Plus qu'un joueur de football, Diego Maradona est un dieu. Mais un dieu humain. Idole de l'Argentine qui toute sa vie le chérira, il reste le sportif le plus populaire de tous les temps, grâce aux moments d'anthologie qu'il a offert au football et à la chute dramatique de sa carrière. De Boca à Naples en passant par Barcelone, de son enfance modeste aux fastes de la vie napolitaine, de la gloire à la déchéance, "el Pibe de Oro" a toujours souhaité que les regards se tournent vers lui. Avec succès.Naissance d'une idoleDiego Armando Maradona est né le 30 octobre 160 à Villa Fiorito. Villa Fiorito, un bidonville à une heure de bus de Buenos Aires et place forte du trafic de drogue. C'est là que Dieguito passe son enfance. Issu d'une famille de 9 frères et soeurs et peu intéressé par l'école, le petit Diego joue dès qu'il le peut au football, sur les terrains vagues de Fiorito. A 9 ans, il intègre la catégorie des jeunes du club Argentinos Juniors, appelée les Cebollitas. Dès ses 11 ans, il a droit à un article dans le journal argentin Clarin. A 12 ans, la télé s'intéresse à ce petit garçon qui jongle balle au pied avec une décontraction incroyable. L'Argentine découvre son joyau.Et son club d'Argentina Juniors n'hésite pas à l'intégrer dans sa section professionnelle. Les supporters du club le connaissent déjà. Maradona faisait le show avec le ballon lors des mi-temps des matches. Le 10 octobre 1976, Pelusa (son surnom d'alors) fait son entrée sur le terrain face à Talleres de Cordoba. Il a 15 ans. Et sur sa première action, pour son premier match en pro, il se permet de faire un petit pont à un défenseur adverse. Un culot énorme, illustration parfaite du caractère de Maradona, imprévisible et provocateur. En 1977, à 16 ans, Diego est appelé en sélection argentine. Le rêve du petit meneur de jeu est de participer à la Coupe du Monde 1978, qui a lieu en Argentine. Ecarté au dernier moment de ce Mundial 78, Dieguito se rattrape l'année suivante en remportant le championnat du monde juniors au Japon.Diego en ArgentineC'est avec cette compétition que le génie gaucher se dévoile à la face du monde entier. Elu ballon d'or de la compétition, buteur lors de la finale face à l'URSS, capitaine et numéro 10 de son équipe, Pelusa gagne alors le surnom de "Pibe de Oro" (gamin en or). La naissance médiatique de Maradona prend fin. Il devient une idole pour tout son pays, signe des contrats publicitaires à la pelle, en pleine dictature militaire. Il fait le bonheur d'Argentinos Juniors jusqu'en 1981. Il dispute au total 166 matches et marque 116 buts. Sa technique fait l'admiration de tous. Ce qui fait de Maradona un joueur unique est sa formidable habileté à dribbler.Il rejoint pour la saison 1981-1982 le club mythique de Boca Juniors. Club symbole des défavorisés de Buenos Aires, Diego y renforce son image de joueur proche du peuple. Il remporte le championnat argentin et inscrit 28 buts en 42 rencontres. L'été 1982 est l'occasion pour Maradona de rattraper le temps perdu en 1978 et d'enfin porter les couleurs nationales à l'occasion du Mundial espagnol. La compétition se joue alors avec deux phases de poule. L'Argentine ne passe pas la deuxième, éliminé par deux défaites face à l'Italie et le Brésil. Le succès de l'Argentine de Diego en Coupe du Monde attendra un peu.La fin de l'innocenceEn août 1982, le Pibe de Oro est recruté par le FC Barcelone, pour un montant de 7,3 millions de dollar, record à l'époque. Il y reste jusqu'en avril 1984 et y gagne seulement une coupe d'Espagne en 1983. Son séjour dans la capitale catalane est marqué par plusieurs faits marquants. Dans sa biographie intitulée Je suis Diego, Maradona avoue avoir commencé à prendre de la cocaïne à Barcelone. C'est le début de sa période sex, drugs and football. Entouré de son clan, Maradona organise des fiestas pour échapper à une ambiance catalane qu'il n'apprécie guère. Le pibe va connaître en Espagne les affres de la blessure. Dès son arrivée en Espagne et ses premiers matches, il découvre la dureté des défenseurs espagnols.. Il croit même sa carrière fichue, suite à un tacle honteux du basque Goikotxea. 14 semaines après, il rejoue. Dernier fait marquant de son passage à Barcelone, sa participation à la bagarre générale durant le match face à Bilbao. Maradona se bat comme un petit gars de la rue, ce qui renforce sa notoriété auprès des classes populaires. En 58 matches avec les Blaugrana, El Diez (le dix) inscrit la bagatelle de 38 buts. Et est transféré à Naples.Il restera au Napoli 7 ans. Ce club, alors beaucoup moins prestigieux, Maradona va en faire l'un des meilleurs d'Italie et d'Europe. Et devenir l'icône du peuple napolitain. Encore une fois, Diego est l'égérie de la bataille entre classe populaire et riche, entre sud et nord de l'Italie. Sous les couleurs bleu ciel et blanche du Napoli, l'Argentin va conquérir par deux fois le championnat transalpin en 1987 et 1990 et surtout la coupe de l'UEFA en 1989. Les statistiques sont flatteuses : 259 matches, 115 buts. La vie de Maradona à Naples se poursuit dans la veine de son séjour barcelonais, les contacts avec la mafia en plus. L'impact médiatique du Pibe est énorme.La main de Dieu et le but du siècleLe plus grand fait d'armes de la carrière de Maradona reste sa victoire avec l'Argentine à la Coupe du Monde 1986 au Mexique. C'est à cette occasion que le meneur de jeu va entrer dans la légende du football. Et pas uniquement pour la victoire finale (3-2 face à la RFA). Mais pour un quart de finale mythique face à l'Angleterre durant lequel le génie argentin va inscrire les deux buts les plus contradictoires de l'histoire du jeu. Le premier de la main, « la main de Dieu » selon Maradona, où la ruse du petit gamin de la rue fait merveille. Sur le deuxième, appelé aussi but du siècle, le fantasque numéro 10 part de sa moitié de terrain et élimine la défense adverse puis le gardien. Au-delà de l'aspect purement sportif, cette victoire 2 à 1 face à l'Angleterre garde une saveur particulière, en raison des tensions entre ces deux pays suite à la Guerre des Malouines 4 ans plus tôt. Maradona est au faîte de sa gloire.Le technicien, après avoir glané un second scudetto avec Naples, participe à la Coupe du Monde italienne de 1990. Après avoir éliminé le pays hôte en demi-finale, en causant d'ailleurs un véritable dilemme pour les Napolitains qui ne savent qui encourager, il échoue avec la sélection argentine en finale, face à la RFA (0-1). Quelques mois plus tard, il annonce la fin de sa carrière internationale. Cette Coupe du Monde 1990 annonce aussi la fin de la gloire pour l'Argentin. De retour à Naples pour participer au championnat 1990/1991, Maradona est contrôlé positif à la cocaïne le 17 mars 1991 suite à un match contre Bari. Début de la descente aux enfers de la star.La déchéance du génie MaradonaIl échappe à la justice italienne en prenant la fuite, direction l'Argentine. Puis essaie de se relancer dans plusieurs clubs (Séville, Newell's Old Boy) sans succès. Maradona n'est plus que l'ombre du joueur qu'il était. Sélectionné malgré tout pour le Mondial 94 aux Etats-Unis, il joue deux matchs, y inscrit son dernier but en équipe nationale, d'une somptueuse frappe en pleine lucarne contre la Grèce. Et quitte la compétition par la petite porte, contrôlé positif à l'éphédrine. Malgré de nouvelles tentatives de retour au premier plan (il s'entraîne notamment chez Ben Johnson, le sprinter canadien coupable de dopage aux JO de Séoul 1988), Maradona raccroche les crampons en 1997, à l'âge de 37 ans.Plusieurs fois, on va croire à la mort du héros argentin. A deux reprises, le coeur de Diego s'arrête, à chaque fois pour la même raison : la cocaïne. Ses multiples cures de désintoxication à Cuba, chez son ami Fidel Castro, semblent sans effet. En Argentine, on est suspendu à l'annonce de la mort du Pibe.Les convictions de MaradonaVéritable héros populaire, Maradona est l'anti-Pelé. Il se place du côté du contre-pouvoir, préférant la rébellion à la soumission, faisant preuve d'un anti-américanisme primaire tout en vantant les mérites des multinationales nord-américaines (McDo, Coca, Pepsi). Sans discours structuré, Maradona suit ses impressions, le Che tatoué sur son épaule droite. Il participe à la manifestation contre le sommet des Amériques à Mar Del Plata, s'affiche avec Fidel Castro et les démocrates de gauche sud-américains (Chavez, Morales). Maradona représente un capital électoral conséquent en Argentine. Lors des dernières élections présidentielles, Diego a soutenu publiquement Cristina Kirchner, la future gagnante.Mythe vivant de l'Argentine, Maradona est sanctifié par ses supporters les plus fous, qui ont fondé l'Iglesia Maradoniana (l'Eglise Maradonienne). Et sera immortalisé par la caméra d'Emir Kusturica pour son film intitulé Maradona. Le doute n'est plus permis, Diego Maradona est bien un Dieu.Maradonna sélectionneurCandidat perpétuel au poste de sélectionneur de l'Argentine, Diego accède finalement à la fonction le 28 octobre 2008, prenant la succession du démissionaire Alfio Basile. A la surprise générale tant l'AFA (la Fédération argentine) avait semblé jusque-là réticente à tenter ce pari un peu fou. Passée une petite polémique sur la question de l'entraîneur adjoint (Marado voulait Ruggieri, mais ce dernier est un ennemi du président de l'AFA Julio Grondona), "El Diez" remporte sa première victoire sur le banc de touche de l'Albiceleste en Ecosse (1-0), le 19 novembre 2008, sans Riquelme, Agüero et Messi. Prochain rendez-vous le 11 février 2009 au Stade Vélodrome pour la rencontre amicale France - Argentine.
Nom de naissance | Maradona |
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