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Ça raconte quoi ? Une dizaine d’années de la vie d’Adèle, lycéenne en quête d’identité qui se trouve en découvrant l’amour avec Emma. Un coming of age movie doublé d’une histoire d’amour brûlante.

C’est avec qui ? C’est le film d’Adèle Exarchopoulos, la révélation de l’année et, dans une moindre mesure, de Léa Seydoux. Le duo bouffe tellement l’écran que le reste du cast est presque fantomatique ; on y croise Salim Kechiouche, Jérémie Laheurte, Aurélien Recoing ou encore Benjamin Siksou.

Nominations ? 8. Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure actrice pour Léa Seydoux, meilleur espoir féminin pour Adèle Exarchopoulos, meilleure adaptation, meilleur son, meilleure photographie, meilleur montage.

Pourquoi fallait le voir ? Au-delà du fait qu’il s’agit de la Palme d’or du dernier Festival de Cannes, au-delà, surtout, de toutes les polémiques, La Vie d’Adèle est rien moins qu’une des histoires d’amour les plus fortes jamais vues à l’écran. Abdellatif Kechiche transcende le parcours amoureux d’une fille ordinaire pour en faire l’alpha et l’omega de la love story et parvient accessoirement à rendre absolument secondaire le fait qu’il s’agisse d’une histoire d’amour lesbienne. Pour la claque émotionnelle donc, que le cinéaste faussement naturaliste transforme par la virtuosité de sa mise en scène en expérience physique. Pour Adèle Exarchopoulos, enfin, qui se donne entièrement à son rôle et insuffle une force et une sincérité inouïes à son personnage. 

Ça repart avec quoi ? Farouchement anti-« système », Kechiche peut-il quand même être distingué par lui ? Ce fut le cas en 2005 (pour L’esquive) et en 2008 (pour La Graine et le mulet), où le cinéaste a réalisé le triplé meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario ou scénario adapté. Si l’Académie, composée de membres d’une profession dans laquelle il ne se reconnaît pas, n’est pas rancunière, Abdellatif Kechiche mérite les César du meilleur film ET du meilleur réalisateur. Un pied de nez serait de l’ignorer dans les catégories reines et de distinguer Léa Seydoux, enfant de la balle devenue symbole des tensions entre le cinéaste et le reste de la profession. Dans les deux cas, Adèle Exarchopoulos ne peut pas repartir sans le César du meilleur espoir féminin : elle méritait largement celui de la meilleure actrice. Pour l’adaptation en revanche, il aura du mal à concurrencer Guillaume Gallienne qui adapte dans Les Garçons et Guillaume à table son propre spectacle semi-autobiographique. Et côté photo, il devra se mesurer au très bel Inconnu du Lac ainsi qu’à Renoir, éclairé Mark Lee Ping Bin, directeur de la photo taïwanais multiprimé, notamment pour son travail sur In The Mood for Love. Verdict : seul le César d'Adèle est une certitude.

 

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