Ca pourrait bien changer avec Sam Mendes (six Oscars au compteur), mais soyons sérieux deux minutes : les réalisateurs des James Bond n’ont jamais été de grands auteurs. Au mieux, de solides faiseurs capable du meilleur (Martin Campbell ou Terence Young) au pire, des réalisateurs de seconde équipe promus sur la durée (John Glen). On a souvent dit que Cubby Broccoli (le producteur de la saga) redoutait le bras de fer avec une diva (il avait suffisamment à faire avec ses leading men) et qu’un réalisateur-star aurait compliqué une machinerie déjà infernale. Pourtant en 50 ans d’existence, le Commander a faillli être mis en scène par Howard Hawks et Fellini (qui n’ont finalement pas eu les droits), Hitchcock (qui a refusé), Tarantino ou Chris Nolan (qui se disent toujours près). Mais celui qui était le plus excité à l’idée de réaliser une aventure de 007, n’est autre que Steven Spielberg. Qui a essuyé 3 refus.
Spielberg raconte : “La première fois que j’ai rencontré Broccoli, c’était avant Les Dents de la mer. Je voulais absolument réaliser un épisode de la série. Mais Cubby m’a dit d’entrée : “tu n’as pas encore assez d’expérience”. Après le succès des Dents de la mer, je l’ai appelé pour lui dire que cette fois j’étais prêt. Sa réponse fut instantanée : “non, toujours pas”. Et puis juste après la sortie de Rencontres du Troisième type, c’est lui qui m’appelle au téléphone. Pour me dire : “j’aimerais avoir le droit d’utiliser les 5 notes du thème de Rencontre pour Moonraker...”” Je lui ai immédiatement donné ma permission. Je lui ai alors demandé s'il avait changé d'avis et me laisserait réaliser un Bond un jour. Il m'a répondu: "Je vais y réfléchir", et je n'ai plus entendu parler de lui
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Comme il le raconte à Laurent Bouzereau (dans le livre James Bond, l'art d'une légende: du storyboard au grand écran) : “C'est moi qui l'ai appelé pour lui demander si je pouvais utiliser le thème de James Bond dans un film que je produisais. Nous avions un personnage nommé Data qui, comme Q, créait toutes sortes de gadgets. Le réalisateur du film, Richard Donner, voulait que le thème de James Bond sorte d'un énorme transistor que Data portait autour du cou. Quand j'ai contacté Cubby pour lui demander la permission, il m'a immédiatement répondu par la négative. "Voyons, Cubby, vous m'avez appelé il y a quelques années pour reprendre les cinq notes Rencontres du troisième type et je vous ai dit oui." Il m'a alors fait la réponse suivante: "C'est vrai, mais le thème de James Bond a plus de cinq notes ! Lesquelles voulez-vous utiliser ?" J'ai soudain compris qu'il blaguait et il m'a permis de reprendre le thème de James Bond dans Les Goonies". Ce qui donne ça :
S'il n'a pas réalisé de James Bond, il aura au moins dirigé Sean Connery (dans Indiana Jones et la dernière croisade). Et, ironie de l’histoire, Spielberg aurait récemment déclaré que si on lui proposait aujourd’hui de réaliser un Bond, il serait désormais beaucoup trop cher pour Eon.
Commentaires