Los Angeles : le quotidien de David, infirmier mutique qui soigne les corps de ses patients de très (trop) près… On va s’arrêter là dans le résumé. Ne pas trop parler, car découvrir les tenants et les aboutissants de Chronic se mérite. Il faudra attendre trente bonnes minutes pour sentir à peu près vers où se dirige le film, qui ne dévoile ses secrets hors champ qu’au détour d’une réplique (les dialogues sont aussi rares que brefs). Mais sachez que ça parle de mort et de deuil, et c’est filmé intégralement en plans-séquences larges et fixes, sans aucune musique, même pas diégétique, même pas pendant le générique de fin. Ca fait envie, hein ? Mais voilà, le jeune (36 ans) cinéaste mexicain Michel Franco n’est pas Michael Haneke : sa Chronic est mutique mais pas fermée. Ni autiste, ni misanthrope. Il y a la mort, la merde, la maladie, la violence de l’approche de la fin, les divorces, les haines recuites et tout ce qui fait un bon film (ou au moins : un bon drame), mais jamais Franco ne prend le spectateur par la nuque pour le traîner dans la fange en hurlant "tu es avec moi ou contre moi". Non, Franco n’est heureusement pas Haneke malgré des goûts similaires pour les sujets hardcore (rappelez-vous le frappant Después de Lucia et sa dissection du harcèlement collégien, présenté à Un certain regard il y a trois ans ). Il laisse aimablement le choix de se sentir ou non du côté de son personnage principal incarné par Tim Roth. Choix surprenant mais plus qu’inspiré. Livrant une perf d’infirmier vampirique (c’est le twist un poil attendu du film) mais d’une surprenante tendresse dans la simplicité de ses gestes -les plans s’attardent sur sa façon de prendre soin des corps souffrants, sans voyeurisme inutile ni pathos déplacé- Roth est d’une justesse frappante qui redonne foi en sa filmo un peu basse façon DTV ces derniers temps (Grace de Monaco, United Passions…). Comment, pourquoi supporter la douleur et l’absence, interroge le film. Mais ni façon snuff ni façon violons, avec une rigueur épicurienne et une posture cinématographiquement exigeante qui lui ont valu sa sélection évidente pour la compétition pour la Palme.Sylvestre Picard (@sylvestrepicard)Chronic n'a pas encore de date de sortie française et vient de gagner la Palme du Meilleur scénario. Premier extrait :
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- Chronic : Tim Roth dans un drame douloureux et exigeant
Chronic : Tim Roth dans un drame douloureux et exigeant
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