D'abord journaliste et critique cinématographique, Matarazzo entre à la Cines en 1931. Assistant réalisateur, scénariste, auteur de deux courts métrages de propagande, il fait ses débuts dans la mise en scène en 1933 avec Treno popolare, un film unanimiste dans lequel la description d'une journée de loisir a une fraîcheur et une spontanéité rares. Dans les années 30, Matarazzo se spécialise dans des comédies où son sens de l'observation fait merveille. En 1942 et 1943, il signe deux chefs-d'uvre du genre, Giorno di nozze et Il birichino di papà. Émigré en Espagne pour fuir la guerre (il tourne deux films dans ce pays), il rentre en Italie en 1946. Un peu désorienté et ne pouvant faire aboutir des projets personnels, il réalise en 1950 le Mensonge d'une mère (Catene), mélodrame interprété par Amedeo Nazzari et Yvonne Sanson dont le succès est tel qu'il condamne son auteur à poursuivre dans le genre : le Fils de personne (I figli di nessuno, 1951) ; Bannie du foyer (Tormento, id.) ; Qui est sans péché ? (Chi è senza peccato ?, 1953) ; le Navire des filles perdues (La nave delle donne maledette, 1954) ; Larmes d'amour (Torna !, id.) ; Vortice (id.) ; la Femme aux deux visages (L'angelo bianco, 1955) ; L'intrusa (id.) ; Guai ai vinti ! (1956) ; la Fille de la rizière (La risaia, id.). Auteur de près de quarante films, Matarazzo est un cinéaste un peu sous-estimé : on a vu en lui un spécialiste de genres commerciaux dont les films vaudraient surtout comme documents sociologiques. En fait, Matarazzo est un grand cinéaste populaire : ses films témoignent d'un sens profond du désespoir, de la passion amoureuse, du destin.