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Qu’est-ce qui t’a plu dans ce rôle de fille obsédée par la fin du monde décidée à se donner les moyens d’y survivre en s’engageant dans un camp militaire ?Madeleine, c’est un personnage jusqu’au-boutiste, totalement intransigeant et surtout, qui est drôle. Pas au sens « je vais vous raconter une blague », mais parce qu’elle a une proposition d’existence hyper originale. La rencontre avec Thomas Cailley a été décisive aussi. Et puis ce qui m’éclatait, c’était la dimension physique, les bastons : j’avais un flingue j’étais contente quoi !J’ai l’impression que tu abordes tes rôles avec le corps, ici par l’intermédiaire du burlesque. Tu te considères comme une actrice physique ?J’aime le burlesque. Justement en ce moment je joue dans une pièce pour les enfants où on incarne des martiens. C’est physique, c’est le plaisir du jeu à l’état pur ! C’est la base, un peu comme un jeu de cours de récré. Le film est hyper riche, parce qu’en plus de cet aspect comique, il y a l’aspect métaphorique : qu’est-ce que ça signifie d’exister quand on est jeune et démuni face au monde ? Particulièrement aujourd’hui dans un monde un peu bouché. Toutes les propositions, elles ont déjà été faites, il y a déjà eu des gens géniaux avant nous, en mieux. Nous, il nous reste pas grand chose à part nos propres obsessions.Tu as une belle scène de baston contre un garçon dans le film. Tu fais toujours du judo ?(rires) Non, j’ai fait du judo de 5 à 12 ans. Jusqu’à la ceinture verte. Je suis un peu dégoûtée parce qu’il parait que c’est facile d’avoir la verte, tout le monde me dit ça ! Alors que moi j’avais l’impression d’être un héros. J’ai fait de la compète, j’ai beaucoup de coupes de judo chez moi, mini poussin, poussin, tout ça.T’as déjà nagé avec des Rangers, comme ton personnage ?(rires) Non, seulement avec des sandalettes en plastique. Et pas non plus avec des tuiles dans le sac à dos ! Mais petite, j’avais un grand jeu, c’était de traverser les rivières en transportant des gros cailloux.Tu as deux films à Cannes, Les Combattants et L’homme qu’on aimait trop d’André Téchiné. J’imagine que l’ambiance devait être très différente sur les deux tournages…Oui ! Les deux rôles n’ont rien à voir. Le Téchiné se passe sur la Riviera, dans une ambiance super aristo. C’est plus littéraire et dramatique. Agnès Le Roux, que je joue, est un personnage qui se consume. J’avais toujours peur de ce qu’André allait dire, il est vraiment implacable – même si ça s’est très bien passé. Il est intimidant par son histoire, et sa franchise. Ça m’a forcé à ne pas me laisser aller. Parce qu’à un moment on commence à tellement se kiffer qu’on fait n’importe quoi, en s’imaginant que ça va intéresser tout le monde. Avec Téchiné, ça m’a recadrée. Et ça m’a aidé sur le tournage des Combattants, j’avais plus le contrôle.Sur le Téchiné il y avait aussi Catherine Deneuve, ça fait beaucoup de légendes du cinéma français sur un plateau.Oui, au début, j’avais peur de me faire virer.Alors que juste après, sur le tournage des Combattants, tu étais plutôt l’ancienne, avec de l’expérience.Oui, même si je n’ai pas cherché à jouer avec ça. C’était ambiance colo de vacances, on a traîné dans les campings. C’était un tournage rocambolesque.Vous n’avez pas mangé de renard ?Non, mais il parait qu’il y a des recettes !Ton personnage veut faire un camp à l’armée, mais découvre que ce n’est pas son truc. Et toi, c’est ton truc ?Disons que je n’ai pas vraiment un propos militariste. Mais quand j’ai fait ma journée d’appel, j’ai failli faire un stage chez les parachutistes. C’était cool, on allait aller en montagne, avec la neige et le parachute. Le côté discipline de l’armée me gonflerait sûrement. Et comme mon personnage, se jeter sur une grenade pour minimiser son impact, franchement je trouve ça stupide.Interview Eric VernayVoir aussiLa critique des Combattants