Étrange idée que cette histoire dérivée de Vol au-dessus d'un nid de coucou. Le prolifique Murphy propose une version pop colorée de l'infirmière culte, avec ce drama d'époque, brillant par moments, mais aussi complètement vain.
Pour sa troisième collaboration avec Netflix, Ryan Murphy reste dans ce qu'il sait faire. Le très prolifique producteur livre ce qui pourrait parfaitement être une nouvelle saison d'American Horror Story. Une histoire d'hôpital psychiatrique, dans lequel se retrouve enfermé un tueur de prêtres sanguinaire, et où sévit aussi un inquiétant docteur aux pratiques expérimentales des plus sordides. Entre en scène la mystérieuse Mildred Ratched, qui va lentement mais sûrement manipuler son monde, avec froideur et autorité. Si son nom vous dit quelque chose, c'est probablement parce que vous avez vu l'excellent film oscarisé de Miloš Forman.
L'infirmière Ratched, c'est évidemment cette tortionnaire imaginée par Ken Kesey (dans son roman de 1962), qui fait trembler Jack Nicholson et tous les résidents de son asile. Qui est-elle vraiment ? D'où lui vient ce tempérament tyrannique ? Murphy se lance à la découverte de son passé dans ce drôle de « préquel », qui sort ce vendredi sur Netflix et qui raconte des événements se déroulant techniquement une quinzaine d'années avant Vol au-dessus d'un nid de coucou. Nous voilà en 1947, à l'aune des premières techniques de soins des maladies mentales, pour le moins hasardeuses, où l'on tente de traiter dépressions et troubles autistiques en creusant des trous dans le lob frontal des patients, à l'aide d'un simple tournevis - quand ce n'est avec un burin et un marteau ! Ratched excelle à dépeindre ce labo de savant fou, qui mutile au nom de la science. On a des sueurs froides devant certaines séquences aussi macabres que jouissives, magistralement mises en scène dans une ambiance totalement absurde.
Il faut dire que le décor pop est très appuyé et Ryan Murphy s'amuse à reconstituer des années 40 de carte postale, où les voitures et les costumes sont hyper-colorés, où l'homosexualité est un tabou indicible, et où le patriarcat est encore prédominant. Une peinture surréaliste, qui donne beaucoup de charme à Ratched, même si la série a tendance à perdre le fil, à mesure qu'elle approche de sa conclusion.
À trop vouloir humaniser son héroïne et sa galerie de monstres, le drama glaçant et grinçant finit par perdre son mordant et au terme de ce qui semble n'être que la première saison, on peine définitivement à faire le lien avec l'infirmière de Vol au-dessus d'un nid de coucou. Ne reste alors qu'un sentiment de superfluité décevant.
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