L’acteur magnétique du Traitre, revient dans un thriller napolitain. Depuis la croisette où Nostalgia était présenté en compétition, Favino avait levé voile sur son personnage…
Pierfrancesco Favino a une gueule. Du charisme aussi. Vous l’avez forcément vu quelque part dans des prods hollywoodiennes (Le Monde de Narnia, Anges et Démons, La nuit au musée, World War Z…) ou le thriller choral italien (Romanzo Criminale...), sans trop vous demander si cet homme-là avait vraiment un nom et un prénom. Le Traitre de Marco Bellocchio en 2019 a replacé Favino au milieu de l’écran. Après l’avoir vu en mafieux repenti et hâbleur, impossible d’oublier ce regard aussi perçant que flippant dans lequel on croirait voir du De Niro des grands soirs. Pierfrancesco Favino, 53 ans, romain de cœur et d’origine, joue aujourd’hui un napolitain dans Nostalgia de Mario Martone, présenté l’année dernière en compétition officielle au Festival de Cannes.
Entretien de Pierfrancesco Favino pour Le Traitre (2019)Felice (Favino donc) débarque dans son quartier d’enfance après 40 ans d’absence. Que vient-il y faire ? Ici, rien a vraiment changé et les murs lézardés de partout témoignent d’un passé qui s’accroche au présent. Film de Mafia, thriller psychologique, on pourrait aussi dire comédie dramatique. Tout fonctionne et pourtant chaque étiquette réduit la portée de ce portrait tout en clair-obscur d’un héros en prise avec ses démons.
Critique de Nostalgia de Mario MartonePierfrancesco Favino sous un soleil croisette et dans un français impeccable, nous avait dit ces quelques mots :
« Si la ville que retrouve mon personnage est immobile, lui va profondément changer. Nostalgia est l’histoire d’une métamorphose. Pour autant, ces bouleversements sont principalement intérieurs et s’expriment par des petits détails : un regard, un geste, une façon de traverser une ruelle en ayant l’air de ne pas parvenir à appréhender l’espace. Au cinéma, la psychologie doit toujours s’incarner de façon très physique. Particulièrement ici, puisque Felice parle peu, il reste à l’écoute. J’ai adoré être silencieux. Par rapport à mon rôle dans Le Traitre, c’est le Ying et le Yang. Le film laisse le soin au spectateur de se faire une idée du mystère qui émane de Felice. Les lieux où nous avons tourné occupent une place primordiale dans cette construction mentale. Ce n’est pas la population qui s’est adapté aux contraintes du tournage, mais l’inverse. Nous allions chez les gens, nous discutions avec eux… Il y avait une approche presque documentaire dans le travail. La séquence de confrontation entre Felice et son ami d’enfance devenu truand, a été en grande partie improvisée. Elle exprime une forte tension, mais au final, c’est peut-être l’une des plus romantiques que j’ai tourné dans ma carrière. »
De Mario Martone. Avec : Pierfrancesco Favino, Tommaso Ragno, Fransesco di Leva… Durée : 1h57
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