer le type qui avait maintenu Nolte en vie ! C’était forcément un génie de la médecine.Il vous a donné une bonne adresse ?Non, en fait c’est Nick qui veille personnellement sur ma santé depuis ce jour-là…Je suis allé faire un tour sur votre fiche imdb juste avant cette interview et j’ai appris que vous aviez joué Elvis (dans le téléfilm Elvis and the Beauty Queen, en 1981)Ouh là, oui, je jouais le Fat Elvis. Le Elvis des dernières années… Souvenir épouvantable.Le film n’était pas bon ?Oh, si, c’était OK, mais j’avais dû prendre 15 kilos pour le rôle. C’était un cauchemar, je me sentais atrocement mal dans ce corps-là.Ça vous ennuie si je profite de l’occasion pour checker avec vous une ou deux légendes sur Miami Vice ?Fais-toi plaisir.On raconte qu’à l’origine, vous n’étiez pas super content du look costard-Tshirt-Repetto de Sonny Crockett et que vous aviez essayé de convaincre Michael Mann de le jouer en santiags…N’importe quoi. Totalement faux. C’est moi qui ai inventé le look de Crockett ! Avec Michael et la costumière Jody Tillen, on était complètement sur la même longueur d’onde.On dit aussi qu’Enzo Ferrari vous a offert une TestaRossa pour vous remercier de vos états de service…C’est pas tout à fait ça. Il a supervisé la fabrication d’une voiture pour moi…Mais il ne vous l’a pas donné ?Disons qu’il m’a fait une ristourne…Vous aviez réalisé quelques épisodes de la série à l’époque. C’était pas trop stressant de faire ses premiers pas dans la mise en scène et d’avoir Michael Mann sur le dos ?Oh, Michael n’était pas sur le set en permanence, il nous laissait vivre notre vie. Il préparait son film Le Sixième Sens à l’époque. On venait du cinéma indépendant lui et moi, ça nous avait rapproché, on abordait le métier avec le même état d’esprit. Et ses retours sur mes épisodes étaient toujours enthousiastes. Très encourageants.Vous n’avez pas persisté. C’est un regret ?Non, d’ailleurs figure-toi que juste après cette interview, je file à un rendez-vous pour discuter d’un film que je pourrai bien réaliser moi-même. C’est compliqué la réalisation, il faut maintenir intacte ta passion pour un projet sur une très longue durée, franchir énormément d’obstacles. On verra…Peu de gens savent que vous avez écrit un script avec Hunter S. ThompsonOui, qui est devenu le pilote de Nash Bridges ! C’était un très bon ami, Hunter, je cherchais un moyen de bosser avec lui. Bon, je reconnais que c’était compliqué de faire rentrer sa prose et ses dialogues dans le cadre d’un programme grand public de CBS, mais c’est justement ça, l’art. Un processus complexe, une métamorphose permanente.J’ai passé mon enfance à regarder Deux Flics à Miami et vous savez quoi ? Je n’ai aucune idée de comment finit la série. Vous me racontez ?Aïe, question piège. C’est pas très frais comme souvenir mais je crois que Crockett rend son badge et quitte Miami en bateau. Il atterrit sur une île où le soleil se couche tard et où les verres sont toujours remplis. Entouré de femmes sublimes, ça va de soi.Interview Frédéric FoubertCold in July (Juillet de sang) pour Jim Mickle avec Sam Shepard, Michael C. Hall et Don Johnson est présenté à la Quinzaine des réalisateurs