Claudine Huzé, plus connue sous le nom de scène de Marie Dubois, s’est éteinte aujourd'hui. Elle était atteinte d’une sclérose en plaque depuis l’âge de 23 ans, une maladie qui avait mis un terme prématuré à sa carrière.Née en 1937 dans une famille bourgeoise, Marie Dubois était au fil des années 60 devenue une silhouette incontournable de la nouvelle vague et on avait pu voir sa blondeur et ses yeux bleus, son large sourire et sa pureté frondeuse chez François Truffaut, Godard ou Visconti. Comme beaucoup d'actrice de cinéma de l'époque, Claudine Huzé fait ses armes au Conservatoire - où elle croise la bande de Belmondo - et au théâtre avant de rejoindre les jeunes Turcs de la Nouvelle Vague. Eric Rohmer lui offre sa première apparition grand écran (dans Le signe du Lion), mais c’est Truffaut qui lui donne ses deux rôles marquants. D'abord dans Tirez sur le pianiste où la lumière blafarde de Raoul Coutard éclaire son imper gris et sa moue d'amoureuse (elle joue Lena la fiancée du pianiste) puis dans Jules et Jim.L’actrice a plusieurs fois raconté sa rencontre avec le génie des Cahiers. Lorsqu’il avait vu débarquer cette fille de comptables, François Truffaut lui aurait demandé en guise d'essai : «Insulte-moi.» Elle aurait blêmi avant de murmurer «Chameau ! ». Cette pudeur, cette incapacité à se mettre en rogne aurait séduit le cinéaste qui l’engagea donc pour Tirez sur le pianiste. Truffaut donnait ainsi sa chance à cette jeune comédienne de théâtre, mais plus que ça, il inventait une actrice, lui trouvant son nom de scène, en lui offrant ce patronyme, Marie Dubois, en hommage à l’héroïne d'un roman d'Audiberti. Marie Dubois croisera par la suite la route d’autres grands noms de la nouvelle vague. Elle joua chez Godard (Une femme est une femme), Claude Sautet (Vincent François Paul et les autres ou Garçon), Alain Resnais (Mon Oncle d’Amérique) et surtout Louis Malle (Le Voleur) qui lui permit de changer de registre. “Je n'ai jamais été aussi heureuse que lorsque Louis Malle m'a teinte en rousse, habillée avec des boas et des bijoux. Enfin je jouais une garce, une salope!” expliquait-elle à Liberation.Mais Marie Dubois sut bâtir une authentique carrière populaire en jouant chez Robert Enrico ou Gérard Oury (dans La Grande vadrouille)… Mais la maladie fut un frein et sa carrière se termina trop tot, trop vite - au début des années 80.Au moment où l'on fête Truffaut et son héritage, c'est une de ses plus fidèles amies et actrices qui quitte la scène.
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