Les stations fantômes du métro parisien
Arsenal
Yo Kaminagai : "Le terme de station fantôme nourrit la curiosité des gens mais en réalité il recouvre plusieurs catégories de stations. Il y a d'abord les 4 stations qui ont été fermées et qui n'ont jamais rouvert pour cause de trop grande proximité avec leur voisine. Aujourd'hui on fait des études de rentabilité et leur réouverture ne serait pas justifiée. D'autres ont arrêtées d'être exploitées à cause des évolutions techniques, comme les stations terminus de la ligne 1 à Porte Maillot. Enfin, il y a les vraies stations fantômes qui n'ont jamais servi : Haxo et Porte Molitor. Ces deux stations permettent de comprendre comment se passait la construction du métro avant la seconde guerre mondiale." Voir aussi : - RATP, 60 ans d'histoire en photos - Paris inondé en 1910
Champ de mars
Champ de mars : station abandonnée en 1939, située sur la ligne 8 entre les stations la Motte-Picquet - Grenelle et École Militaire. Yo Kaminagai : "Un grand nombre de stations ont été fermées en 1939 en raison de la seconde guerre mondiale. Les horaires limités des stations Rennes et Liège, qui ont été récemment alignés sur le reste du réseau (respectivement en 2004 et 2006), étaient un vestige de cette époque. La dernière station à avoir rouvert est Cluny, en 1988, pour la liaison avec la gare RER St-Michel - Notre-Dame. Pour l'occasion elle a été rebaptisée Cluny - La Sorbonne."Voir aussi : - RATP, 60 ans d'histoire en photos - Paris inondé en 1910
Haxo (1/2)
Haxo : station jamais ouverte public, située entre les stations Porte des Lilas (lignes 3 bis et 11) et Pré Saint-Gervais (ligne 7 bis) sur un projet de raccordement abandonné.Yo Kaminagai : "Encore aujourd'hui, ces lignes sont peu fréquentées. Ce projet a été abandonné parce que le trafic était déjà faible dans les années 20 et 30, et le raccordement économiquement peu justifié, même si à l'époque la 3 bis actuelle était en fait l'extrémité est de la 3 qui allait à Porte des Lilas où se trouvait une importante gare routière de bus de banlieue. En prime, la 7bis est très lente avec des tunnels à voie unique tortueux où on roule à 20 km/h, donc la CMP (Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris, ancêtre de la RATP) a refusé de construire les accès à la station Haxo qui avait été réalisée par la ville de Paris."Voir aussi : - RATP, 60 ans d'histoire en photos - Paris inondé en 1910
Haxo (2/2)
Yo Kaminagai : "Il y a eu des rumeurs sur la réouverture de ce raccordement entre la 3 bis et la 7 bis : une 15ème ligne dans Paris, ça peut faire rêver. J'ai effectivement vu une question non officielle de la mairie de Paris qui a demandé à la RATP une étude sur le sujet, qui a révélé des problèmes trop nombreux avec des frais monstrueux pour rendre cette ligne viable. Notamment la mise en place de vrais terminus que les stations Gambetta et Louis Blanc n'ont pas les capacités d'accueillir."Jusqu'à il y a deux ans, on a pu visiter la station Haxo grâce à l'association Ademas qui faisait circuler notre rame historique, la Sprague Thomson (qui roulera d'ailleurs sur la ligne 12 à l'occasion des Journées du Patrimoine), certains samedis soir par mois de minuit à 5h du matin, avec un itinéraire qui changeait mais passait parfois par des stations fantômes comme Haxo. Des questions liées à la sécurité nous ont contraints à interrompre cette initiative mais j'espère qu'on va résoudre le problème." Voir aussi : - RATP, 60 ans d'histoire en photos - Paris inondé en 1910
Croix-Rouge (1/2)
Croix-Rouge : station abandonnée en 1939, située sur la ligne 10 entre Sèvres-Babylone et Mabillon.Yo Kaminagai : "C'était le premier terminus de la ligne 10, qui n'allait pas vers Porte d'Auteuil mais tournait à Duroc vers Invalides. Depuis son abandon, Croix-Rouge a accueilli trois évènements. Dans les années 80, il y a eu un projet de plage. On avait dessiné du sable, des paysages sur les 4x3, posé des transats sur les quais. Je venais de rentrer à la RATP et ce projet m'avait pour le moins surpris.En 2002, lors de la première Nuit Blanche, on a mis en place un projet de Fabrice Hyber, un artiste contemporain français qui conçoit des POF (prototypes d'objets en fonctionnement). Il avait rassemblé deux Trabant par la ceinture, ce qui donnait une voiture à deux têtes qu'on avait posée sur le quai. Mais ça ne marchait pas du tout, le métro passe trop vite pour que les voyageurs remarquent une animation de 5-6 mètres de long seulement."Voir aussi : - RATP, 60 ans d'histoire en photos - Paris inondé en 1910
Croix-Rouge (2/2)
Yo Kaminagai : "En 2007, Laurent Ungerer, un designer graphique de talent, a conçu pour la BNF une présentation hors les murs de l'exposition "Eros, l'enfer des bibliothèques", dont le logo était une grande "croix rose" composée de fenêtres mises en lumière, qu'on a reproduit dans la station. Le nom de la station "Croix Rouge" avait été nettoyé et mis en lumière par des projecteurs, c'était très beau. La communication sur le projet avait été limitée, par crainte de réactions après des lettres de protestation arrivées avant le lancement, nous accusant de promouvoir la pornographie peu après l'histoire de la fille du RER D . Mais dans la réalité absolument rien de choquant n'était visible et les peurs étaient nées dans les têtes." Voir aussi : - RATP, 60 ans d'histoire en photos - Paris inondé en 1910
Saint-Martin (1/2)
Saint-Martin : station abandonnée en 1939, située sur les lignes 8 et 9 entre Strasbourg Saint-Denis et République.Yo Kaminagai : "Saint-Martin est une station très compliquée, traversée par deux lignes, la 8 et la 9, qui sont situées dans un terrain assez destructuré. Quand cet ouvrage a été construit dans les années 30 on a posé une paroi verticale sur les stations entre République et Richelieu-Drouot, ce sont donc des stations à voie unique. Un des quais de Saint Martin a reçu à une époque des lits pour SDF, mais dès que la RATP a recruté le Docteur Patrick Henry, en charge de la lutte contre la grande exclusion, il a demandé l'interruption immédiate d'une telle initiative. Parce qu'en vivant sous terre, un être humain perd ses repères et ses cycles, et accélère une chute terrible vers la mort sociale. La RATP a construit à la place un Espace Solidarité Insertion, de l'Armée du Salut, dans les vastes accès de cette station."Voir aussi : - RATP, 60 ans d'histoire en photos - Paris inondé en 1910
Saint-Martin (2/2)
Yo Kaminagai : "Le quai de la ligne 9 de Saint-Martin va être confié à Laurent Ungerer et à l'ENSAD dans le cadre de la prochaine Nuit Blanche, pour y accueillir une scénographie appelée Métroscope, animée et jouée par les étudiants des arts déco. Pourquoi la 9 ? Parce qu'elle reliera des zones de cette manifestation entre Trocadéro à l'ouest et Belleville (par Oberkampf) à l'est. La RATP offre le fonctionnement de la 9 et la Ville de Paris nous finance celle de la ligne 14 qui continue à desservir toute la nuit le centre de Paris comme chaque année." Voir aussi : - RATP, 60 ans d'histoire en photos - Paris inondé en 1910
Porte des Lilas - Cinéma
Porte des Lilas - Cinéma : Partie de la station Porte des Lilas désaffectée depuis la fermeture au public de la voie navette qui reliait la ligne 7 bis. Yo Kaminagai : "La station Porte des Lilas est à part. Voilà une station qui n'est pas sur la ligne 3 bis, mais sur le fameux raccordement qui passait par la station Haxo pour rejoindre la 7 bis. Une Navette y a été exploitée, mais avec seulement quelques centaines de personnes par jour elle a été rapidement abandonnée. Aujourd'hui, la station sert de studio de cinéma. La station Abbesses dans le film Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, c'est elle. Tout comme Châtelet-Les Halles dans le clip de Florent Pagny. C'est la seule station qui se transforme facilement en lieu de tournage, car dans des lieux en exploitation où des rames circulent cela peut être dangereux." Voir aussi : - RATP, 60 ans d'histoire en photos - Paris inondé en 1910
Les stations de métro fantômes sont un sujet de curiosité pour bon nombre de franciliens, qui ne se doutent pas qu'ils en traversent peut-être une une tous les jours. Pour certains férus de transports souterrains, ça peut même tourner à l'obsession. Quelles est l'histoire de ces stations ? Pourquoi ont-elles été abandonnées ? Où se trouvent-elles ? A l'occasion des Journées du Patrimoine, Yo Kaminagai, responsable de l'unité Design & Projets Culturels de la RATP, commente pour Fluctuat une série de photos de ces stations mystérieuses qui reprennent parfois vie pour un évènement culturel, promotionnel ou un tournage de film.
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