Ils étaient venus en force. Un brelan de rois italiens. Paolo Sorrentino, Nanni Moretti et Matteo Garrone. Avec du lourd : Youth, buddy movie philosophie entre Michael Caine et Harvey Keitel ; Mia Madre, récit autobiographique sur le deuil et la création ; et enfin Tale of Tales, ambitieux conte de fées labyrinthique au cast international. Trois auteurs purement cannois, calibrés pour être palmés. Sorrentino avait son fauteuil à Cannes depuis Les Conséquences de l'amour en 2004. Garrone a explosé en 2008 avec Gomorra et est revenu en 2012 avec Reality. Et Moretti le vétéran a gagné la Palme d’or en 2001 pour La Chambre du fils et a été président du jury en 2014. Le sélectionneur Thierry Frémaux a ainsi coupé l’herbe sous le pied du Festival de Venise en attirant sur la Croisette trois des plus connus réalisateurs italiens actuels et leurs castings prestigieux, de Salma Hayek à Michael Caine absent du Festival depuis Alfie en 1966. Il y avait largement de quoi récompenser l’Italie. L’absence de Tale of Tales est explicable : son air de fantasy onirique entre Caravage et Manara a laissé perplexe la presse (et le jury, sans doute). Youth est un Sorrentino mineur. Donc des trois, Moretti était le mieux placé pour briller au palmarès et Mia Madre, dès son poster reprenant celui de La Chambre du fils et son thème identique -le deuil et son dialogue avec la création- pouvait valoir des palmes à Nanni. Mais non. Au finish d’un palmarès distribuant pourtant les récompenses avec un fort souci égalitariste au détriment de la cohérence (l’ex aequo Mara/Bercot, la Mise en scène à Hou Hsiao-Hsien, le Scénario à Michel Franco), la France a été en force. Vincent Lindon, Emmanuelle Bercot, Jacques Audiard, et arriverdeci.Pourquoi Youth pourrait (devrait) être le plus populaire des SorrentinoNotre critique de Mia Madre de Nanni MorettiMatteo Garrone : "Devant Le Conte des Contes, il faut se lâcher"Evidemment, la presse italienne s’est fait l’écho d’un fort ressentiment. "La grande amertume", titre La Stampa. En refusant de donner des prix aux Italiens, "Cannes déçoit l’Italie" selon La Repubblica. "Je continuerai à aimer les frères Coen en tant que réalisateurs, mais comme présidents du jury, je dois dire qu’ils ont déçu", écrit l’éditorialiste du Corriere Della Serra. Des réactions qui ont moins à voir avec la qualité des films présentés que leur nationalité. Gageons que les réactions auraient été les mêmes dans la langue de Méliès si la France n’avait gagné aucun prix à Cannes 2015.
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Cannes 2015 : où sont passés les Italiens ?
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