Première : Dans Hungry Hearts, vos personnages s’aiment jusqu’au bout, même s’ils se font du mal. Le plus étonnant, c’est que vous ne prenez parti pour aucun des deux.Saverio Costanzo : J’ai écrit le script à un moment de ma vie où j’avais besoin d’être indulgent avec tout le monde, à commencer par moi-même. Je suis un jeune père et j’ai connu une séparation très douloureuse. J’avais d’abord besoin de me pardonner et ensuite de pardonner à la mère de mon enfant. Créer ces personnages m’a beaucoup aidé. Cette expérience a été cathartique, c’est pourquoi je ne juge pas. Dans cette histoire, je ne sais pas qui a raison ou qui a tort et ça m’est égal.Adam Driver est très demandé actuellement. Comment l’avez- vous convaincu de jouer dans votre film ?C’est à lui qu’il faut poser la question. En tout cas, ce fut d’une incroyable facilité. Une fois le script écrit, Alba (Rohrwacher, sa compagne et actrice principale) et moi sommes allés à New York pour y rencontrer le directeur de casting Douglas Aibel (qui travaille pour Wes Anderson, James Gray, M. Night Shyamalan...). Il m’a montré une photo d’Adam, qui m’a immédiatement plu, mais celui-ci n’était pas disponible. Par la suite, beaucoup de grands noms se sont intéressés au rôle, mais je n’étais pas convaincu. De retour en Italie, j’étais prêt à abandonner, faute d’avoir trouvé un interprète pour le personnage de Jude, quand Doug Aibel nous a appelés pour nous dire qu’Adam voulait nous rencontrer. Nous sommes tombés d’accord en deux heures.Vous citez Frederick Wiseman comme une influence majeure. Que vous a-t-il apporté ?Grâce à lui, j’ai compris que le cinéaste doit observer tout en participant, c’est- à-dire en restant à l’écoute de ce qui peut se produire sur le tournage. Wiseman a une façon apparemment très radicale de montrer les choses, mais c’est l’un des réalisateurs les plus doux et les plus aimables qui soient. J’ai découvert ses films lors de l’intégrale que lui a consacré le Lincoln Center à la fin des années 90. C’est là que j’ai su que je voulais devenir cinéaste. Wiseman est plus qu’une inspiration pour moi.Pourquoi avoir choisi un format presque carré ?Pour filmer une histoire où les scènes sont jouées dans des espaces exigus, il faut tourner au grand-angle. Et le format le plus adapté dans ce cas-là, c’est le 1.66, comme l’a prouvé Wong Kar-wai. Incidemment, la focale courte contribuait à donner à Alba une apparente maigreur alors qu’elle ne s’était pas spécialement préparée physiquement. Pas besoin de se torturer pour perdre du poids. C’est un pur effet d’optique. Gérard DelormeHungry Hearts en DVD et blu-ray le 7 juilletBande-annonce :
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