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The Sweatbox n’est pas un making of comme les autres. D’abord parce qu’il n’est jamais sorti officiellement (à part une projection en festival) et qu’il apparaît sur Youtube de manière totalement officieuse. Ensuite parce qu’il chronique l’une des plus grosses faillites artistiques du studio Disney : Kuzco.En 97, suite au carton mondial du Roi Lion et du score d’Elton John, Disney demande à Sting de composer la musique d’une comédie musicale animée intitulée Kingdom of the sun. Le film devait être réalisé par Roger Allers (réalisateur du Roi Lion), mais rapidement, la production se transforme en cauchemar. Les test screenings catastrophiques, la démission d’Allers, son remplacement par Mark Dindal et la faillite artistique conduit quelques années plus tard à la sortie d’un des plus mauvais dessin animé jamais imaginé par le studio. Et l’une des premières étapes de son irrésistible déclin.  Kuzco, en plus d’être un échec artistique fut aussi un joli flop. Après Tarzan (400 millions de dollars monde) et Mulan (près de 300 millions), Kuzco allait engranger 169 petits millions de dollars dans le monde. Et montrer les signes d’une faillite économique et artistique irréversible. Au fond, le film mettait en lumière la fin de règne pathétique de Michael Eisner.   Entre incompétence bureaucratique et faillite artistique, entre la déception de Sting et la souffrance des animateurs (du jamais vu dans un doc), c’est bien ça que chronique The Sweatbox, fissurant un peu plus la belle histoire Disney.Avec ses interviews exclusives de toute la production (des réalisateurs aux animateurs en passant par Sting), le film s’inscrit du coup dans cette série de doc et de livres qui reviennent sur les amères années de la présidence Eisner, années fondatrices de l’empire Mickey (1984-2004). Il y a eu Waking Sleeping Beauty, documentaire de Don Hahn qui chroniquait la période 1984-94 à base de home movies inédits et montrait comment Disney était passé de la proche banqueroute à la suprématie artistique (les Oscars du Roi Lion) au prix d’un cout humain monstrueux. Il y a eu la sortie du livre de James Stewart Le Royaume Enchanté chronique des moeurs hollywoodiennes, doublée d’un portrait de cour effrayant où tout n’est que mensonges et trahisons (Eisner despote délirant qui sombre dans la paranaoia et provoque les conflits entre ses lieutenants dont Jeffrey Katzenberg). The Sweatbox apparaît comme une nouvelle étape dans le règlement de compte interne et la liquidation d’une histoire qui a du mal à passer.