Discount, Samba, Boudu sauvé des eaux… le top 10 des comédies sociales françaises
Discount, Samba, Boudu sauvé des eaux… le top 10 des comédies sociales françaises
Prix de gros
En salles mercredi, <em>Discount</em>, portrait d?employés d?un hard discount qui unissent leurs forces pour sauver leurs emplois, perpétue la tradition d?un certain cinéma populaire français qui surfe avec humour sur la morosité sociale. La preuve par dix.<strong>Christophe Narbonne (@chris_narbonne)</strong>
Boudu sauvé des eaux (1932) de Jean Renoir
Etat de crise : Clochard anar désespéré par la perte de son chien, Boudu se jette dans la Seine. Il est sauvé par monsieur Lestingois, libraire idéaliste. Cabinet de crise : Monsieur Lestingois héberge Boudu chez lui le temps que ce dernier se requinque et reprenne goût à la vie, ce qu?il fait très vite en troussant la bonne et en séduisant la maîtresse de maison. Sortie de crise : En transposant la crise chez ceux qui sont censés l?en préserver, Boudu met au jour des crispations de classe et une tension sexuelle refoulées. Il devra replonger dans l?eau pour que l?ordre soit rétabli? Film à resituer dans le contexte anar et dadaïste de l?entre-deux guerres, ce classique de Renoir établit les règles de la comédie sociale à la française, souvent défini par la lutte des classes.
Le coût de la vie (2003) de Philippe Le Guay
Etat de crise : Portraits de plusieurs personnages conduits à leur perte par l?argent.Cabinet de crise : Le dépensier doit apprendre à compter ; le radin doit apprendre à donner ; la riche héritière doit apprendre à connaître la valeur de l?argent?Sortie de crise : « Si l?argent ne fait pas le bonheur, il y contribue », tel pourrait être le leitmotiv de ce film qui oppose les classes, les vices et les vertus dans un bel élan ?cuménique. CommeMa petite entreprise, il confirme le tournant choral de la comédie sociale au tournant du siècle.
La crise (1992) de Coline Serreau
Etat de crise : Conseiller juridique, Victor est licencié et abandonné par sa femme le même jour.Cabinet de crise : Victor se découvre un nouveau confident en la personne de Michou, avec lequel il va zoner de chambres en chambres et de rencontres en rencontres.Sortie de crise : Victor et Michoux réintègrent une vie à peu près normale, qui auprès de son épouse, qui auprès d?une femme conquise de manière imprévisible. Un an après Gérard Jugnot, Coline Serreau appuie sur le bouton de la flambée du chômage qui touche toutes les catégories sociales. Carton.
Ma petite entreprise (1999) de Pierre Jolivet
Etat de crise : Suite à l?incendie de son entreprise de menuiserie, Ivan fait appel à son courtier en assurances qui se révèle un escroc.Cabinet de crise : Ivan fait appel à toutes les forces vives de son entourage, y compris à l?escroc qui a ruiné son activité, pour s?en sortir.Sortie de crise : Au prix d?entorses à la légalité, Ivan parviendra à sauver sa petite entreprise? Pierre Jolivet parodie le film de casse avec un généreux sens de l?humour et de l?observation sociale. Dopé par l?incroyable force comique de François Berléand, « révélation » à 47 ans du film,Ma petite entreprise possède cette énergie et cet humanisme propres aux feel good movies britanniques.
La vie est un long fleuve tranquille (1988) d’Etienne Chatiliez
Etat de crise : À leur naissance, Maurice et Bernadette ont été échangés par une infirmière éconduite par son amant. Douze ans plus tard, cette indélicate Josette décide de dire la vérité aux deux familles concernées.Cabinet de crise : Retranchés derrière un humanisme de bon aloi, les Le Quesnoy, famille aisée, simulent l?adoption de Maurice pour éviter de dire la vérité à Josette tout en « récupérant » leur enfant naturel qui a été élevé par les Groseille, famille très modeste.Sortie de crise : D?abord ennemies, les deux familles, symboles de la fracture sociale made in France, parviennent à se réconcilier à force de compromis? Cousine de la comédie sociale, la satire sociale est un genre très français également (Pierre Tchernia, Yves Robert, Jean Yanne en sont les glorieux bâtisseurs) qu?Etienne Chatiliez a incarné presqu?à lui seul au cours des années 80-90. Ses héritiers se font discrets, à l?exception de l?allumé Albert Dupontel.
Les Apprentis (1995) de Pierre Salvadori
Etat de crise : Réunis sous le même toit pour des questions financières, Antoine et Fred vivotent, en travaillant occasionnellement pour l?un, en volant pour l?autre.Cabinet de crise : D?abord étrangers l?un à l?autre, Antoine et Fred apprennent à s?apprivoiser et à mutualiser leurs « compétences ».Sortie de crise : L?amitié, pour ne pas dire la fraternité, sauvera Antoine de la dépression et Fred de l?échec social. Avec ce deuxième film, Pierre Salvadori s?imposait comme le peintre un peu désabusé de son époque, entre démerde, doute, rigolade et espoir.
Mammuth (2010) de Gustave Kervern et Benoît Delépine
Etat de crise : A l?heure de la retraite, Serge Pilardosse se rend compte qu?il a été « oubli? par d?anciens patrons tête en l?air.Cabinet de crise : Incitée par sa femme à réagir, Serge enfourche sa moto, une Münch Mammuth, pour sillonner la France à la recherche de ses employeurs passés.Sortie de crise : En route, Serge découvrira l?amour et une France inconnue, celle des glandeurs, des marginaux et des solitaires. Corrosif et renouant avec l?esprit anar des Renoir, Clair et consorts, Mammuth, fruit de l?imagination de deux redoutables Grolandais, est une ode à rien, sinon à la liberté de penser en paressant ?ou l?inverse.
Marche à l’ombre (1984) de Michel Blanc
Etat de crise : François et Denis, deux SDF antinomiques, arrivent à Paris dans l?espoir de percer dans la musique. Hélas, leur contact les plante.Cabinet de crise : Les deux compères finissent par trouver refuge dans un squat auprès de gens d?origines variées. François, lui, trouve le réconfort dans les bras de Mathilde, une jolie danseuse.Sortie de crise : François et Denis se rabibochent après plusieurs disputes et continuent leur bonhomme de chemin à New York, théâtre de tous les possibles. C?est, mine de rien, l?un des premiers films français, tous genres confondus, à mettre en scène la rue et ses exclus, qui commençaient à pulluler dans la capitale.
Samba (2014) d’Eric Toledano et Olivier Nakache
Etat de crise : Samba est un travailleur étranger en situation irrégulière toujours sur le qui-vive. Alice est une quadragénaire dépressive qui fait du bénévolat dans une association d?aide aux sans-papiers.Cabinet de crise : Drôle et insouciant malgré sa précarité, Samba aide Alice à prendre de la distance et à s?intéresser aux sorts des gens qu?elle est censée aider.Sortie de crise : L?amour, bien sûr, trait d?union de toutes les comédies sociales qu?on vient de revisiter, triomphe à la fin. Avec cette patte qui les caractérise, à la fois populaire et ambitieuse, Toledano et Nakache s?inscrivent dans la grande tradition du cinéma populaire français qui cherche à édifier par le rire. Mission accomplie.
Une époque formidable (1991) de Gérard Jugnot
Etat de crise : Michel Berthier perd son job et, à cause d?un orgueil mal placé, finit par quitter le domicile conjugal. Il se retrouve à la rue.Cabinet de crise : Berthier est « recueilli » par un groupe de marginaux dirigé par le Toubib. Là, aux côtés de Crayon, de Mimosa et d?autres, il va apprendre le sens de la vie.Sortie de crise : Poussé par ses amis, Berthier réintègre le foyer familial non sans culpabilité ni regrets. Ce faux happy end est la force d?une comédie sociale réaliste qui ne prend jamais ses personnages (et les spectateurs) pour des imbéciles. Ça vaudra àUne époque formidable, miroir « informant » d?une société française en crise, de devenir un gros succès public et critique.
En salles mercredi, Discount, portrait d’employés d’un hard discount qui unissent leurs forces pour sauver leurs emplois, perpétue la tradition d’un certain cinéma populaire français qui surfe avec humour sur la morosité sociale. La preuve par dix.Christophe Narbonne (@chris_narbonne)
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