Rise of the Pink Ladies roule des mécaniques et en fait des caisses. Une série tellement "too much" qu'elle en deviendrait presque addictive !
Non, ce n'est pas seulement l'histoire de quelques filles qui décident de porter des vestes roses assorties. Grease : Rise of the Pink Ladies, qui vient de débuter sur Paramount +, a beaucoup de choses à dire et les dit avec force, en chansons, avec des paillettes et une extravagance qui confine parfois à l'emphase. Car la série préquelle au film culte de 1978 raconte les prémisses du féminisme, une volonté d'émancipation de quelques jeunes filles sages, bien décidées à ne plus rentrer dans le moule dessiné par leurs mères.
Nous voilà de retour au bon vieux temps des 50's. Exactement en 1954, soit quatre ans avant l'arrivée de Sandy au lycée de Rydell, et alors que Danny Zucko n'est même pas encore un T-Bird. L'histoire suit quatre jeune filles aux horizons très différents, qui s'unissent pour lutter contre le poids de la pression sociale et former le premier gang féminin du bahut : celui des Pink Ladies.
Pas encore de Rizzo ou de Frenchie. Elles sont rapidement évoquées ici et là, mais c'est en réalité toute une nouvelle bande de filles que présente cette histoire totalement originale, qui multiplie les clins d'oeil au film, en cherchant à trouver son propre ton. Un ton résolument moderne. Si l'émantication féminine était déjà présente, en sous-texte de Grease, elle devient le sujet principal de la série dérivée. Une oeuvre féministe jusqu'au bout des ongles, entièrement écrite à travers le prisme de la société post-#MeToo des années 2020, ce qui n'est pas sans provoquer un mélange des genres un peu problématique. Le mixe entre un décorum 50's exacerbé et des thématiques hyper-modernes à parfois du mal à passer, à l'image des rapports hommes / femmes observé via une focale beaucoup trop actuelle.
Ce Grease 2023 n'a donc rien d'automatique. Mais on ne peut pas lui enlever une envie féroce d'être résolument fantastique. La production est grandiose. Les décors, les costumes, les couleurs, l'ambiance... On en prend plein les yeux. D'autant que la série ose des choses formelles, met en scène des chorégraphies à couper le souffle, comme cette séquence d'ouverture très spectactulaire en plan-séquence, dans un Drive-In, où des ados se déhanchent en rejouant le tube "Grease". Bien souvent, la mise en scène de Rise of the Pink Ladies nous ramène d'ailleurs à Broadway, le territoire original de Grease (où le show a été créé en 1971). Cette volonté d'un retour aux racines s'accompagne de moments surréalistes. Comme souvent dans les "musicals" de Broadway, tout est "too much". La série en fait des caisses pour marquer le coup et faire passer ses messages.
Alors soit on se laisse prendre au jeu, soit on reste totalement hérmétique à cette folie esthétique. Ce qui n'est pas sans rappeler les premières saisons de Glee. Quelques numéros impressionnants dans les couloirs du lycée et sur les pupitres des salles de classe, menés tambour battant par un casting de jeunes talents extatiques, nous ramènent aux heures de gloire de la création de Ryan Murphy... qui elle-même était déjà largement inspirée par Grease ("You're the One That I Want" était chanté par les élèves de Mr Schuester dès l'épisode 1). Ainsi, Rise of the Pink Ladies boucle la boucle. Et même si elle, s'appuie essentiellement sur des chansons originales du compositeur Justin Tranter - loin d'être toutes réussies - la nouvelle teen série musicale a vraiment une bonne tête de successeur pour fans de Glee désœuvrés.
Grease : Rise of the Pink Ladies, saison 1 en 8 épisodes à voir sur Paramount + depuis le 8 avril 2023.
Commentaires