La victoire de Dahmer aux Golden Globes énerve les familles de victimes
Abaca

Evan Peters semble encore marqué par ce rôle du serial killer pour Ryan Murphy et Ian Brennan. 

"Ce fut une série difficile à faire et à regarder, mais j'espère qu'il en ressortira quelque-chose de bon."

En recevant le Golden Globe du meilleur acteur dans une série limitée pour Dahmer – Monster : L'histoire de Jeffrey Dahmer, le true crime conçu par Ryan Murphy (American Crime Story, Hollywood, Ratched...) et Ian Brennan (Glee) pour Netflix, Evan Peters est resté de marbre. Sans sourire, sans éclat de joie, il semblait au contraire toujours marqué par le fait d'avoir incarné un assassin aussi cruel que Jeffrey Dahmer. Ce rôle a visiblement pesé sur le comédien de 35 ans, qui avait pourtant avant cela déjà interprété des êtres torturés, dans American Horror Story, par exemple. En quittant la scène, on le voit même souffler, ce qui montre bien la pression ressentie par le fait d'avoir interprété un homme aussi monstrueux, et d'avoir finalement été récompensé pour cela.

Evan Peters a beaucoup hésité avant d'accepter le rôle de Dahmer

Dahmer a fait un carton sur Netflix, et tous ses comédiens ont été salués pour leurs interprétations : Peters dans le rôle du tueur, donc, mais aussi Richard Denkins dans celle de son père Lionel ou Niecy Nash dans le rôle de sa voisine, Glenda Cleveland. Depuis sa diffusion, la série a reçu globalement des avis positifs, mais elle n'échappe cependant pas aux critiques négatives, notamment de la part des familles des victimes. Elle est formellement bien construite, faisant un portrait très sombre du serial killer, qui va crescendo dans la violence, tout en proposant des réflexions sur le racisme et l'homophobie ambiants aux Etats-Unis au tournant des années 1980/1990, qui lui ont permis de sévir aussi longtemps. Les dérives de la police sont aussi clairement dénoncées, et la parole est donnée aux familles des jeunes hommes tués par Dahmer, un épisode se concentrant par exemple sur sa victime Tony Hughes, et un autre sur le procès retentissant qui a conduit à la condamnation à perpétué de Dahmer. Cependant, la série a été conçue sans le consentement de ces mêmes familles, qui n'ont pas été consultées, et encore moins rémunérées par la production, et qui disent revivre ce cauchemar depuis sa diffusion.

Ces critiques, nombreuses, ont été portées dès le lancement de la série, et cette semaine, le Golden Globe reçu par Evan Peters a de nouveau entraîné la colère de Shirley Hughes, la maman de Tony qui s'est insurgée auprès de TMZ : "Il y a des tas de gens malades dans ce monde. Et le fait que des personnes puissent gagner des prix pour avoir joué des tueurs, cela renforce leurs obsessions, cela les pousse à chercher à être célèbres." Elle ajoute que selon elle, Peters aurait dû rendre hommage aux victimes, plutôt que de remercier Netflix, les créateurs de la série et ses collègues comédiens. Ou qu'il aurait pu profiter d'être sur scène pour dire clairement au tout-Hollywood qu'il "faudrait arrêter de glorifier les serial killers en portant leurs vies, et leurs crimes, à l'écran." "C'est vraiment la honte que ces gens puissent utiliser cette tragédie, notre tragédie, pour en tirer de l'argent, conclut-elle. Les victimes n'ont jamais touché un centime. Et on traverse toutes ces émotions quotidiennement."

Dahmer, sur Netflix : ce qui est vrai, et ce qui a été inventé pour la série