Steve Carell, des poupées, de la performance capture, la Seconde Guerre Mondiale… mais pas de spoilers.
La nouvelle bande-annonce de Bienvenue à Marwen vient de tomber et elle confirme l’impression faite par le premier montage : mi-live, mi-animé en performance capture, le nouveau film de Robert Zemeckis devrait être très original. Il relate l'histoire vraie de Mark Hogancamp (Steve Carell à l’écran), victime d'une amnésie totale après avoir été sauvagement agressé, et qui, en guise de thérapie, se lance dans la construction de la réplique d'un village belge durant la Seconde Guerre mondiale, mettant en scène les figurines des habitants en les identifiant à ses proches, ses agresseurs ou lui-même. Le cinéaste a accepté de nous donner quelques détails sur le projet.
Une histoire inspirante
La vie de Mark Hogancamp a déjà été racontée dans le documentaire Marwencol, de Jeff Malmberg, en 2010. Un film qui a énormément intrigué Robert Zemeckis lors de sa première diffusion.
"J’ai découvert l’histoire de Mark il y a 8 ans. Le documentaire était diffusé à la télévision publique américaine et j’ai pris ça en cours, j’avais raté le début. J’étais impressionné par ce que je découvrais, je voyais déjà ce que ça pouvait donner au cinéma, alors j’ai appelé le studio dès le lendemain matin pour leur pitcher mes idées.
Je suis toujours attiré par des histoires et des idées originales qui m’amènent à penser que la meilleure manière de les raconter sera grâce à des images mouvantes. Pas au théâtre, par écrit ou via un autre médium, mais uniquement au cinéma. En découvrant la vie de Mark Hogancamp, j’ai directement visualisé son adaptation en film : c’était une histoire exceptionnelle, et qui allait évidemment demander beaucoup d’effets spéciaux.
J’ai écrit The Walk, Retour vers le futur, Le Pôle Express et Bienvenue à Marwen. Parfois, je suis scénariste de mes films, parfois je mets seulement en scène. Je n’ai pas de plan, à ce niveau-là, ça se décide en fonction des projets. Je me considère comme un raconteur d’histoire. Et un réalisateur, évidemment, mais l’aspect ‘storyteller’ est le plus important. Quand je mets en scène, j’écris aussi, d’une certaine façon… mais avec des images."
Un casting 5 étoiles
Steve Carell ressemble beaucoup à son modèle, Mark Hogancamp, et Robert Zemeckis confirme qu’il a immédiatement eu le comédien en tête en préparant Bienvenue à Marwen.
"Steve Carell était mon premier choix. Ce n'est pas qu'une question de ressemblance physique, je pensais à lui car je savais qu’il saurait montrer les cassures de ce personnage, sa souffrance émotionnelle. Qu’il parviendrait à nous inviter 'dans son monde', ce qui est au cœur du projet. Comme Tom Hanks, il a aussi un côté 'Monsieur-tout-le-monde' qui collait bien à cet homme.
Nous l’avons entouré d’un casting international de femmes fortes : Leslie Mann, Jannelle Monae, Diane Kruger, Eiza Gonzalez, Gwendoline Christie… Dans son monde des poupées, il les voit comme ses protectrices. Elles le soutiennent, tiennent tête à ses ennemis. Cela fait partie de son fantasme, mais elles s’inspirent des femmes qu’il connaît dans la vraie vie. Il exagère certains traits de leurs caractères, mais elles sont réellement fortes. Notre but, c’était de montrer que l’art peut guérir, et sa guérison à lui passe par ces poupées, notamment celles de ces femmes qui le portent et sont capables de l’aider. C’est comme ça qu’il les voit."
De Little Miss Sunshine à Last Flag Flying, Steve Carell est dramatiquement drôleLe choix de la performance capture
Pour animer les figurines, le réalisateur a utilisé la performance capture, technique dont il était l’un des pionniers dès le début des années 2000 (Le Pôle Express, La Légende de Beowulf, Le Drôle de Noël de Scrooge…).
"Un tel projet, c’est toute une organisation. On doit travailler sur plusieurs choses en parallèle. En ce moment, on est en plein montage. A la fin de la semaine, on commence à enregistrer la musique, et pendant ce temps-là, on peaufine les effets spéciaux. Il y en a beaucoup sur ce projet, ça demande un gros travail aux équipes techniques. Grâce à la performance capture, on peut animer les poupées de Mark en utilisant les mêmes acteurs que pour le monde réel. Ils peuvent donc jouer et transmettre des émotions, puis on crée son monde imaginaire à partir de cela. C’est très pratique, car la technologie permet de d’offrir un rendu incroyable tout en plaçant l’acteur au cœur de cette création, mais c’est très long à concevoir. D'ailleurs, le plus gros challenge technique sur ce film, c'est que les VFX parviennent à faire passer des émotions.
Tout cela demande de travailler étroitement avec l’équipe. Dès que je peux, je m’entoure d’artistes que je connais bien. Pour Marwen, je retrouve des gens avec qui je travaille depuis longtemps : il y a bien sûr Alan Silvestri qui compose la bande originale (c’est le collaborateur le plus fidèle de Robert Zemeckis, qui a notamment imaginé les musiques de Retour vers le futur, Forrest Gump, Seul au monde, Flight…, ndlr), mais aussi Jeremiah O’Driscoll au montage (La Mort vous va si bien, Forrest Gump, Contact…) et Jack Rapke (Seul au monde, Flight, Alliés…) à la production. Ca facilite les choses, on gagne du temps. A force de nous côtoyer, on se comprend bien, et c’est merveilleux de tourner un film ensemble. Ce sont des gens très talentueux, et en se retrouvant sur un projet, on sait qu’on aura le même objectif : faire le long métrage le plus réussi possible. On se lance le défi de donner le meilleur de nous-même et au final, le film y gagne forcément."
Une promotion sans spoiler
"Vous craignez que les bandes-annonces en dévoilent beaucoup ? Rassurez-vous, il y a beaucoup de scènes du film qui ne sont pas teasées dans la promo. On essaye de ne pas spoiler. En plus, là, le concept est assez original pour ne pas avoir besoin de tout montrer. Je suis dans ce business depuis longtemps et c’est vrai que depuis quelque temps, le public a peu de chance de découvrir un film sans rien savoir dessus. Il y a beaucoup de gens qui veulent en voir plus, toujours plus, avant de découvrir le long métrage sur grand écran. C’est un mystère pour moi… Personnellement, j’aime être surpris. C’est vrai que c’est devenu un phénomène, et ça bouleverse l’expérience du cinéma."
Et ensuite ?
"Avec Jack (Rapke), on est en train d’écrire l’adaptation de Sacrées sorcières que je dois filmer pour le cinéma, mais on n’a pas encore de dates précises pour ce projet. Et il reste beaucoup de choses à finir sur Marwen avant sa sortie…"
Le réalisateur nous a aussi parlé de deux séries dont il est le producteur exécutif. Tous les détails sont à lire ici :
Robert Zemeckis : "Si les gens comparent Manifest et Lost, ça me va. C’était une très bonne série !"Bienvenue à Marwen est attendu le 9 janvier 2019 dans les salles françaises.
Steve Carell et ses poupées se battent contre des nazis pour Robert Zemeckis
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