Les hommages continuent de tomber suite au décès brutal du comédien Philip Seymour Hoffman (mort peut-être d'une overdose dimanche 2 février). Et c'est au tour du réalisateur Cameron Crowe de saluer la mémoire de l'acteur sur son site TheUncool.com : Crowe avait engagé Hoffman dans son film Presque célèbre (2000), beau film nostalgique semi-autobiographique sur le journalisme rock des 70's. Hoffman, qui n'a passé que quatre jours sur le plateau à cause de son emploi du temps, y joue Lester Bangs, le légendaire critique rock gonzo de Rolling Stone et Creem et mentor du héros William (Patrick Fugit), lycéen journaliste en herbe. Hoffman avait gagné le rôle face à Jon Favreau et Jack Black, qui avaient également auditionné.Au cours d'une scène superbe (que nous avons inclus dans notre top 10 des meilleures scènes de Philip Seymour Hoffman) vers la fin du film, William appelle Lester pour lui faire part de sa déception après avoir fréquenté de trop près les rock stars du groupe Stillwater. Le critique lui dispense alors une magistrale et simple leçon de vie et de boulot, sur fond sonore de Leonard Cohen, rappelant à William de rester fidèle à lui-même et de ne jamais croire que les stars sont ses potes. "We're uncool", conclut Lester :Crowe est revenu sur les dessous de cette scène : "ma première idée était que Lester Bngs fasse un discours bruyant en plein milieu de la nuit. Un appel aux armes. Entre les mains de Phil, c'est devenu quelque chose de différent", se rappelle le réalisateur. "C'est devenu une scène de vérités silencieuses partagées entre deux types, tous deux à des carrefours, tous deux en souffrance, et tous deux debout beaucoup trop tard. C'est devenu l'âme du film. Entre les prises, Hoffman ne parlait à personne. Il n'écoutait que son casque audio, avec les mots de Lester lui-même (son Walkman était plein d'interviews rares avec Lester). Quand la scène fut terminée, je me suis rendu compte qu'Hoffman avait réalisé un tour de magie. Il avait seulement survolé les mots et le script, et était parti chasser l'âme et la compassion du soldat Lester, que nous étions peu à avoir vu. D'un coup, le portrait était complet. L'équipe du film et moi-même lui seront toujours reconnaissants de nous avoir laissé assister du premier rang à l'expression de son génie."