20 ans après, Halle Berry revient sur le flop épique de Catwoman

“J'ai détesté qu'on me mette tout sur le dos, et je déteste qu'aujourd'hui encore ce ne soit que mon échec dans l’esprit des gens,” confie l'actrice dans l'oral story du film réalisé par Pitof pour la Warner.

Le 23 juillet dernier, le tristement célèbre Catwoman fêtait ses vingt ans. En 2004, Halle Berry, son actrice principale, et première femme noire à porter un film de l'univers DC en solo, acceptait le Razzie Award de la pire actrice avec humour et philosophie :  “Il faut savoir rire de soi, accepter de prendre des risques quitte à se ramasser”, énonçait-elle alors.

Cet anniversaire, c’est donc l’occasion pour l’actrice oscarisée de s’exprimer quant au flop légendaire du film à sa sortie, en 2004. Avec seulement 82,4 millions de dollars pour 100 millions de budget, le film de Pitof présente l’un des pires box-office du DC Universe, loin derrière les milliards amassés par Aquaman et la trilogie Dark Knight de Nolan. Catwoman s’est même fait dépasser par Green Lantern (220 millions) et Wonder Woman 1984 (169 millions), pourtant communément détestés par les fans.

Participant à l’oral stroy du film pour Entertainment Weekly en compagnie de Denise Di Novi, sa productrice, Pitof, son réalisateur, et John Brancato, son scénariste, Hally Berry se souvient qu’à l’époque, accepter ce rôle (après les performance de Michelle Pfeiffer, Julie Newmar et Eartha Kitt) relevait presque du militantisme : 

“Le premier pitch n'était pas vraiment une histoire, c'était juste l'idée de réinventer Catwoman. Le studio a joué un rôle important à cet égard ; l'idée était de ne pas faire ce qui a été fait à maintes reprises, mais d'apporter quelque chose de différent.”

“La beauté de la chose, c'est que ce n'était pas dans l'univers de Batman. Historiquement, les hommes ont toujours eu de grandes franchises qui tournent autour d'eux. C'était l'occasion d'aller de l'avant, de repousser les limites pour les femmes. Pourquoi ne pourrions-nous pas avoir notre propre film de super-héros qui tourne autour de nous et de notre univers ?”

A l’époque, au-delà de la performance de Berry, c’est aussi pour son intrigue complètement hors-sol que le film a été vivement critiqué. Souvenez-vous : graphiste réservée pour une marque de cosmétique, Patience Phillips est assassinée lorsqu’elle tente de lancer l’alerte sur les effets secondaires d'une toute nouvelle crème de rajeunissement destinée aux femmes. Ramenée à la vie par un chat, elle se lance dans une vengeance sanguinaire.

“J'ai toujours pensé que l'idée de Catwoman sauvant les femmes d'une crème pour le visage était un peu faible, se souvient Halle Berry. Tous les autres super-héros sauvent le monde ; ils ne se contentent pas de sauver les femmes de visages craquelés. J'ai toujours su qu'il s'agissait d'un problème de super-héros un peu mou, mais à cette époque de ma carrière, je n'avais pas l'agence que j'ai aujourd'hui ni la conviction que je pouvais remettre cela en question, alors je l'ai accepté.”

Sur le tournage, tout se passe bien, même si, quelques mois après avoir obtenu son Oscar de la Meilleure actrice pour A l’ombre de la haine, Halle Berry se doute bien que Catwoman ne sera pas le plus grand film de sa carrière. “Je n'ai jamais pensé que quelque chose clochait ; j'ai juste pensé qu'il ne serait peut-être pas aussi important que d'autres films parce que les enjeux de l'intrigue ne sont pas aussi élevés”, explique-t-elle.

Puis est venu le moment fatidique de la sortie du film, le 23 juillet 2004 aux Etats-Unis, et les insuffisants 16.7 millions de dollars amassés pour son premier week-end d’exploitation nationale. Une douche froide pour toute l’équipe de production. Halle Berry se souvient que l’un des sujets qui fâchaient était les altérations subies par le costume de Catwoman :

“Les fans ont été contrariés par le costume. C'était quelque chose de différent, mais dans notre esprit, pourquoi continuer à refaire Catwoman si on ne prend pas de risques et si on n'apporte pas de nouveauté ? La beauté de la chose, c'est qu'elle correspondait mieux à ma version d'elle, à mon corps, à ce que j'étais et à mes sensibilités.”

Si l’actrice a assumé ce flop phénoménal sur la scène des Razzie Awards, il n’a pas été facile à vivre pour autant. Surtout quand on sait que ce flop lui a été injustement mis sur le dos, il faut le dire.

“Je n'ai pas aimé [les réactions]. En tant que femme noire, j'ai l'habitude de porter la négativité sur mon dos, de me battre, d'être un poisson nageant seul à contre-courant. J'ai l'habitude de défier les stéréotypes et de me frayer un chemin à partir de rien. Je ne voulais pas être désinvolte, mais je suis allée chercher ce Razzie, j'ai ri de moi-même et j'ai continué à avancer.”

“J'ai détesté qu'on me mette tout sur le dos, et je déteste qu'aujourd'hui encore, ce soit mon échec, poursuit-elle. Je sais que je peux le supporter. J'ai toujours une carrière vingt ans plus tard. C'est juste une partie de mon histoire. Ce n'est pas grave, et j'ai connu d'autres échecs et d'autres réussites. Les gens ont des opinions, et parfois elles sont plus fortes que d'autres. Il faut juste continuer à avancer.”

Aujourd’hui, Halle Berry a fait la paix avec cette période de sa vie. D’ailleurs, le film connaît une seconde vie, loin des scandales médiatiques qui ont marqué sa sortie. “Les jeunes générations ne savent pas ce qui se disait à l'époque, analyse-t-elle. Elles le découvrent par elles-mêmes et en apprécient les mérites sans être incitées à penser d'une certaine manière.”

Elle est également fière qu’à notre époque, de plus en plus de films de super-héros fassent de la place aux femmes : “L'objectif était d'amener les femmes à occuper cet espace”, soutient-elle. Un héritage culturel au féminin auquel elle continue de participer, tout comme celles qui lui ont succédé dans le costume :

“J'adore découvrir les différentes versions de Catwoman, chaque femme sa version ! Comme les hommes qui jouent Batman ou Spider-Man, nous formons un groupe à part, et j'admire chaque Catwoman que je vois. J'ai adoré la version de Zoë Kravitz ; elle me fait toujours sourire. Je ne pense pas qu'il y ait de compétition. Nous avons toutes notre propre interprétation de ce personnage emblématique.”

En plus de ce voyage dans le temps, Halle Berry a soufflé les vingt bougies de Catwoman avec humour, sur Instagram, avec une série de clichés où elle pose masquée, en compagnie de deux de ses chats. “Cela fait 20 ans aujourd'hui que j'ai eu l'honneur de donner vie à ce personnage emblématique, écrit-elle en légende de la publication. Elle sera toujours près de mon cœur et je serai toujours Patience Phillips aka CATWOMAN !”