Coupable ou innocent ? L'histoire rocambolesque de Steven Avery, qui purge actuellement une peine de prison à vie pour meurtre, secoue l'Amérique depuis quelques semaines.
Plus fort encore que Faites entrer l'accusé et Non élucidé réunis, Netflix a mis en ligne, le 18 décembre dernier, la série documentaire Making a Murderer. En dix épisodes, elle revient en détail sur l'histoire improbable mais vraie de Steven Avery, un gentil gars du Wisconsin, qui a passé 18 ans en prison pour rien, avant d'être libéré, puis accusé d'un autre meurtre !
Tout commence dans les années 1980. Steven vit dans une famille rurale quelque peu marginale et assez mal vue par les notables du Comté de Manitowoc, au coeur de l'Amérique profonde. Un beau jour de 1985, sa propre cousine qui le déteste, l'accuse d’intimidation. Manque de bol, elle est aussi la femme du shérif adjoint de Manitowoc. Alors quand une autre femme du coin est retrouvée violée, c'est lui que les autorités accusent.
A la suite d'une enquête ubuesque à charge, et en dépit des preuves et des témoignages, le procureur adjoint du Wistconsin va envoyer Steven Avery derrière les barreaux pour agression sexuelle et tentative de meurtre. Le garçon (qui a déjà un petit casier) écope ainsi d'une peine de 24 ans. Seulement voilà, dix-huit ans plus tard, grâce au combat de quelques uns, il est innocenté. Les tests ADN réalisés prouvent qu'il n'est pas l'auteur du viol et en 2003, Steven Avery est blanchi et libéré de prison.
Dans la foulée, il porte logiquement plainte contre la justice américaine. Il intente un procès fédéral et réclame 36 millions de dollars de dommages et intérêts au comté de Manitowoc, à son ancien shérif et son ancien procureur adjoint. Mais toute l'administration est mouillée, d'une manière ou d'une autre, et les assurances refusent de payer le moindre dollar. Jusqu'à ce jour de 2005 où Steven Avery est de nouveau arrêté.
Teresa Halbach, une photographe de Manitowoc est retrouvée morte, sauvagement assassinée. Elle a été vue pour la dernière fois dans la propriété de la famille Avery. Et dans la voiture de Steven, des traces de son sang sont retrouvées. Le garçon est à nouveau accusé de meurtre et cette fois, il est condamné à perpétuité. Mais des zones d'ombre persistent encore dans cette seconde enquête. Et Making a Murderer met le feu aux poudres.
Le documentaire, réalisé par Laura Ricciardi et Moira Demos, pointe du doigt de nouveaux dysfonctionnements. Steven Avery est-il victime d'une seconde erreur judiciaire ? Y a-t-il eu un acharnement contre lui ? Ou est-il finalement devenu le monstre que les autorités voulaient qu'il soit en 1985 ? La docu-série ne donne pas de réponse tranchée, évidemment, mais après 11 heures de questions et de doutes, on ressort, a minima, perplexe.
Il n'en fallait pas plus pour enflammer les citoyens de l'Oncle Sam. Depuis quelques jours, fleurissent sur la toile des dizaines de blogs, qui font part de leurs propres théories et qui désignent d'autres coupables potentiels. Les médias n'ont pas tardé à réagir et l'affaire refait à nouveau la Une des actualités locales.
Plus fort encore : 250.000 personnes ont signé une grande pétition en ligne, sur Change.org, pour réclamer la libération de Steven Avery. Le site Web de la Maison Blanche est aussi pris d'assaut : 20.000 signataires appellent le Président Obama à gracier Avery (si cette pétition officielle atteint 100.000 signatures, la Maison Blanche sera tenue de délivrer une réponse officielle).
Alors est-il innocent ? Le mieux, c'est encore de vous faire votre propre opinion, en regardant Making a Murderer, ce documentaire passionnant et très bien conçu, sur Netflix.
Commentaires