Première
par Isabelle Danel
Critique contre : En trois longs métrages dérangeants – de Japón (2001) à Lumière silencieuse (2007) en passant par Batalla en el cielo (2004), son chef-d’oeuvre –, Carlos
Reygadas, adepte de Robert Bresson et d’Andreï Tarkovski, nous a intrigués et bousculés. Son quatrième film agace d’autant plus qu’il s’ouvre sur une première scène sublime : une toute petite fille sous l’immensité d’un ciel furieux avec, autour d’elle, des chiens, des vaches, des chevaux. Elle les appelle, ils la frôlent et on a peur pour elle mais, finalement, un orage éclate... On est donc partants pour ce nouveau voyage au coeur d’un monde entre ténèbres et lumière (en latin dans le titre) où le mal – le mâle ? –, une fois encore, est à l’oeuvre. Partants, à condition que le cinéaste mexicain ne nous ensable pas l’oeil avec des images trafiquées aux contours flous. Ou qu’il ne désamorce pas
consciencieusement la logique et l’intérêt en passant du coq à l’âne. De mêlées de rugby en partouzes (dans des chambres nommées Hegel ou Duchamp !), entre réminiscences et cauchemars, passé et présent, le problème n’est pas que l’on ne comprenne rien mais qu’il n’y ait rien à comprendre. Là où ses films précédents exploraient violemment la notion de sensation, celui-ci ne vise que le sensationnel bon teint, à coups de moments plus complaisants que surréalistes. Au rang des images chic et choc, il y a photo. On ne sait si l’on préfère le diable rouge fluo aux attributs virils apparents qui porte une boîte à outils ou bien l’homme qui parvient à arracher sa propre tête dans un geyser carmin...